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Festival Gnaoua: près de 300.000 festivaliers pour cette 24e édition
25/06/2023 - 19:44
Sami NouaimClap de fin pour la 24e édition du Festival Gnaoua et Musiques du monde à Essaouira. Une édition exceptionnelle qui a laissé une empreinte indélébile dans les mémoires. La magie de cette édition réside dans la présence d'un public joyeux et festif, venu en masse des quatre coins du monde pour retrouver le festival dans toute sa splendeur. Près de 300.000 festivaliers ont arpenté les rues d'Essaouira, se déplaçant entre la place Moulay El Hassan, la scène de la plage, Borj Bab Marrakech, ainsi que des lieux emblématiques tels que Dar Souiri, Bayt Dakira ou la Zaouia Issaouia, pour vivre des moments intimes.
Cette édition exceptionnelle s'est distinguée par une programmation pointue, axée sur la communion, la joie et le partage. Pendant trois jours, plus de 35 mâalems ont offert des instants intemporels d'une rare beauté, mêlant fusion audacieuse et pure tradition gnaouie. Au total, 480 musiciens venus du Maroc et de 15 pays différents ont fait résonner les musiques du monde au-delà des remparts de la ville, avec une cinquantaine de concerts au programme. Des artistes des États-Unis, du Burundi, du Pakistan, de France, d'Allemagne, de Belgique et de Cuba, pour n'en citer que quelques-uns, ont répondu à l'appel des mâalems gnaouas, témoignant de l'engouement suscité par le festival.
Une 24e édition riche en fusion et en énergie
La fête s'est ouverte dans une atmosphère de joie et de retrouvailles, avec la fusion extraordinaire de deux patrimoines universels et la découverte de deux voix féminines puissantes. La parade traditionnelle a donné le ton dans l'allégresse, mêlant les sonorités des Tambours du Burundi représentés par la compagnie Amagaba et l'art de la tagnaouite illustré par les frères Kouyou.
Les festivaliers ont été transportés par les solos envoûtants du saxophoniste Jaleel Shaw et les moments de grâce interprétés par la chanteuse Sanaa Marahati. La soirée du jeudi 22 juin a également été marquée par la performance hypnotique et électrique de Selah Sue, qui a exprimé sa joie de découvrir un public si stimulant. La complicité entre le maâlem Khalid Sansi et le groupe El Comité, représentant le meilleur de la musique afro-cubaine, a prouvé une fois de plus que les sonorités africaines ont conquis le monde grâce à leurs influences variées.
La soirée du vendredi 23 juin a été marquée par le deuxième concert d'El Comité et la remarquable performance de Fehd Benchemsi & The Lallas au Borj Bab Marrakech. Sur la place Moulay Hassan, Eliades Ochoa, l'un des plus grands soneros de l'histoire de la musique afro-cubaine et membre du groupe Buena Vista Social Club, a plongé les spectateurs dans une douce nostalgie et a séduit les plus jeunes par ses rythmes entraînants.
La fusion entre le maître du Qawali Ali Faiz Ali et les Aissawa de Fès, "Nass El Hal", a galvanisé la foule avec sa spiritualité et son énergie positive. Les Hoba Hoba Spirit, accompagnés de leurs membres historiques Anouar Zehouani et Othmane Hmimer, ont offert l'un des plus beaux concerts de leur carrière, 20 ans après leur première participation au festival. Du côté de la scène de la plage, Maâlem Omar Hayat a enflammé la scène avec ses performances scéniques incroyables, tandis que les puristes ont pu vivre des moments d'extase en découvrant les rituels souri, roudani, mesfioui, chamali, dans la plus pure des traditions.
Les mâalems ont été au cœur du festival, clôturant cette édition en faisant briller la culture gnaoua et les rythmes africains de mille feux.
La soirée du samedi 24 juin a offert aux festivaliers une montée d'émotions puissante, mêlant fusions savantes, énergie débordante et rythmes du monde. Sur la scène du Borj Bab Marrakech, le Trio Joubran, originaire de Palestine, a rendu un vibrant hommage à Mahmoud Darwich, faisant chanter en chœur un public conquis.
Un moment fort de cette édition a été la rencontre entre le maâlem marocain Majid Bekkas et le talentueux vibraphoniste David Partois, accompagnés du génie du rythme du spoken word, le percussionniste argentin Minino Garay, du batteur Mokhtar Samba et du saxophoniste Axel Camil. Cette résidence illuminée a ébloui le ciel d'Essaouira de mille et une étincelles.
