Politique
Maroc-Espagne: les enjeux de la réunion de haut-niveau
01/02/2023 - 09:00
Mohamed Berrada
La réunion de haut-niveau entre le Maroc et l'Espagne aura lieu le 1er el 2 février à Rabat. Pour le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, il s'agit d'un "moment important qui reflétera cet état d’esprit positif, cet état d’esprit orienté vers le respect des engagements qui animent aujourd’hui la relation maroco-espagnole". Le ministre a également rappelé, en octobre dernier, que "la Déclaration conjointe entre Rabat et Madrid adoptée au terme de discussions entre SM le Roi et M. Sanchez précise les principes qui définissent cette nouvelle phase et aide à définir les priorités et à expliciter des positions sur des questions d'intérêt pour les deux pays".
Du côté espagnol, le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a estimé que cette réunion "sera un moment très important" dans les relations entre les deux pays, assurant que Rabat et Madrid "ont entamé une nouvelle phase avec des bases beaucoup plus solides"’. Enfin, pour le Roi Felipe VI d'Espagne, "Cette rencontre, qui n'a pas eu lieu depuis 2015, nous permettra d'approfondir nos vastes relations bilatérales, afin de travailler ensemble sur des bases plus solides". Allocution prononcée à l’occasion d’une réception accordée au corps diplomatique accrédité en Espagne.
Contexte particulier
Cette réunion de haut niveau se déroule dans un contexte de très bonnes relations bilatérales entre le Maroc et l'Espagne qui ont renforcé leurs liens depuis un an, mais aussi dans un contexte de crise entre la branche législative de l'Union européenne et le Maroc suite à la résolution votée par le Parlement européen, qui représente une ingérence dans les affaires judiciaires du Royaume. Cependant, les parlementaires espagnols ont montré leur solidarité avec le Maroc durant ce vote, comme le rappelle Mohamed Badine El Yattioui, professeur des relations internationales à l’Université américaine des Émirats arabes unis à Dubaï: "Durant ce vote, les parlementaires du PSOE espagnol ont exprimé leur soutien au Maroc. Cette réunion vient donc dans un moment idéal pour nos deux pays", estime-t-il.
Notre interlocuteur insiste sur l'importance du bilatéralisme, notamment avec notre voisin du nord: "Les relations bilatérales restent au coeur de la stratégie du Maroc, notamment avec l'Espagne, de part le rapprochement géographique et économique. Les relations bilatérales sont loin de cesser malgré la turbulence avec le PE. Les Etats restent l'élément clé dans les relations avec le Maroc".
Fixer la cadence et le cap
De manière générale, ces réunions sont une occasion de mettre sur la table des dossiers très importants et fixer la cadence et le cap en matière stratégique entre les deux pays, mais aussi un moment où les leaders les plus importants se rencontrent et échangent directement, estime Mohamed Badine El Yattioui. Dans le cas de Maroc-Espagne, "c'est la première réunion de haut niveau depuis 2015. Les dossiers majeurs sont nombreux: les investissement espagnols au Maroc, le commerce bilatéral, la question migratoire et sécuritaire, et bien sûr le renforcement de la relation à travers la reconnaissance par l'Espagne du Sahara marocain, et le soutien espagnol au sein des instances européennes et onusiennes", précise-t-il.
Une réunion qui permettra d'ouvrir de nouveaux horizons au niveau économique et commerciale, conclut notre interlocuteur, car "l'Espagne cherche à conforter sa position d'investisseur au Maroc, dans un contexte de concurrence entre les pays européens". La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a en effet annoncé l'organisation d'un forum économique maroco-espagnol, le 1er février à Rabat, en partenariat avec la Confédération espagnole des organisations et entreprises et le Conseil économique maroco-espagnol. Ce forum, auquel devraient participer le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, vise à promouvoir de nouveaux partenariats économiques entre les entreprises marocaines et espagnoles et à accélérer le rythme des investissements et co-investissements dans les secteurs prioritaires.

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