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Alfonso Cuarón au FIFM: "En Occident, on commence à réaliser que nous faisons partie d’un tout"
01/12/2024 - 23:00
Mohammed Fizazi | Mohammed ChafiAlfonso Cuarón, réalisateur de films emblématiques tels que "Gravity"", Roma" et "Les Fils de l’homme", a participé, ce dimanche 1er décembre 2024,au programme “Conversation”, dans le cadre du Festival International du Film de Marrakech. Il a partagé des réflexions sur son parcours, sa méthode de travail et sa relation avec le cinéma, affirmant, en abordant la thématique d'un de ses fils qu'"en Occident, on réalise davantage que nous faisons partie d’un tout"
Alfonso Cuarón a abordé la question des longues pauses entre ses projets, souvent perçues comme une rareté dans l’industrie cinématographique. Il a expliqué que ces périodes sont essentielles pour lui permettre de se ressourcer et de ne s’engager que dans des projets qui l’inspirent profondément. "J’aime le cinéma, mais j’aime aussi les moments où je ne fais pas de cinéma. Cela me permet de trouver de nouvelles idées et de les explorer pleinement."
Le réalisateur a insisté sur son besoin d’authenticité et de liberté artistique, évoquant notamment sa méthode atypique pour Roma. Pour ce projet, il n’a écrit qu’une seule version du scénario et a laissé place à une grande improvisation, tant pour les acteurs que pour les techniciens. Il a souligné l’importance de rester connecté aux émotions et à l’instinct, une approche qui, selon lui, permet de mieux capturer la vérité de chaque scène.
Lorsqu’il parle de son travail technique, Alfonso Cuarón met en avant son goût pour les plans-séquences, qui sont devenus l’une de ses signatures. Pour lui, ces prises prolongées sont un moyen de transmettre le passage du temps en temps réel et de plonger les spectateurs dans l’instant. Il a aussi raconté les nombreux défis rencontrés sur le tournage de "Les Fils de l’homme", notamment pour la scène célèbre de la voiture, où la recherche de solutions a mis à l’épreuve toute son équipe.
Au-delà de la technique, Cuarón valorise les imprévus et la spontanéité. Il a évoqué ses expériences avec les enfants acteurs, louant leur naturel et leur capacité à surprendre. Il a également raconté comment un chat a introduit une dose d’inattendu dans son dernier projet, Disclaimer, soulignant l’importance de ces moments d’improvisation pour enrichir une scène.
Alfonso Cuarón a partagé son admiration pour les nouvelles générations de cinéastes, en particulier les jeunes réalisatrices mexicaines, qui repoussent les limites de la créativité avec audace. Il a conclu en affirmant que le cinéma, pour lui, reste avant tout une quête personnelle, un moyen d’explorer des histoires qui résonnent profondément en lui.
Dans sa réponse à une question de SNRTnews, Cuarón s’est exprimé sur son approche de l’adaptation cinématographique du roman Les Fils de l’homme de P.D. James. Le film, sorti en 2006, a été largement revisité par rapport à l’œuvre originale, une décision que Cuarón explique par son intérêt pour les problématiques sociopolitiques contemporaines plutôt que pour une fidélité stricte au livre.
"J’aimais le point de départ du roman : un monde sans enfants et cette femme enceinte. J’ai pensé que c’était une bonne base pour un film " a-t-il déclaré. Toutefois, le réalisateur avoue ne pas avoir lu l’intégralité du roman, préférant explorer des façons d’aborder ces thèmes dès la fin des années 1990.
Pour Cuarón, l’objectif principal était d’interroger les dynamiques sociales et politiques qui façonnaient le début du XXIe siècle. Inspiré par des conflits récents, tels que ceux en Bosnie et en Irak, il affirme que les visuels et les thématiques du film étaient ancrés dans la réalité de l’époque.
"Ce que vous voyez dans le film, presque tout provient directement de journalistes couvrant les dix années précédentes. Ce n’était pas une vision prophétique, mais un reflet de ce qui se passait déjà. À l’époque, on se sentait peut-être plus à l’abri. Aujourd’hui, en Occident, on réalise davantage que nous faisons partie d’un tout", a-t-il expliqué.
Malgré des critiques mitigées et un échec commercial initial, le film a connu une renaissance critique, certains observateurs y voyant une œuvre visionnaire. Cuarón nuance toutefois cette perception : selon lui, les thèmes abordés étaient déjà bien présents, bien que leur pertinence ait pris une nouvelle résonance dans le contexte actuel.
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