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La Roumanie et la Bulgarie attendent toujours de rejoindre l’espace Schengen
06/12/2021 - 17:00
MAPMembres de l'Union européenne (UE) depuis 2007, la Roumanie et la Bulgarie attendent toujours de rejoindre l’espace Schengen et la fin du mécanisme de coopération et de vérification (MCV).
Imposé par la Commission européenne, le mécanisme de coopération et de vérification (MCV) est une mesure de sauvegarde lorsqu’un nouveau membre ou un État adhérent de l’UE n’a pas respecté les engagements pris lors des négociations d’adhésion dans les domaines de l’espace de liberté, la sécurité et la justice ou la politique du marché intérieur.
C’est le principal obstacle qui se dresse encore devant la Roumanie et la Bulgarie pour rejoindre l’espace Schengen, 14 ans après leur adhésion à l’UE. La Commission européenne étudie régulièrement les avancées réalisées par Sofia et Bucarest en matière de sécurité dans l’espace européen, en vue de lutter contre le développement du crime transfrontalier.
Des pays jugés "inaptes" par d'autres États
Conclu à Schengen au Luxembourg en 1985, puis adopté dans sa forme actuelle en 1995, l'accord de Schengen est une entente entre les pays membres afin de réguler le déplacement de la population transfrontalière. Il élimine les frontières internes afin d'y faciliter le flux et renforce les frontières externes, notamment par la collaboration des États.
Les ambitions de la Roumanie et la Bulgarie se heurtent à l'opposition de quelques pays membres qui doivent par consensus permettre l'adhésion d’un État à l’espace Schengen d'être membre de l’UE. Parmi ces pays figurent les Pays-Bas qui doutent de la capacité de la Roumanie et la Bulgarie à assurer un réel contrôle aux frontières contre l'immigration illégale et les différents trafics. Le premier ministre néerlandais Mark Rutte, un homme pointilleux sur l’adhésion à Schengen, juge ''incomplet'' le travail effectué par les bulgares afin de répondre aux critères d'admission à l'espace Schengen.
Plusieurs doutes persistent, selon lui, notamment ''les contrôles frontaliers inefficaces et la précarité économique (...) ne permettant pas à la Bulgarie d'atteindre les plus hauts standards de qualification à l'espace Schengen''. La Roumanie est à son tour, pointée du doigt par Bruxelles comme étant inapte pour le moment à rejoindre l'espace Schengen, affirment des pays membres, estimant que ce pays se retrouve dans un corridor important pour les migrations. La Roumanie est perçue par les Pays-Bas comme ayant des frontières poreuses.
La non-adhésion de la Roumanie à l’espace Schengen agace les autorités roumaines. Le vice-premier ministre roumain, Kelemen Hunor, s’est entretenu le 3 décembre avec l'ambassadeur d'Allemagne à Bucarest, Peer Gebauer, appelant Berlin à soutenir l'adhésion de la Roumanie à Schengen et à mettre fin au MCV. Pour le responsable roumain, Bucarest a rempli toutes les conditions et que d’un point de vue économique, c'est ''une perte énorme'', mais même d'un point de vue moral, il n'y a aucune justification pour reporter l'adhésion, a-t-il martelé.
Selon lui, la nouvelle coalition gouvernementale issue de la récente élection législative roumaine s'est engagée à mettre en œuvre les réformes incluses dans le programme de gouvernement, y compris la protection des minorités nationales et les droits de la communauté hongroise.
Un autre événement est venu retarder encore l’adhésion des deux pays à Schengen: l’éclatement de la grande vague migratoire dans les Balkans en 2015 aux frontières de la Bulgarie avec la Turquie et la Grèce. Pour des pays membres de Schengen, l’adhésion de la Bulgarie à l'espace européen pourrait être un risque pour les autres Etats de voir des migrants illégaux y transiter.
Le président roumain Klaus Iohannis a fait part de la frustration de ses concitoyens qui ne peuvent pas voyager librement, sans passeport et sans contrôle dans l'espace Schengen, appelant la commission européenne à se pencher sur le dossier roumain pour que le pays ne soit pas considéré comme un état de seconde zone.
A ce jour, roumains et bulgares peuvent circuler librement et travailler dans les autres pays de l'accord pendant un maximum de trois mois sans autorisation de travail. Ils sont par contre contraints d’obtenir un permis de travail lorsque le séjour dépasse les 90 jours.
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