Sport
CAF: tout ce qu'il faut savoir sur la Super Ligue
05/07/2022 - 21:30
Nassim El KerfLe projet de la Super Ligue n'est plus un doux rêve des responsables du football africain. Officialisé par le président de la Confédération Africaine de Football, Patrice Motsepe, suite à une réunion du comité exécutif de l'instance qui s'est tenue à Rabat, le tournoi verra le jour en août 2023. Pour quelles raisons? Et dans quel format?
Rêvé par quelques dirigeants du football européen, le projet d'une Super Ligue réunissant "l'élite" du football européen a été rayé d'un trait par les clubs du vieux continent, qui ont avancé le principe de l'égalité des chances comme principal argument.
Mais ce projet qui a été considéré comme "dangereux" par l'UEFA, qui a protégé sa très populaire, très onéreuse mais aussi très rentable Ligue des Champions, n'a jamais été définitivement enterré. Il a même trouvé preneur, de l'autre côté de la Méditerranée. En marge d'une réunion du comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) à Rabat dimanche dernier, le projet a officiellement été adopté et la Super Ligue verra le jour en août 2023 avec la bénédiction de toutes les composantes de la CAF, et le président himself, Patrice Motsepe.
Fier de ce projet "qui contribuera au développement et au rayonnement du football africain", le patron de la CAF a déclaré que son instance a littéralement été "inondée" par les investisseurs. "Nous avons été inondés d'investisseurs et de sponsors, qui sont impatients de s’associer à la Super League de la CAF. Elle a un énorme potentiel pour élever considérablement le niveau du football africain et le rendre encore plus puissant".
Comment ça marche?
En attendant plus de détails concernant la Super Ligue qui seront révélés en août prochain comme l'affirme le communiqué de la CAF, les principaux contours de la compétition ont d'ores et déjà été révélés. Elle sera composée de 24 équipes des plus titrées et plus populaires du continents, mais surtout les mieux classées selon les classements FIFA, pour ne pas porter préjudice à "la notion du mérite".
Aucune autre information officielle n'a été révélée par l'instance. Mais selon nos sources au sein de la CAF, la première proposition discutée en février dernier faisait en sorte "d'inclure" un maximum de clubs, représentants différents pays. Les clubs seront alors répartis sur trois groupes, selon leurs zones géographiques. Afrique du Nord, Afrique centrale/Ouest et Afrique de l’Est/Sud.
16 équipes se qualifieront aux huitièmes de finale, c'est à dire que les cinq premiers de chaque poule et le meilleur des 6e se retrouveront dans la phase à élimination directe pour des confrontations aller/retour. Les trois derniers de chaque poule devraient disputer des barrages pour garder leurs places dans la Super Ligue, pour la nouvelle saison.
Rien n'a fuité concernant les critères de sélection des clubs participants à la compétition, qui devrait se tenir en parallèle des traditionnelles Ligue des Champions et Coupe de la Confédération CAF. Ce format jugé "équitable" par la même source serait en effet un moyen de mettre un terme à l'outrageuse domination des clubs nord-africains qui s'accaparent la majorité des titres de Ligue des Champions depuis son nouveau format en 1997. Ce qui est vrai, puisque 18 des 26 éditions de la Ligue des Champions (depuis 1997) ont été remportées par des clubs égyptiens, tunisiens, algériens et marocains (près de 70%).
Ce qui est certain au niveau des critères de sélection, c'est que la CAF sera intransigeante avec les clubs de la Super Ligue qui devront cocher toutes les "bonnes cases" pour espérer figurer dans cette compétition. Notre source affirme que dans le but de développer le football africain, la CAF oblige les participants à disposer de sections de foot féminin et d'un centre de formation qui devront obligatoirement bénéficier des revenus générés par la Super Ligue (Billetterie et primes).
Une poule aux œufs d'or?
Promettant une prime de 10 millions de dollars aux vainqueurs, et plus d'un million aux participants, la CAF a de quoi convaincre les clubs africains de s'allier complètement au projet. Si en Europe, les clubs sont parfaitement autonomes et tournent avec des chiffres d'affaire qui n'ont rien à envier aux plus grandes multinationales, ce n'est toujours pas le cas en Afrique.
La majorité des clubs, à quelques exceptions près, clôturent leurs exercices dans le rouge et comptent sur les subventions, les dons, les ventes de joueurs et quelques billets générés par leurs billetteries et sponsoring pour "survivre" dans un continent où le simple déplacement pour jouer un match à l'extérieur peut coûter plus d'un million de dirhams.
La Super Ligue peut offrir de nouvelles opportunités marketing aux clubs de l'élite qui y participeront ... mais que faire du reste? Dans son discours, la CAF rassure, en promettant que les revenus générés par cette compétition seront investis dans le développement du football dans tout le continent et que tout le monde en sortira gagnant.
En marge de la réunion du comité exécutif en février dernier à Douala, le président de la CAF, Patrice Motsepe avait déjà fait un appel aux investisseurs. "Nous aurons besoin des entreprises du secteur privé, des sponsors qui oseront prendre ce risque d’un point de vue commercial (…) Nous avons eu des discussions dans ce sens avec Gianni Infantino et l’un des plus grands groupes diffuseurs de football. C’est une réflexion ouverte, qui sera la responsabilité de toutes les nations membres" avait-il lancé. Cinq mois plus tard, il affirme que les sponsors et investisseurs se sont bousculés pour la Super Ligue et qu'elle devrait voir le jour l'été prochain.
"Nous nous engagerons avec les parties prenantes au cours des prochaines semaines pour discuter des mécanismes du tournoi (...) Une partie importante de l'argent de la Super League de la CAF sera réinvestie dans le football africain et une partie du processus consiste à donner 1 million de dollars chaque année à chacune des 54 associations membres de la CAF en tant que contribution au développement du football et de la jeunesse. Nous voulons également augmenter la dotation des Ligues des Champions masculines et féminines de la CAF", a déclaré Motsepe dans son discours relayé par le communiqué de la CAF.
Un bien beau discours certes, reste à savoir si cette Super Ligue saura véritablement inclure ou au moins, offrir des chances de participation à tous les clubs du continent pour ne pas creuser le gap déjà existant entre les clubs africains. Comment la CAF saura assurer la tenue de trois compétitions majeures, en plus des compétitions domestiques sans griller les étapes sur le chemin de la "richesse"? Comme disait La Fontaine, dans sa fable de La Poule aux d'Or qui s'adresse aux gens chiches: combien en a-t-on vus, qui du soir au matin sont pauvres devenus... pour vouloir trop tôt être riches ?
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