Sport
Mondial 2022: le "made in Morocco" au cœur du succès des Lions
19/12/2022 - 14:53
Nassim El Kerf
"Nous sommes ici pour changer les mentalités et aller au bout de notre rêve, qui peut paraître fou", déclarait le sélectionneur national, Walid Regragui, alors que le Maroc venait d'entamer la Coupe du Monde avec un nul face à la Croatie (0-0), le 23 novembre dernier au stade Al Bayt, là où l'épopée a commencé.
Depuis, le Maroc a enchaîné pour lui donner raison à la fin. S'armant de courage, de volonté et d'abnégation qui s'ajoutent à l'incroyable talent des Lions de l'Atlas, l'équipe nationale a su ajouter une nouvelle page à l'histoire du football marocain et africain, en devenant la première nation arabe et africaine à atteindre les demi-finales.
Pour briser ce plafond de verre, le Maroc a dû sortir des nations comme l'Espagne, la Belgique ou encore le Portugal et le Canada. Des équipes qui ont la solidité comme point commun, en plus d'une énorme force de frappe offensive. Pour museler les attaquants adverses, le sélectionneur national a défini son onze de départ pour s'y tenir tout au long de la compétition, avant que les blessures ne viennent plomber l'équilibre en demi-finale face à la France.
Mais au-delà des exploits sur la pelouse et tous les acquis de ce parcours historique tant qu'au niveau sportif que culturel et promotionnel des valeurs du Royaume, cet exploit des Lions est une revanche de la formation marocaine, une confirmation que le talent marocain est capable de miracles, à condition que tous les moyens de réussite lui soient donnés en temps et en heure.
Made in Morocco
La victoire a mille pères, la défaite est orpheline. Le succès tonitruant des Lions et les résultats de l'équipe nationale ont certes rassemblé tout le monde, parce c'est aussi le succès de l'Afrique et du monde arabe, mais c'est avant tout un succès du Maroc, comme l'a signalé le sélectionneur lors des conférences de presse. "Nous jouons d'abord pour notre pays, pour notre Roi et pour notre peuple" a souvent rappelé Walid Regragui, qui a remercié l'Afrique pour ses encouragement et le monde arabe pour ses ondes positives durant la compétition.
Walid, lui seul, représente parfaitement ce succès du "Made in Morocco" lors du Mondial 2022. Un sélectionneur marocain qui a réussi à mener les Lions au bout de leur rêve, c'est rare, voire jamais vu à l'exception de la génération 2004 et la finale de la CAN perdue sous les commandes de Badou Zaki. En plus du patron de la tanière, et de l'apport des grands joueurs de cette équipe formés à l'étranger comme le capitaine Romain Saïss, Achraf Hakimi ou encore Hakim Ziyech et Sofyan Amrabat qui se sont transcendés, l'impact de la formation marocaine a clairement été ressenti dans cette équipe nationale.
Pour la première fois depuis plus de deux décennies, 11 joueurs des 26 convoqués sont formés au pays, dont 4 joueurs issus de l'Académie Mohammed VI de football, qui ne sont pas des moindres. Reda Tagnaouti, le 3e gardien est issu de l'Académie, tout comme la révélation de cette Coupe du Monde Azzeddine Ounahi ou notre roc défensif national, Nayef Aguerd. Le meilleur buteur de l'histoire du Maroc au Mondial, Youssef En-Nesyri (3) est aussi un produit de l'Académie Mohammed VI.
Des joueurs comme Badr Benoun, Jawad El Yamiq, Yahya Attiat-Allah, Yahya Jabrane, Abderrazak Hamdallah, Achraf Dari et le portier héroïque, Yassine Bounou, sont formés dans des clubs marocains. Une fierté pour le Maroc, pour ses formateurs qui doivent aujourd'hui capitaliser sur ce succès pour poursuivre cette ascension au sein du football international.
La darija avait fait son retour dans les vestiaires pour y bonifier l'ambiance. Cela peut paraître anecdotique, mais quand on sait que le job d'un sélectionneur est de faire parler tout ce beau monde le même langage du football, la langue parlée est déjà un grand pas en avant pour équipe nationale comme la notre, composée de joueurs marocains formés dans les quatre coins du monde. 15 joueurs sur les 26 convoqués sont formés à l'étranger, mais ces derniers ont compris que pour créer cet état d'esprit de "famille" il fallait unifier les langues, unifier les valeurs, les principes et venir en équipe nationale avec l'unique but de servir la patrie.
Royaume des valeurs, de la culture et des traditions
Lorsque le sélectionneur évoque le terme "Niya" pour parler de bonne foi dans le football, il ne le choisi pas par hasard. Ce mot, qui fait partie de notre patrimoine culturel pour ce qu'il représente dans notre vie de tous les jours et dans notre religion a retrouvé son brio et sa place d'antan grâce aux conférences de Walid.
Les médias du monde entier se sont intéressés à la bonne foi sacrée des Marocains, ce que cette Niya représente dans notre vie de tous les jours et comment nous pouvons soulever des montagnes par la force de notre volonté, avant d'aller fêter toute victoire dans les bras de nos familles. L'image de Boufal dansant avec sa maman qui a été pour beaucoup dans le choix de nationalité sportive du natif de Paris, sonne comme un merci.
L'image du baiser de la maman de Hakimi qui est aujourd'hui immortalisé dans les rues de Barcelone avec l'inscription "aux mamans immigrées" sonne comme un appel fort au droit au rêve, pour toutes les mamans et leurs progénitures.
Nos scènes de liesses avec les supporters, la "Sajda" (prosternation) de groupe, pour remercier le Bon Dieu qui a récompensé tant d'efforts sont des images qui ont marqué cette Coupe du Monde. Le monde s'en rappellera comme celle du sacre de Lionel Messi certes, mais se souviendra dans la foulée que c'est aussi celle de l'épopée des Lions de l'Atlas tombeurs des grands, avec leurs convictions, valeurs et traditions.

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