Economie
Tourisme: le manque de confiance entache la réouverture des frontières
03/02/2022 - 08:00
Khaoula BenhaddouDurant plusieurs semaines, le Royaume a vécu un isolement à cause de la fermeture des frontières. Une décision qui a mis le secteur touristique à genou. Ces derniers jours, le gouvernement a annoncé une batterie de mesures. Seraient-elles suffisantes pour booster le secteur et de regagner la confiance des touristes?
Le secteur du tourisme a été mis à genou à cause de la pandémie du coronavirus qui n'a que trop duré avec l'apparition continue de variants et de sous-variants.
Pour venir en aide à cette industrie qui a énormément souffert de la fermeture des frontières, des mesures restrictives et de multiples décisions annoncées à la hâte, le gouvernement a décidé de rouvrir son espace aérien à partir du 7 février. Une décision accompagnée d'un lot de conditions et de mesures, dont notamment l’obligation de présenter le pass vaccinal et le résultat négatif d’un test PCR de moins de 48H avant d’embarquer à bord de l’avion pour tous les voyageurs désirant accéder au territoire national. Ceci, en plus de la nécessité de réaliser plusieurs tests aux aéroports du Royaume à l’arrivé et dans les centres de résidence, sans oublier les mesures spéciales pour les cas positifs.
Ce resserrement des mesures s'explique, selon Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en systèmes et politiques de santé, par le souci de limiter la propagation du virus et de préserver les acquis du Royaume dans sa lutte contre la pandémie.
Hamid Bentahar, président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), salue, pour sa part, les décisions prises par le gouvernement. "Notre secteur a été lourdement touché par la pandémie. Pour s’en sortir, on a besoin de signaux, d’aide, de soutien et de solidarité. Nous encourageons toutes les initiatives qui vont dans le sens de rétablir la confiance", a-t-il indiqué. Et à lui d’ajouter: "les conditions mises en place ont pour but de préserver les acquis du Royaume. Il est normal de demander le pass vaccinal aux personnes qui accèdent au Royaume, mais on aurait bien aimé avoir 72h au lieu de 48h pour les tests".
Le responsable lance un appel aux opérateurs du secteur. "Les professionnels du secteur, public et privé, doivent se mobiliser pour reprendre l’activité et rétablir la confiance. Nous devons mutualiser les efforts pour ne plus fermer les frontières surtout que toutes les destinations concurrentes n’ont pas fermé leur espace aérien".
Rétablir la confiance: une priorité !
Certes, la réouverture des frontières a été bien accueillie seulement, les professionnels du tourisme, notamment les voyagistes, restent prudents. "J’ai perdu beaucoup de clients à cause du manque de visibilité et des décisions prises à la dernière minute. Personnellement, je prends la décision de la réouverture des frontières avec des gants. Je n’ose toujours pas lancé de nouvelles offres par crainte d’une nouvelle décision surtout que la situation épidémiologique n’est toujours pas stable", lance Ahmed, directeur d’une agence de voyage.
Pour sa part, Mustapha Aouizir, propriétaire d’une agence de voyages et membre de l’Association nationale des agences de voyages du Maroc, s'inquiète de la durée de cette décision d'ouverture. "On est sur les nerfs, on ne peut pas savoir si cette situation va durer, vont-ils encore fermer? On ne peut pas reprogrammer des voyages et les annuler à la dernière minute. Même nos clients n’ont plus confiance. Nous avons besoin d’une vision à long terme pour pourvoir reprendre notre activité".
Même son de cloche auprès de Salma, DGA d’une agence de voyage. "Nous accueillons la décision de réouverture des frontières avec beaucoup de prudence. Certes, nous applaudissons cette décision, mais nous n’avons pas une vision claire. Les touristes ne sont pas non plus motivés. Certes, il y a des demandes mais, on a constaté très peu de réservations par peur de voir leur plans tomber à l’eau à la dernière minute", avant d’ajouter: "Nous avons raté plusieurs rendez-vous et plusieurs clients ont jeté leurs dévolus sur des destinations concurrentes. Avant de parler de réouverture, nous devons préparer une stratégie pour rétablir la confiance des touristes et les encourager à choisir le Maroc comme destinations", conclut la voyagiste.
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