Sport
Berkane: la "success-story" de la Renaissance, des divisions amateurs au doublé
30/07/2022 - 16:39
Nassim El KerfLa Renaissance n’a jamais aussi bien porté son nom. Le club de la ville de Berkane a connu la plus belle saison de son histoire, en remportant le doublé Coupe de la Confédération-Coupe du Trône, en attendant encore un grand rendez-vous, celui de la Supercoupe d’Afrique prévue en septembre prochain.
La belle histoire de la RS Berkane ne s’arrête pas à cette saison historique. Cette équipe qui déchaîne les passions des jeunes de la ville de l’Est revient de loin… de très loin. Il y’a à peine une quinzaine d’années, cette équipe qui aujourd’hui remporte un doublé, se tramait dans les championnats amateurs. Une véritable «success-story», où le rêve qui a commencé par un homme, est devenu douce réalité bercée par le rythme des Reggadas, à chaque exploit.
2022, la consécration"C’était un match de l’orgueil, j’avais dit à mes joueurs ‘stop’. Ils nous ont battu deux fois cette saison, il ne faut pas que ça devienne une habitude" a déclaré à chaud, l’entraîneur de la RSB Florent Ibenge au micro de SNRTNews après le sacre en Coupe du Trône le 28 juillet dernier. Une déclaration qui reflète parfaitement la mentalité qu’a le club aujourd’hui, d’autant plus que l’adversaire dont il parle n’est autre que le Wydad, champion d’Afrique et champion du Maroc… rien que ça.
Si aujourd’hui la RS Berkane peut se mesurer aux grands, c’est principalement grâce à la stabilité de sa gestion, sa politique de recrutement, et la grande compétence de son staff technique qui n’a plus rien à prouver sur le continent, malgré beaucoup de critiques en début de saison. Car aujourd'hui, Ibenge est le vainqueur d'un doublé qui a su faire oublier sa 6e place au championnat.
"Si quelqu’un me disait en 2006, que mon équipe qui jouait sur de la terre battue entre la 3e et 4e division, allait remporter un titre continental et la Coupe du Trône la même année, j’allais le traiter de fou", nous confie encore ému, Mohamed, un fan absolu de la "Nahda". "Je suivais mon équipe même lorsqu'on jouait avec les amateurs. Quand nous avions été promus, j'ai quitté mon travail un an, me contentant de 'quelques bricoles' juste pour pouvoir suivre nos matchs en Botola Pro, ensuite j'ai trouvé un job d'agent de sécurité dans un café tout proche du stade" ajoute ce fervent supporter orange. Sa Nahda a en effet réussi sa renaissance, pour confirmer en 2022 ce qu’elle avait entamé en 2018 avec un premier titre de Coupe du Trône.
Puisque l’appétit vient en mangeant, le club semble s’habituer aux succès. En 2020, la Renaissance remportera son premier titre continental en battant les Egyptiens du Pyramids FC lors d’une finale à huis-clos (Covid-19) jouée à Rabat, avant de réitérer l’exploit au Nigéria, lors d’une finale à match unique contre Orlando Pirates en mai dernier et compter désormais deux Coupes de la Confédération (CAFCC). Deux mois plus tard, la RS Berkane va réussir à battre un Wydad champion d’Afrique et champion du Maroc pour s’adjuger une nouvelle Coupe du Trône, et confirmer ainsi sa Renaissance.
Success-story, Made in Berkane
Avant d’être la Renaissance qu’on connaît aujourd’hui, la Nahda a connu bien des noms. Elle a d’abord vu le jour en 1938, sous l’appellation "Association sportive de Berkane". A l’époque, le club faisait l’ascenseur entre la première, la seconde et la 3e division. L’Association deviendra ensuite, l’Union Sportive Musulmane de Berkane (1959-1960) pour continuer à survivre dans les ventres mous des différents tableaux.
La Renaissance naîtra ensuite d’une fusion en 1971, lorsque l’Union fusionnera avec le Chabab Riadhi de Berkane pour devenir l’équipe qu’on connaît tous aujourd’hui. Des débuts difficiles, le manque de moyens dans la région de l’Est, et les longs trajets ont longtemps miné les caisses du club qui s’est souvent retrouvé sans sponsors, avec des joueurs qui cumulent des arriérés allant parfois jusqu’à plusieurs mois.
Puis un jour, en 2009, un certain Fouzi Lekjaa décidera d’en devenir président. Cet ingénieur agronome, enfant de la ville avait un rêve fou avant même de devenir aujourd’hui Ministre délégué du budget, président de la Fédération Royale Marocaine de Football ou encore membre du Conseil de la FIFA et vice-président de la CAF.
Le premier rêve de Fouzi était de voir sa «Nahda» réussir là où le Raja, le Wydad, l’AS FAR ou encore le MAS de Fès, avaient également réussi. Le succès continental semblait bien loin lorsque Lekjaa était devenu président, puisque la Renaissance d’un certain Mohamed El Aziz (joueur le plus capé encore en activité aujourd’hui ndlr), jouait aux championnats amateurs. Le succès national, semblait lui vouloir sourire aux mêmes clubs cités plus haut.
Apportant une stabilité de gestion, quelques sponsors se présenteront au fil des victoires, les choses commenceront à s’améliorer et le club réussira une fulgurante ascension à partir de 2009 pour atteindre la Botola Pro en 2012 et ne plus jamais la quitter. Mieux encore, ce club fait aujourd’hui partie des plus titrés, le tout en quelques années de travail, beaucoup de larmes et de sueur et surtout beaucoup de passion autour de ce club qui est aujourd’hui présidé par Hakim Benabdellah, un président jeune et ambitieux qui a longtemps été le protégé de Lekjaa, avant de voler de ses propres ailes et réussir les mêmes exploits que son prédécesseur. Des exploits qui sont tout, sauf le fruit du hasard.
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