Economie
Blé: le "stock national couvrira cinq mois"
09/03/2022 - 21:20
Aïcha Debouza | Mustapha AzougahLa filière céréalière constitue une des principales filières de la production agricole au Maroc. Les céréales sont pratiquées dans les différentes zones agroclimatiques du pays en assolement avec d'autres cultures annuelles représentées essentiellement par les légumineuses, les cultures industrielles et les cultures fourragères. Les principales régions de production se situent dans les zones pluviales des plaines et plateaux de Chaouia, Abda, Haouz, Tadla, Gharb et Saïs où la grande majorité des exploitations pratique la céréaliculture, quelle que soit leur taille.
Une production locale insuffisante
"La guerre en Ukraine a impacté les prix du blé sur le marché international. Mais le stock de blé du Maroc couvrira cinq mois de consommation nationale", estime Abdelkader Alaoui, président de la Fédération nationale de la minoterie (FNM). En effet, le Royaume est lié économiquement aux deux pays belligérants, notamment l’import du blé d’Ukraine et l’exportation des agrumes en Russie. Et étant donné qu’un Marocain consomme en moyenne 200 kg de blé par an (soit trois fois plus que la moyenne mondiale), sa production locale ne suffit pas pour couvrir les besoins du marché local. Entre 2014 et 2019, la production locale n'a permis en moyenne de couvrir que 54 % des besoins en céréales (blé, maïs, orge), selon l'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL).
En 2021, le Maroc a importé depuis l'Ukraine, plusieurs matières comme le blé, le maïs ou encore les matières plastiques pour une enveloppe de 2,7 MMDH. Et il a exporté des engrais naturels et chimiques, des voitures de tourisme ou encore du poisson contre un montant de 667 MDH. Idem pour la Russie à laquelle le Maroc a exporté, entre autres, des agrumes, des fruits frais ou secs ou encore du sucre brut à hauteur de 654 millions de dirhams. De l’autre côté de la balance, le pays a importé, pour près de 13 milliards de dirhams, plusieurs produits, comme le gasoil et fuel-oil, l’essence et le gaz de pétrole ou encore l’ammoniac.
La liaison maritime maintenue
Ainsi, les deux pays représentent environ 29% des exportations mondiales de blé. Le Maroc quant à lui, importe en moyenne, chaque année, 3 à 4 millions de tonnes de blé tendre et 800.000 à 900.000 tonnes de blé dur. Les prix ont franchi un sommet de 450 dollars la tonne. Cependant, malgré les circonstances actuelles, Abdelkader Alaoui souligne que les importations ne se sont pas arrêtées, car les navires accostent dans les ports marocains et d'autres sont en route vers eux, tandis que les importateurs marocains sont stationnés sur d'autres marchés. "A l'horizon des futures récoltes dans les pays exportateurs, la recherche d'importation est dirigée depuis les pays producteurs comme l'Allemagne, la France, le Canada, la Lituanie, le Brésil, la France et l'Argentine" rapporte le président de la FNM.
Mais toujours d’après le professionnel, le rythme des importations s'est accéléré depuis le relèvement du recouvrement des droits de douane sur les importations de blé tendre et de blé dur à partir du 1er novembre, afin de renforcer le stock national de ces deux produits. En plus de suspendre les droits de douane sur le blé tendre, qui s'élevaient à 135%, le gouvernement a accordé une compensation arbitraire sur les importations de cette matière, dont la moyenne au cours de la période s'étendant uniquement de novembre 2021 à février 2022 était d'environ 83 dirhams pour chaque quintal importé.
Il est à noter que la facture d'achat du blé est passée de 901 millions de dirhams en janvier 2021 à 2,6 milliards de dirhams en janvier dernier, selon les dernières données de l'Office de change. "La facture du blé importé s'explique par la hausse des prix de 21,3%, pour s'établir dans une fourchette de 3.238 dirhams la tonne, mais aussi par les quantités importées qui sont passées de 338 mille tonnes à 805.000 tonnes", détaille Abdelkader Alaoui. À cette facture, s'ajoute aussi la flambée des cours du fret maritime qui ont plus que quintuplé en l'espace d'un an. Ils frôlent actuellement les pics enregistrés durant la crise de 2008-2009.
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