67 millions d'enfants sans vaccin Covid, alerte l'Unicef

Cette situation ramène le monde plus de 10 ans en arrière en termes de vaccination infantile, sapant plus d'une décennie d'avancées en immunisation de routine des enfants, selon l'Unicef. En conséquence, les risques d'épidémies de rougeole ou de polio augmentent.

La couverture vaccinale est en baisse dans 112 pays, et le taux de vaccination infantile dans le monde a chuté de 5 points de pourcentage, à 81%, entre 2019 et 2021. En particulier en Afrique et en Asie du Sud, 48 millions d'enfants n'ont reçu aucune dose d'aucune sorte. Cette baisse s'est produite à la fin d'une décennie où la croissance de la vaccination infantile stagnait déjà. Les vaccins ont joué un rôle crucial dans la longévité en bonne santé des enfants, et tout déclin dans les taux de vaccination est préoccupant, selon Brian Keeley, rédacteur en chef du rapport.

Renforcer la confiance envers la vaccination

L'Unicef souligne que l'immunisation des enfants sauve 4,4 millions de vies chaque année et que ce chiffre pourrait atteindre 5,8 millions d'ici 2030 si le monde parvient à réduire de moitié le nombre d'enfants privés de vaccins essentiels et à atteindre 90% de couverture pour les vaccins vitaux clés. La rougeole a tué 2,6 millions de personnes chaque année avant l'introduction du vaccin en 1963, principalement des enfants. En 2021, ce chiffre est tombé à 128 000, mais le taux de vaccination contre cette maladie a baissé de 86% à 81% entre 2019 et 2021. Le nombre de cas de rougeole a doublé en 2022 par rapport à 2021.

La chute du taux de vaccination se produit également dans un contexte plus large de "crise de survie" des enfants, note l'Unicef, soulignant une superposition de crises telles que la malnutrition, les impacts du changement climatique et la pauvreté. Pour améliorer la couverture vaccinale, il faut renforcer les soins de santé primaires et fournir aux personnels en première ligne, majoritairement féminins, les ressources et le soutien dont ils ont besoin, selon l'Unicef.

En parallèle, le rapport s'inquiète d'une baisse de la confiance dans la vaccination dans 52 pays sur 55 étudiés. La patronne de l'Unicef, Catherine Russell, met en garde contre le fait que la confiance à l'égard de la vaccination de routine ne doit pas compter parmi les victimes de la pandémie, sous peine de voir prochainement un grand nombre d'enfants succomber à des maladies évitables. La confiance vaccinale reste au-dessus de 80% dans la moitié des 55 pays étudiés. Des donnés préliminaires encourageantes pour les vaccinations en 2022 donnent également des raisons d'être optimistes quant à la reprise des services dans un certain nombre de pays. Toutefois, il faudra faire des progrès pour vacciner ceux qui étaient déjà privés de leurs injections avant la pandémie, même si le monde arrive à retrouver le niveau où il était avant la crise sanitaire.

Un programme de rattrapage 

L'Unicef plaide pour un programme de rattrapage pour les 67 millions d'enfants qui ont été privés de vaccins pendant le Covid et qui vont sortir du groupe d'âge visé par les vaccinations. En outre, la baisse du taux de vaccination contre la rougeole, la polio, la diphtérie ou la coqueluche se produit dans un contexte de crise de survie des enfants, caractérisé par une superposition de crises qui rendent de plus en plus difficile pour les systèmes de santé et les gouvernements de faire face aux besoins de vaccinations.

Le rapport appelle donc à renforcer les soins de santé primaires et à fournir aux personnels en première ligne, majoritairement féminins, les ressources et le soutien dont ils ont besoin. La baisse de la confiance dans la vaccination dans certains pays est également une préoccupation pour l'Unicef, qui rappelle que la confiance à l'égard de la vaccination de routine ne doit pas compter parmi les victimes de la pandémie.