Economie
Prix du carburant: les pêcheurs se font du mouron, le poisson se fait rare
05/04/2022 - 12:00
Imane Benichou"L’activité dans certains ports a connu des arrêts forcés. Une diminution du stock de poisson a été signalée partout au Maroc, surtout pour les sardines. Mais, jusqu'à présent, nous n'avons pas décidé de faire grève", précise à SNRTnews Larbi Mhidi, président de la Confédération nationale de la pêche côtière (CNPC).
Frappés de plein fouet par la hausse des prix du carburant, certains pêcheurs n'osent plus naviguer pour ne pas travailler à perte. Les professionnels du secteur de la pêche ont alors exhorté le gouvernement à réagir. "Nous ouvrons actuellement les canaux de dialogue", a déclaré Mhidi, soulignant que la confédération a déjà rencontré Zakia Driouich, la secrétaire générale du ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime qui a informé le chef du gouvernement.
"Nous avons également adressé une lettre au chef du gouvernement pour discuter et trouver des solutions à cette situation et une autre lettre au ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, que nous étions censés rencontrer jeudi dernier, mais la rencontre a été reportée", a-t-il encore ajouté.
Pour le président de la CNPC, les professionnels du secteur de la pêche attendent la réponse du gouvernement cette semaine avant de décider de rester en quai, notamment pour les professionnels qui ne peuvent plus tenir face à cette flambée.
Lors de leur réunion avec la secrétaire générale du ministre de la pêche maritime, les professionnels du secteur de la pêche ont émis des recommandations. "Nous avons appelé pour la création d'un fonds de garantie qui fixe un plafond du prix du carburant que nous sommes en mesure de payer. Quand le prix augmente, l'État nous soutient et quand les prix du gasoil connaissent une baisse, nous continuerons à payer le même prix, et la différence est placée dans le fonds de garantie", a expliqué le président de la CNPC.
La deuxième proposition concerne certaines taxes qui sont déduites quotidiennement des ventes, des taxes "injustes", selon Mhidi, qui explique: "par exemple, la taxe de 4,5% que nous prélève l'Office national de la pêche (ONP) pour ses services, alors que l’ONP ne nous rend aucun service". Et de poursuivre: "Surtout avec cette crise que nous vivons, une taxe de 4,5%, cela chiffre. Il ne s’agit pas d’une somme négligeable".
"De plus, dans la pêche côtière, le pêcheur est un partenaire puisqu'il obtient 50% des revenus. Auparavant, si nous vendions 10.000 dirhams par jour, le pêcheur gagnait 100 dirhams, mais aujourd’hui 40 dirhams est le grand max qu’on peut supporter", a détaillé Mhidi. Le patron explique que les professionnels paient quotidiennement une taxe de vente de 17,5% et que le bateau consomme 11.000 dirhams, c'est le coût de la tonne de carburant pour 12 heures. Les moteurs sont d’énormes consommateurs de gasoil, "ils sont grands, de 400, 500 à 600 chevaux".
Il convient de rappeler que la Fédération des pêches maritimes (FPM) de la CGEM a également exprimé jeudi 24 mars à Rabat, sa "solidarité pour négocier avec les différents intervenants l’ajustement des prix du gasoil". Réunie avec la secrétaire générale du ministère de la Pêche maritime et des responsables du ministère, la FPM a soulevé "la préoccupation de l’ensemble de la profession de la pêche maritime quant à la flambée des prix du gasoil et plus particulièrement pour la filière de la pêche côtière qui est menacée par l’arrêt total de son activité".
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