Economie
Les inondations ont causé des pertes directes estimées à 450 millions de dollars par an
03/11/2022 - 21:39
Khaoula Benhaddou
En raison de sa situation géographique, le Maroc est particulièrement sujet aux inondations. Vingt événements majeurs ont été enregistrés entre 2000 et 2021, causant des pertes directes moyennes estimées à 450 millions de dollars par an. C'est ce qu'a rapporté la Banque mondiale dans un document sur le climat diffusé, ce jeudi 3 novembre. Ce rapport traite des dégâts et des efforts fournis par le Royaume pour faire face aux catastrophes naturelles.
Les inondations représentent la catastrophe naturelle liée au climat la plus fréquente au Maroc. Selon le dernier rapport de la Banque mondiale présenté ce jeudi 3 novembre, l’élévation du niveau de la mer constitue un facteur de stress à long terme "étant donné que le littoral du pays concentre plus de 65 % de la population et 90 % de l’industrie, l’élévation du niveau de la mer constitue un autre facteur de stress à long terme, en particulier pour les zones de faible altitude, où les risques d’inondations se verront exacerbés", lit-on dans le rapport. "Tout en reconnaissant qu’en l’absence de mesures d’adaptation, l’élévation du niveau de la mer pourrait causer des pertes massives", précisent les auteurs du rapport.
Exposition disproportionnée au risque d’inondation
Selon la Banque mondiale, "les cartes d’aléas et de vulnérabilité dressées pour différentes villes du Maroc semblent indiquer que les zones les plus vulnérables sont généralement des quartiers pauvres, souvent mal desservis par les transports en commun et éloignés des centres de santé et des casernes de pompiers" et d’ajouter: "ces zones sont également plus susceptibles d’accueillir des migrants climatiques dans les décennies à venir, ce qui pourrait créer une chaîne de réaction négative entre la pénurie d’eau et l’exposition aux risques naturels pour les populations pauvres et vulnérables".
Les efforts du Royaume
Le rapport de la Banque mondiale souligne aussi que le Royaume s’est doté d’une architecture sophistiquée de gestion et de financement des risques de catastrophe. "Depuis le début des années 2000, le gouvernement s’est attaché à mieux comprendre les risques critiques et à définir les rôles et responsabilités des différentes institutions concernées par la prévention des risques de catastrophe, la réponse et la reconstruction". D'ailleurs, d'après la même source, "le pays a notamment réorienté sa stratégie, en passant d’une approche d’urgence post-catastrophe à une approche de prévention privilégiant l’investissement dans la réduction des risques de catastrophe, tant structurels que non structurels. Le Plan national de protection contre les inondations (PNI) a été lancé en 2002 avec un budget de 25 milliards de dirhams (2 milliards de dollars) pour la période 2003".
L’étude rappelle également la création du Fonds de Lutte contre les effets des Catastrophes Naturelles (FLCN), qui a pour but de financer la reconstruction post-catastrophe. Ce fond a été par la suite transformé en un mécanisme innovant de cofinancement des investissements visant la réduction des risques de catastrophe et la préparation au niveau local.
Lors de la table ronde organisée ce vendredi avec les médias, Carole Megevant, l’experte de la Banque mondiale a souligné que "bien que le Royaume se soit doté d’un système sophistiqué de gestion et de financement des risques de catastrophe, ce dernier n’est pas encore pleinement opérationnel".
Dans le détail, le Maroc a également mis en place un régime sophistiqué d’assurance contre les risques catastrophiques qui reposent notamment sur la couverture des ménages assurés par le biais de primes supplémentaires reçues et gérées par des assureurs privés (au moins 8,9 millions d’assurés en 2021), mais aussi la rémunération de base pour les personnes et les ménages non assurés par le biais du Fonds de Solidarité contre les Evénements Catastrophiques (FSEC). Ce fonds devrait bénéficier aux quelque 95% de la population marocaine qui n’ont pas souscrit à une assurance.
Ces dispositifs restent selon les auteurs du rapport de la Banque mondiale insuffisants pour couvrir pleinement les besoins liés à la gestion des risques d’inondation. Les ressources financières mobilisées pour les investissements visant la réduction des risques restent également insuffisantes. Seul un quart des investissements initialement envisagés dans le PNI avaient été réalisés ou étaient en cours au moment de la mise à jour de cette stratégie en 2017.
Le PNI actualisé (2016-2036) cible plus de 1.000 sites sujets aux inondations et prévoit des investissements d’une valeur de 1,5 milliard de dollars.
En moyenne, ce chiffre représente un investissement annuel équivalant à environ 16 % des pertes moyennes annuelles dues aux inondations.
À ce jour, le FLCN n’a reçu qu’un budget annuel d’environ 20 millions de dollars. Globalement, les dispositifs de FRC privés et publics en place peuvent fournir des indemnisations qui couvrent entre 5 à 10% des pertes causées par des événements catastrophiques moyens avec des mécanismes de décaissement rapide (dans les semaines qui suivent un événement). Ce montant augmente jusqu’à 25% des pertes sur les actifs couverts lors d’un événement extrême.
Le rapport précise qu'il y a également des investissement non structurels qui doivent être plus systématiquement intégrés notamment un système d’alerte, coordination et utilisation de solutions naturelles comme le reboisement.

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