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Changement climatique: le GIEC tire la sonnette d'alarme
06/03/2022 - 21:30
Aïcha DebouzaVagues de chaleur, stress hydrique, sécheresses, incendies ravageurs… Des événements climatiques extrêmes qui apparaissent de plus en plus fréquemment et qui sont en lien direct avec le changement climatique dont fait face la planète. Au regard des constats de leur dernier rapport en 2014, les experts du GIEC soulignent, que les effets sont plus fréquents, plus intenses, et qu’ils s’opèrent de façon beaucoup plus rapide que ce qui avait été évalué précédemment.
Un écosystème endommagé
"Le changement climatique fait peser une menace grave et grandissante sur notre bien-être et la santé de la planète", lit-on dans le rapport du GIEC intitulé "Changement climatique 2022 : impacts, adaptation et vulnérabilité". En effet, le document fait état de nouvelles découvertes frappantes. Il s’agit de la façon dont le réchauffement climatique actuel de 1,1°C a un impact sur les systèmes naturels et humains. Pire. Il agit, toujours selon le rapport, sur la façon dont notre capacité à réagir sera de plus en plus limitée à chaque augmentation supplémentaire du réchauffement.
C’est désormais confirmé. Les dangers ont considérablement endommagé les écosystèmes du monde entier. Ils ont même, dans certains cas, entraîné d’irréversibles pertes dont l’extinction de diverses espèces. Dans cette veine, l’être humain a pareillement touché, par son insécurité alimentaire et hydrique, qui s’accroît de plus en plus, une incidence accrue de maladies de transmission alimentaire, hydrique et vectorielle ainsi qu’une santé physique et mentale dégradée. Et ces dégradations ne sont pas maîtrisées "ces aléas climatiques augmenteront inévitablement, amplifiant ainsi les pertes et les dommages qui en résultent", préviennent les chercheurs.
Ainsi, l’étude relate qu’une réduction de la disponibilité des ressources en eau et en nourriture, notamment en Afrique, en Asie et dans les petites îles, a été constatée. Elle détaille, point par point, l’impact du réchauffement climatique que la santé dans toutes les régions du monde. Ceci engendrerait, d’après le document, plus de mortalités, une émergence de nouvelles maladies, une augmentation du stress thermique, ainsi qu’une dégradation de la qualité de l’air. Mais pas seulement. Plus de la moitié des aires de répartition des espèces animales et végétales est en baisse à cause dudit réchauffement.
Et ces effets sont irrémédiables. Car ils sont "aggravés par la pauvreté ou l’accès limité à des services. D’ores et déjà, entre 3,3 et 3,6 milliards d’habitants vivent dans des situations très vulnérables au changement climatique". D’ailleurs, les experts évoquent les incidences à venir pour les populations avec, en particulier, 1 milliard d'habitants des régions côtières menacés en 2050. Parmi les effets en cascade liés aux catastrophes naturelles de plus en plus rapprochées, le GIEC rappelle aussi les conséquences sur la production alimentaire, la hausse du prix des aliments ou encore la malnutrition…
Des interventions nécessaires
Mais décidément, avec ce nouveau rapport du GIEC, les différents gouvernements ont entre les mains toutes les informations nécessaires pour prendre des décisions éclairées. C’est un véritable coffre à outils pour élaborer de bonnes politiques d’adaptation. Car la synthèse du GIEC offre un portrait de la situation d’une précision inédite, en détaillant les données selon les grandes régions du monde. Pour chaque zone géographique, les experts proposent des interventions nécessaires.
C’est en quelque sorte, une feuille de route. Cette dernière leur signale les actions à éviter et même les dépenses inutiles. Ainsi, on y apprend que focaliser sa politique d’adaptation sur la construction de digues n’est pas une solution efficace à long terme, car les infrastructures deviendront désuètes trop rapidement. De la même manière, "combattre les canicules par la seule climatisation des immeubles n’est pas viable à long terme, étant donné la quantité d’énergie nécessaire", s’expriment les auteurs en pointant vers la solution la plus efficace pour s’adapter aux changements climatiques. Il s’agit notamment de préserver la nature tout en tablant sur les services rendus par les écosystèmes naturels.
Car protéger les forêts pour capter le CO2 et améliorer la qualité de l’air, sauvegarder les milieux humides pour favoriser la rétention d’eau, rafraîchir les milieux urbains en aménageant des espaces verts, etc. sont des ses solutions simples et connues. "Mais sans la protection de ces milieux naturels, les effets du climat seront décuplés et les tensions humaines, exacerbées", lit-on dans le document.
Par ailleurs, ce rapport est disponible en libre accès sur internet en anglais, mais existe également en résumé technique de 96 pages et un autre pour les décideurs faisant 37 pages. Quelque 270 auteurs représentant 67 pays y ont travaillé avec l’appui de 675 auteurs-collaborateurs. Le deuxième volet du rapport du GIEC (nouvelle fenêtre) a été rédigé par 270 scientifiques de 67 pays. Sa synthèse a été validée par les 195 pays membres dudit Groupe. En avril 2022, le Giec publiera un troisième volet concernant les solutions à mettre en place pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
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