Société
"Jood", une bouée de sauvetage pour les enfants mendiants
14/04/2021 - 22:46
Khaoula Benhaddou« Pour son bien, ne lui donne rien ». Tel est le leitmotiv de la campagne lancée par l’association Jood depuis le 20 mars 2021. Cette campagne qui a pour but de venir en aide aux sans-abris a suscité une grande polémique sur les réseaux sociaux. Pour revenir sur l’objectif de cette campagne et mettre en avant les actions menées par l’association, SNRTnews a rencontré la fondatrice de Jood, Hind Laidi.
Avec son franc parler, Hind Laidi, la fondatrice de l’association Jood, a su lever le voile sur un phénomène qui ronge la société : la mendicité des enfants.
Cette maman de deux enfants appelle les citoyens marocains à ne plus donner de l’argent aux enfants mendiants pour ne pas encourager leur exploitation par les réseaux de criminels. "Notre campagne a été largement critiquée sur les réseaux sociaux, les internautes nous ont attaqué pour la simple raison qu’on demande de ne pas donner de l’argent aux enfants mendiants. Ces personnes qui nous critiquent ne savent pas que ces enfants sont exploités par des réseaux de criminels", explique Laidi.
La présidente de l'association précise que la mendicité est un métier "juteux" puisque certains enfants sont loués à 150 dirhams la journée. Les femmes qui portent ces enfants peuvent gagner jusqu’à 450 dirhams par jour. "Le seul moyen de sauver ces enfants, c’est de ne plus leur donner l’argent. Un enfant qui passe son temps dans la rue à faire la manche ne peut pas aller à l’école, il n’apprend rien et rate sa vocation", insiste la présidente de l'association.
Pour étayer ses propos, Hind Laidi s'appuie sur les chiffres du Haut-commissariat au Plan (HCP) qui, dans un rapport publié en 2017 et portant sur la mendicité, affirme qu’un marocain sur 150 est mendiant. 62% d'entre-eux sont des professionnels de la mendicité. "Ces chiffres datent de 14 ans et nous avons tous remarqué l’ampleur qu'a pris ce phénomène", commente-t-elle. D'autres chiffres à preuve : l’UNICEF a recensé en 2015 25.000 enfants dans les rues des différentes villes marocaines. Des données de la DGSN attestent qu’en 2016, 5.893 mendiants professionnels ont été arrêtés dont 1.177 mineurs.
La responsable rappelle également que le ministère de la Solidarité en collaboration avec les procureurs de SM le Roi, ont mené une campagne pour délivrer ces enfants de ces réseaux criminels. Cette campagne a pu sauver 142 enfants, dont 66% sont âgés de moins de 4 ans et 27% sont âgées de moins de un an. Pour Hind Laidi, ces chiffres sont "suffisants pour comprendre la gravité de la situation".
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