Société
Réchauffement des eaux des mers: quel impact sur le climat et l'environnement?
05/08/2022 - 12:37
Mohammed FizaziLe réchauffement des eaux des mers et des océans est, selon les spécialistes, la conséquence d'une problématique bien connue: l'émission de CO2 et sa concentration dans l'atmosphère. Ce surplus d'énergie thermique est principalement absorbé par les océans, à hauteur de 93%, alors que le reste est retenu par les sols, l'atmosphère et la fonte des glaces.
Selon Mohammed Said Karrouk, professeur de climatologie à l'université Hassan II de Casablanca, le réchauffement des mers et des océans est un phénomène très important pour la continuité de la vie humaine sur terre. Dans une déclaration à SNRTnews, le professeur indique que ce réchauffement cause une perturbation thermique de la structure de l’océan. “Il s’agit d’une perturbation globale de la vie biologique, mais aussi du fonctionnement physique dans le milieu océanique”, a-t-il confié.
Et d’ajouter : “quand la température augmente, il y a tout un système biologique qui est contraint d’évoluer. Il y a beaucoup d’espèces, que ce soit des espèces halieutiques ou des algues qui ont un seuil thermique qui contrôle leur vie”. Le climatologue souligne que dès que la température augmente, beaucoup d'espèces migrent à la recherche d’un milieu où ils pourront retrouver leur température habituelle.
Ainsi, poursuit notre interlocuteur, “il y a toute une vie océanique qui pourrait être perturbée en raison de cette température”. En ce qui concerne le Maroc, Mohammed Said Karrouk souligne que les côtes du royaume, particulièrement les côtes atlantiques, qui sont riches en ressources halieutiques, courent le risque de voir leurs différentes espèces, qui vivent dans des niveaux et structures différentes, contraintes de se déplacer à la recherche d’une température plus agréable. “Ceci pourrait nuire à nos ressources et aux activités qui les accompagnent”, a-t-il souligné.
L’effet du réchauffement des eaux des mers et des océans s’effectue également au niveau climatique, vu l'interaction entre l'atmosphère et l’océan, souligne notre interlocuteur. “Le climat en général est géré par un moteur énergétique: le bilan énergétique (énergie solaire). Celui-ci devrait avoir un équilibre précis, qui se situe au niveau du sommet de l'atmosphère, où les quantités d’énergie qui pénètrent à ce niveau doivent ressortir au même niveau pour que ce bilan reste équilibré”, a-t-il déclaré.
Ajoutant: “les rayonnements qui parviennent au sol sont soit absorbés si le sol le permet, soit réfléchis, si le sol n’est pas capable de les absorber”. Or, ajoute le professeur, le milieu océanique absorbe beaucoup d'énergie, et il est ainsi qualifié comme étant la “batterie climatique”. C'est ainsi à partir de de l’océan que l'atmosphère puise son énergie, et non directement du soleil, donc, quand l'océan connaît une augmentation de température, comme c’est le cas aujourd’hui, il transmet beaucoup plus d'énergie et de température à l’atmosphère . “A partir de là, l’atmosphère devient plus chaude qu'auparavant. C’est comme une machine qui fonctionne avec un surplus énergétique qui devient très rapide et les événements atmosphériques deviennent très féroces et très dangereux”, signale le climatologue.
Et de conclure: “quand la température atmosphérique augmente, cela veut dire que notre climat reçoit beaucoup plus d’énergie que d’habitude, et ceci fera augmenter la férocité des événements météorologiques (vents, tempêtes, dépressions atmosphériques etc.), et c’est pour cela qu’il est préférable pour l’humanité de minimiser les processus qui font augmenter la température océanique pour garder un équilibre global: celui de l’océan d’une part, et celui de l’atmosphère d’autre part, et à partir de là, celui de tous les écosystèmes”.
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