Ensuite, la puissance des divas d'Afrique s'est exprimée sur scène avec la rencontre des Amazones d'Afrique, Asmâa Hamzaoui et Bnat Timbouctou. Ce concert a confirmé l'enracinement profond du festival dans son continent, mettant en avant la fusion, le partage et le métissage.
Une autre performance marquante a été celle du maâlem Hamid El Kasri, accompagné de Jaleel Shaw, Torsten de Winkel et Mustapha Antari, qui a enflammé la foule avec une alchimie précieuse née de la rencontre entre les meilleurs musiciens du monde et la musique des maâlems gnaoua, un secret que seul le festival détient.
La clôture en apothéose sur la scène de la plage a été assurée par le célèbre groupe Gnawa Diffusion, porté par son charismatique leader Amazigh Kateb, qui a retrouvé son public d'Essaouira après plusieurs années d'absence. Ce concert explosif a suscité un enthousiasme indéniable parmi les spectateurs.
Forum des droits de l'Homme
La 10e édition du Forum des droits de l'Homme a ouvert des débats essentiels, animés par des intervenants de haut niveau. Cette 24e édition a également été marquée par des moments de rencontres, d'échanges, de débats et de réflexion sur toutes les voies possibles. Des voies qui peuvent mener vers un monde plus harmonieux, plus généreux et plus libre de penser et d'agir. Alors que les débats identitaires traversent, et parfois divisent les nations, le Forum des droits de l'Homme réunit un panel d'académiciens, d'intellectuels, d'acteurs associatifs et d'artistes pour explorer une thématique brûlante : "Identités et appartenances".
Pendant deux jours, des intellectuels, des artistes et des militants des droits de l'Homme ont participé à ces échanges. Le public du forum a ainsi eu l'occasion d'écouter et d'interagir avec des personnalités de renommée internationale telles que l'historien Patrick Boucheron, membre du Collège de France, l'anthropologue et historien Aomar Boum de l'UCLA, le professeur de philosophie Yacouba Konaté, la PDG de l'entreprise internationale Solvay, Ilham Kadri, ainsi que des artistes comme Minino Garay.
Répartis en six panels, les débats, enrichis par les discussions avec les participants, ont abordé des questions telles que "Les crispations identitaires, un mal universel ?", "Des identités sereines et un universalisme fraternel" et "Individus, communautés et nations: un besoin d'identité".
"L'essence et la philosophie du festival et du forum consistent à se retrouver dans un espace où l'on peut échanger librement et de manière égalitaire sur des questions essentielles à l'humanité", a rappelé Neila Tazi, la productrice du Festival Gnaoua et Musiques du monde. "La thématique du forum s'inscrit dans la relation avec l'autre, qui contribue depuis des siècles à ouvrir l'homme sur le monde, et c'est précisément ce que nous essayons de faire ici, ouvrir les esprits", a-t-elle déclaré.
Driss El Yazami, président du CCME, a souligné que la société marocaine est en train de découvrir, parfois durement, son nouveau visage cosmopolite. "Nous sommes confrontés à la gestion du pluralisme et de l'altérité, et tous les acteurs marocains sont interpellés à cet égard".
Fidèle à sa mission de transmission des savoirs, de préservation et de promotion de la culture gnaoua, l'association Yerma Gnaoua a lancé cette année le projet "Ouled Bambra". Une occasion pour la jeune génération de se confronter aux plus grands maâlems. Huit troupes de jeunes gnaouis, provenant de huit régions du Maroc, se sont produites devant un jury composé de professionnels du monde de la culture et de la musique, bénéficiant ainsi de leurs conseils et de leur accompagnement.
Cette année, sur les différentes scènes et espaces du festival, s'est jouée une fois de plus une partition unique au monde, mêlant une alchimie exceptionnelle, des rencontres intenses, des échanges sereins et de nouvelles amitiés.
Cela confirme que cette 24e édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde d'Essaouira s'inscrit plus que jamais dans une volonté de faire de ce festival un haut lieu d'expériences musicales inédites et de rencontres entre les mâalems Gnaoua et les plus grands musiciens de jazz ou de musique du monde, mais aussi un espace de débats d'idées pour repenser le monde.
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