Société
Face à Omicron, porter un FFP2 ou plutôt doubler son masque?
08/01/2022 - 13:30
Lina IbrizL’Allemagne, l’Autriche, l’Italie ont toutes récemment imposé à leurs résidents le port du masque FFP2 à l’extérieur. En Grèce, les autorités ont également recommandé le port de ce masque qui, plus ajusté sur le visage, plus couvrant, et surtout plus filtrant, est jugé comme étant le plus efficace de tous les masques.
FFP est une abréviation de «filtering face piece» (pièce faciale filtrante). Quant au chiffre 2, il fait référence à la norme européenne d'efficacité des masques délimitée entre 1, le grade le plus bas, à 3, le grade plus élevé.
Les masques FFP2 filtrent au moins 94% de tous les aérosols, y compris les virus en suspension dans l'air tels que le coronavirus. Ces masques jetables ont plusieurs couches de tissus différents, y compris un filtre en polypropylène, fabriqué à partir de polymère selon un procédé de «fusion-soufflage» pour créer de minuscules motifs de fibres irréguliers qui peuvent piéger les plus petites particules en suspension dans l'air.
Les études ont en effet montré qu'avec un bec de canard, le risque de s'infecter face à une personne contaminée est de seulement 0,4%. La raison, le tissu plus filtrant, tandis que la forme particulière laisse moins passer l'air.
"Un masque FFP2 protège plus que les masques classiques et chirurgicaux, mais à condition qu’il soit porté correctement et qu’il ne dépasse pas au maximum 8 heures d’utilisation continues", explique l'épidémiologiste, professeur de médecine préventive et spécialiste des maladies infectieuses, Jaâfar Heikel.
Et d’ajouter: "Dans les pays développés, on recommande de porter un masque FFP2 parce que ce masque, porté dans des endroits qui sont clos ou en public, permet de filtrer l’air et d’empêcher que le virus soit inhalé".
Néanmoins, la généralisation du masque FFP2 n’est pas aussi facile qu’on le penserait. "Un masque FFP2 n’est pas facile à porter. Quand il est porté, un test d’étanchéité doit être effectué. Si on souffle et qu’il y a de l’air qui sort, ce n’est plus un FFP2. Il n’est pas facile non plus de le porter pendant 8 heures continues, alors qu’une fois enlevé, il doit directement être jeté", souligne le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé.
Si le mode d’emploi de ce masque semble déjà compliqué, un autre obstacle entrave sa généralisation: son coût. Au Maroc, les masques FFP2 sont vendus à partir de 30 dirhams l’unité pour les masques sans valve et de 70 dirhams l’unité pour ceux avec valve. "Le prix de ce masque n’est pas à la portée de tout le monde", note le chercheur qui conclut que "recommander le FFP2 n’est pas pratique. Ce masque devrait rester réservé, comme il l’a toujours été, aux professionnels de santé".
Pour remplacer le FFP2, doubler son masque?
Avec un variant qui a un haut taux de reproduction tel qu’Omicron, le plus haut degré de protection est nécessaire. Bien que le masque FFP2 soit au "top du podium", il convient de rappeler que les autres types de masques, lorsqu’ils sont portés correctement, protègent aussi contre le virus et ses variants.
"L’enjeu majeur n’est pas quel masque on porte, mais dans la manière dont on le porte, la manière dont on le change et où est-ce qu’on le pose. Lorsqu’on voit les gens porter le masque au niveau du menton, le poser n’importe où et le remettre encore, ou alors porter des masques en tissu qui ne sont jamais lavés, cela ne sert à rien", avertit l'épidémiologiste Jaâfar Heikel.
S’agissant desl choix des masques pour lesquels les gens peuvent opter, le chercheur en politiques et systèmes de santé, Tayeb Hamdi, énumère les différents types: "Au top du podium, c’est le masque FFP2. Le deuxième degré c’est les masques médicaux ou chirurgicaux. Il y a aussi les masques grand public qui sont des masques non médicaux et puis les masques en tissu".
Et de poursuivre: "les masques chirurgicaux sont la meilleure option, mais si on n’a pas ces masques à sa disposition, il existe d’autres alternatives. Le double masque est une bonne option. On peut donc porter un masque non médical et mettre un masque en tissu au-dessus."
Selon le chercheur, le rôle du deuxième masque n’est pas de fournir une barrière physique face au virus, "mais d’assurer plus d’étanchéité au premier masque". Cette mesure permettrait de limiter la transmission du virus en réduisant les risques de fuite.
D’autant plus, "porter un double masque est aussi une bonne mesure pour les personnes qui ne sont pas vaccinées ou pour les personnes vulnérables", ajoute-t-il.
Enfin, si le débat autour des types de masques reprend de l’ampleur face à la propagation d’Omicron, les autres gestes barrières prennent également toute leur importance. "Plus que de doubler les couches de masque, il faut plutôt augmenter les couches de protection. Port du masque, distanciation, hygiène, vaccination … chaque couche apporte un plus", réitère Hamdi.
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