Technologie
Inquiétudes autour de l'utilisation de Telegram après l'arrestation de son PDG… Faut-il s'inquiéter?
28/08/2024 - 00:08
Ouiam Faraj | Aya Lankaoui
L'arrestation de Pavel Durov, fondateur de Telegram, en France a suscité des préoccupations chez les utilisateurs, notamment en ce qui concerne la protection de la vie privée promise par l'application.
Durov fait face à des accusations d'exploitation d'enfants dans des contenus pornographiques et de transactions frauduleuses sur la plateforme. Mais que savons-nous vraiment de cette application? Elle protège réellement la confidentialité de ses utilisateurs?
Telegram est une application de messagerie instantanée gratuite, similaire à WhatsApp. Elle est partiellement open-source, multiplateforme, et se distingue par un accent particulier mis sur la sécurité.
Diverses fonctionnalités
Lancée en 2013 par Pavel Durov et son frère Nikolaï, Telegram est devenue une plateforme mondiale, réputée pour son chiffrement robuste des messages et son engagement envers la confidentialité des utilisateurs.
Une des spécificités de Telegram est la possibilité de créer des chaînes publiques où les utilisateurs peuvent partager des informations à un large public. De plus, l'application permet l'utilisation de robots pour automatiser différentes tâches et fournir des services supplémentaires.
Selon Mohamed Cherif Jebli, expert en sécurité informatique, Telegram offre également des "conversations secrètes" qui, bien qu’elles ne soient pas activées par défaut, ajoutent une couche supplémentaire de sécurité pour les communications privées.
Il ajoute que l'application se présente comme une plateforme défendant la liberté d'expression, attirant ainsi des utilisateurs en quête de plus de confidentialité et de flexibilité.
Jalal Dermaj, également expert en sécurité informatique, note que Telegram se distingue des autres applications de messagerie instantanée, comme WhatsApp, en ne chiffrant que les conversations secrètes, alors que WhatsApp applique le chiffrement à toutes les discussions. Il est à noter que Telegram se démarque également par son stockage cloud.
Qu'en est-il de son utilisation au Maroc?
Bien que Telegram compte plus de 900 millions d'utilisateurs à travers le monde, son utilisation au Maroc reste limitée, selon Mohamed Cherif Jebli. Il précise que l'application est principalement utilisée par un petit nombre de personnes pour automatiser des tâches spécifiques et communiquer dans des groupes spécialisés.
Cependant, bien que WhatsApp demeure l'application la plus populaire au Maroc, Telegram attire une catégorie d'utilisateurs soucieux de la confidentialité et intéressés par ses fonctionnalités avancées pour la communication en groupe et l'organisation d'activités spécifiques.
De son côté, Jalal Dermaj note également que l'utilisation de Telegram a augmenté ces dernières années parmi les Marocains, notamment pour l'envoi de fichiers volumineux de bonne qualité, la création de chaînes et le téléchargement de cours éducatifs. Certaines écoles utilisent même cette application pour diffuser des contenus pédagogiques.
Il a ajouté que Telegram est aussi utilisé par les commerçants pour le e-commerce et le trading, bien qu'il soit davantage répandu dans des pays comme les pays du Golfe, l'Iran et la Russie.
Faut-il s'inquiéter?
Jalal Dermaj, expert en sécurité informatique spécialisé dans la lutte contre le chantage en ligne, souligne que Telegram, en matière de confidentialité et de sécurité, réagit plus lentement que d'autres applications pour retirer les contenus inappropriés signalés, prenant parfois jusqu'à une semaine pour intervenir, contrairement à WhatsApp, qui répond plus rapidement aux signalements.
Il ajoute que certains critiques reprochent à Telegram de permettre à des groupes de diffuser des contenus inappropriés, voire de faciliter le trafic d'êtres humains ou la vente d'images et de vidéos personnelles. Certains groupes extrémistes utiliseraient aussi l'application pour recruter des jeunes.
L'arrestation du fondateur de Telegram a soulevé de nombreuses interrogations parmi les utilisateurs. Toutefois, indépendamment de la véracité des accusations, Dermaj insiste sur l'importance de rester vigilant quant aux informations partagées sur les réseaux sociaux.
Il recommande également aux parents de surveiller l'utilisation des réseaux sociaux par leurs enfants pour éviter que leurs données ne soient compromises, tout en rappelant qu'aucune plateforme n'est entièrement sécurisée, que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur le web en général.

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