Technologie
Les dangers de l'intelligence artificielle: une experte marocaine met en garde
09/07/2023 - 11:12
Mohammed Fizazi | Ouiam FarajAnimation d'images, manipulation des voix et des vidéos, atteinte à la vie privée et autres menaces pèsent sur la vie des individus à l'ère de la technologie, et la raison en est la révolution rapide de l'intelligence artificielle. Alors que l'intelligence artificielle sert l'humanité grâce à ses techniques modernes, les experts reconnaissent qu'elle n'est pas exempte de risques pouvant menacer la stabilité de la vie humaine. Quels sont les principaux risques?
Hajar Mousannif, professeure et chercheuse à l'Université Al-Qadi Ayyad de Marrakech, spécialisée dans l'intelligence artificielle, affirme que les risques de l'intelligence artificielle sont multiples et croissants avec sa rapidité de développement. Le premier réside dans la nouvelle invention qui envahit les téléphones et les ordinateurs des individus, l'application "Chat GPT" qui simule grandement l'intelligence humaine en rassemblant toutes les informations pour répondre à n'importe quelle question posée.
Selon Mousaanif, le danger de "Chat GPT" réside dans son utilisation abusive par les individus, notamment les étudiants qui l'utilisent dans leurs recherches universitaires et même dans la rédaction de courriels officiels, sans avoir à passer par la phase de révision.
Elle souligne que ces applications peuvent contenir plusieurs erreurs, et les données fournies de manière automatisée manquent d'humanité, insistant sur la nécessité d'utiliser l'intelligence artificielle de manière positive en préservant notre humanité et nos valeurs.
Elle indique également l'absence de source confirmant l'exactitude des données fournies par cette application, car elle est contrainte de donner une réponse même si elle n'a pas suffisamment d'informations sur le sujet.
De plus, selon la spécialiste, ces applications basées sur l'intelligence artificielle ont également un impact sur l'éducation des enfants, car ces derniers y ont de plus en plus recours pour obtenir les informations qu'ils souhaitent sans avoir à les vérifier auprès de leurs parents, et ils croient tout ce qu'ils reçoivent de ces applications.
Il ne fait aucun doute, selon l'universitaire, que l'intelligence artificielle présente de nombreux avantages, que ce soit en aidant les étudiants et les chercheurs dans l'éducation, la recherche scientifique ou la connaissance en général, en plus de ses autres utilisations dans le domaine technologique. Cependant, elle ajoute qu'elle a aussi de nombreux inconvénients lorsqu'elle est utilisée de manière incorrecte ou entre de mauvaises mains.
La contrefaçon profonde
D'autre part, la chercheuse en intelligence artificielle aborde la question de la "contrefaçon profonde" (deepfake) qui envahit les médias sociaux, permettant de modifier numériquement le visage et la voix d'une personne pour la rendre semblable à une autre.
Ces techniques se sont répandues de manière croissante dans les campagnes de désinformation, d'usurpation d'identité et de diffamation de personnalités, en particulier de célébrités. Le deepfake peut également produire de nouvelles œuvres mettant en scène des acteurs décédés, "les faisant revivre dans de nouvelles productions", selon les experts.
Il est également utilisé dans des opérations d'usurpation d'identité, notamment sous la forme de vidéos envoyées à des personnes prétendant provenir de quelqu'un qu'elles connaissent, pour demander de l'argent ou diffamer une personne.
Selon l'universitaire, trois secondes de la voix d'un orateur ou une seule image trouvée sur Internet peuvent suffire à les utiliser dans une vidéo complète. Il devient alors difficile de distinguer la vérité de la falsification, soulignant que le danger de ce processus dépasse le simple divertissement pour nuire aux autres.
Implantation de puces intelligentes dans le cerveau
Dans un autre contexte, Mousannif, aborde un autre danger sur lequel travaille Elon Musk, fondateur de Twitter. Il s'agit d'un nouveau projet de sa société "Neuralink", une entreprise américaine de technologie neuronale fondée en 2017, qui travaille sur la fabrication d'appareils pour traiter rapidement les maladies graves du système nerveux central, dans le but d'améliorer l'être humain.
Cette société a obtenu une autorisation médicale de la Food and Drug Administration américaine (FDA) pour mener des tests sur des humains en implantant des puces intelligentes dans le cerveau afin d'aider de nombreuses personnes à "retrouver leur santé grâce à cette technologie". Neuralink conçoit des appareils intelligents implantés dans le cerveau pour communiquer directement avec les ordinateurs par la pensée.
Dans ce contexte, la chercheuse critique le fait de "jouer avec le cerveau de l'être humain que Dieu a honoré de son esprit", se demandant si c'est vraiment ce dont l'humanité a besoin.
Mousannif, qui a déjà remporté le premier prix du concours "Women in Tech" américain, qui récompense les femmes actives dans le domaine technologique à l'échelle mondiale, souligne que le problème avec la technologie est qu'elle est inventée à des fins positives, mais elle est souvent utilisée à des fins négatives. Elle met en évidence le rythme rapide de cette technologie, qui pourrait devenir prédominante dans les années à venir.
Pour atténuer les risques posés par l'intelligence artificielle, la chercheuse insiste sur la nécessité d'une vigilance technologique adéquate pour suivre toutes les évolutions et savoir comment réglementer ces technologies afin de limiter leur domination dans tous les domaines. Elle souligne qu'il est "impossible de laisser la technologie entre les mains de personnes corrompues qui pourraient l'utiliser de manière abusive et nuire à l'humanité".
Elle souligne que l'intelligence artificielle est une épée à double tranchant et qu'il est nécessaire de suivre le rythme imposé par son développement tout en accompagnant les pays avancés dans ce domaine, mais en réglementant son utilisation pour protéger les individus et la société.
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