Société
Achoura : «Zemzem» en temps de crise de l’eau
07/08/2022 - 14:59
Morad Karakhi | Sami Nouaim
Dans l’imaginaire populaire marocain, Achoura rime avec célébrations carnavalesques. Ceux-ci incarnent le symbolisme de la dualité fondée sur la mort ou le feu (feu d’artifices, pétards…) et la résurrection soit l’eau ou «Zemzem». Ainsi, après la 10e nuit du mois de Muharram, où les jeunes des quartiers s’amusent avec toutes sortes d'artifices pyrotechniques, vient le jour de «Zemzem».
Au matin, les jeunes changent le feu par l’eau. Ils commencent donc à s’asperger d’eau avant de se diriger vers les voisins puis certains des passants des rues marocaines. C’est donc normal d’observer lors de ce jour des poursuites entre hommes et femmes. C’est ce que les marocains appellent communément «Zemzem».
Concernant l’origine de cette coutume, certains font allusion aux rituels des marocains de confession juive dont ces derniers y sont toujours attachés. Selon le rituel juif, l’eau est la raison de la survie du prophète Moïse le jour où la tyrannie de Pharaon et de ses soldats a débuté. Pour d’autres, «Zemzem» est occasion de se rappeler la souffrance des gens assoiffés lorsque Hussein ben Ali avait ordonné la guerre.
D’après l’écrivain et chercheur Mustapha Ouaarab, les festivités de «Zemzem» diffèrent entre le milieu urbain et rural. En effet, pendant que les quartiers populaires des grandes villes se transforment en champs de bataille dans lesquels amis et voisins se poursuivent pour s’arroser d’eau, au milieu rural les marocains aspergent leur bétail et leurs cultures d’eau pour la «Baraka».
Dans une déclaration à SNRTNews, Ouaarab affirme que l’origine du nom «Zemzem» vient du fait que les Marocains croient depuis l’antiquité que les eaux des puits et rivières acquièrent des propriétés magiques pendant une courte période avant l’aube. Pourquoi? La légende dit que tous les puits, sources, rivières, ruisseaux et lacs se connectent pendant cette occasion aux eaux de la Mecque.
Ouaarab a ensuite révélé que dans un pays semi-aride comme le Maroc où la pluie se fait assez rare, musulmans et juifs mettaient fin aux rites de feu en s’aspergeant d’eaux de «Zemzem» entre eux. Avec cette coutume, ils expriment leurs espoirs constants pour que l’année prochaine soit plus pluvieuse. «Ce genre de croyances et de rites demeurent toujours présents dans notre société», révèle-t-il.
Dans certaines régions, les femmes avaient l’habitude de récupérer de l’eau des points d’approvisionnement à proximité avant le lever du soleil du 10 Muharram. Concernant les habitants des zones côtières, les marocains se rendent sur les plages pour se baigner car selon eux, l’eau de mer est capable de les débarrasser des maux de la sorcellerie et d’apporter de la «Baraka», conclut-t-il.

Articles en relations
Société
Activités royales
Société
Economie