Economie
Moussa El Malki: "Le programme exceptionnel de SM le Roi arrive à point nommé"
17/02/2022 - 15:11
Aïcha DebouzaC’est désormais confirmé. Cette année, une sécheresse inhabituelle frappe de plein fouet le Maroc. Afin de faire face à cette situation exceptionnelle, un plan d’urgence a été annoncé ce mercredi 16 février. Il vise à atténuer les effets du retard des précipitations, à alléger l'impact sur l'activité agricole et à appuyer les agriculteurs et les éleveurs touchés.
Les réserves des barrages sont au plus bas. S’adapter donc aux différentes conditions climatiques que connaît le Maroc est en tête des priorités. "Avant de parler de l’initiative Royale, il est utile de rappeler le contexte inaccoutumé dont fait face non seulement le Royaume, mais le monde entier", explique Moussa El Malki, professeur d’enseignement supérieur à l’Université Mohammed V de Rabat et chercheur en géographie politique et questions géostratégiques. Selon le professeur, certes, le Maroc n’est pas en situation d’aridité, mais les sécheresses récurrentes amènent à revoir les relations entre agriculture et ressources en eau.
"L’augmentation des prélèvements pour les usages agricoles et non agricoles, les tensions dans le partage de la ressource, les effets du changement climatique sur les écosystèmes naturels et sur les régimes hydrologiques font apparaître les limites de la ressource et la nécessité d'une gestion intégrée", relève le chercheur en géographie politique qui estime que l’intervention de SM le Roi Mohammed VI arrive à point nommé. Car pour un pays dont l’économie a été durement affectée par la crise sanitaire et qui est tributaire du secteur agricole (premier contributeur au PIB, à hauteur de 14%), des solutions urgentes s'imposaient.
"C’est une bonne initiative de SM le Roi Mohammed VI, car elle permettra de venir en aide aux agriculteurs ainsi qu'au monde rural. Ces quelque 40% des habitants du Royaume, sont très affectés par le manque de pluie cette année que ce soit en terme d’approvisionnement en eau potable, ou encore au niveau du bétail qui a énormément besoin des pâturages naturels, sachant que le secteur repose principalement sur l’agriculture et l’élevage", détaille Moussa El Malki. Afin de remédier à ces différents problèmes, SM le Roi a donné Ses Hautes instructions pour que le Fonds Hassan II pour le développement économique et social contribue à hauteur de 3 milliards de dirhams à ce programme, qui nécessitera une enveloppe financière globale estimée à 10 milliards de dirhams.
Dans cette lignée, ledit programme s’articulera sur trois principaux axes. Le premier axe porte sur la protection du capital animal et végétal et la gestion de la rareté des eaux, le deuxième vise l’assurance agricole et le troisième a, quant à lui, trait à l’allégement des charges financières des agriculteurs et des professionnels, le financement des opérations d’approvisionnement du marché national en blé et en fourrages, outre le financement des investissements innovants dans le domaine de l’irrigation.
Par ailleurs, et malgré une embellie pour les récoltes en 2021, une sécheresse alarmante affecte considérablement l'agriculture en ce début d'année. Le pays enregistre un sévère déficit pluviométrique. A ce jour, la moyenne nationale des précipitations a atteint 75 mm, soit un déficit des deux tiers par rapport à une saison normale, a détaillé le Cabinet royal. "Cette situation climatique et hydrique impacte négativement le déroulement de la campagne agricole, particulièrement les cultures d'automne et la disponibilité des pâturages", a-t-il déploré.
Début février, des prières ont été prononcées dans toutes les mosquées du Maroc dans l'espoir de faire tomber la pluie. Car la sécheresse devrait augmenter progressivement au Maroc jusqu'en 2050 sous l'effet d'une baisse de la pluviométrie (-11%) et d'une augmentation des températures (+1,3°C), selon le ministère de l'Agriculture. Elle entraînera une "diminution de la disponibilité en eau d'irrigation de plus de 25%", avait prédit un rapport du ministère de l'Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts.
"Nous espérons tous qu’il pleuvra bientôt. En attendant, j’espère que les dispositions seront adaptées à court et à long terme. Il faut donc à mon sens, repenser la carte agricole adoptée au Maroc pour que le pays puisse pallier aux différents besoins causés par les changements climatiques, le retard des pluies ainsi que le manque des besoins liés à la sécurité alimentaire des citoyens marocains", conclut le professeur.
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