Politique
Rentrée politique: le stress hydrique, le grand défi pour l'exécutif
26/08/2022 - 12:00
Mohammed FizaziDans un contexte marqué par un déficit pluviométrique et par une guerre en Ukraine qui se répercute sur toutes les régions du monde, la question de la sécurité alimentaire se pose aujourd'hui avec acuité. Le Maroc serait-il menacé par une pénurie de denrées alimentaires? Quels sont les principaux défis à relever dans ce sens?
Pour Rachid Aourraz, économiste et chercheur au Moroccan Institute for Policy Analysis, la sécurité alimentaire n'est pas sérieusement menacée au Maroc, mais il y a de nombreux défis imposés par la sécheresse et la guerre en Ukraine, ainsi que l'inflation au niveau mondiale. "Le Maroc est, certes, un pays producteur de produits agricoles, mais il continue à importer une grande partie de ses besoins. Si dans certains secteurs, la production dépasse la demande locale, dans d'autres, notamment céréalier, des viandes ainsi que d'autres cultures, il recourt aux marchés étrangers pour couvrir ses besoins", a-t-il déclaré à SNRTnews.
Concernant les défis, notre interlocuteur ajoute qu’ils sont liés au contexte économique mondial que le Maroc ne peut pas changer. La guerre en Ukraine affecte également les marchés de l'énergie et des céréales, en réduisant l'offre mondiale, ce qui entraîne une hausse des prix qui n'épargne pas le Maroc et qui n'est pas sans affecter le pouvoir d'achat des classes pauvres.
"Il y a un autre défi à relever et qui est lié à la sécheresse. Il s'agit ainsi de fournir de l'eau pour certaines cultures. C'est aussi un très grand défi, le Maroc connaît un stress hydrique et cela affecte son secteur agricole et la capacité d'assurer la sécurité alimentaire des citoyens", estime Rachid Aourraz.
Pour sa part, Nabil Adil, économiste et directeur du groupe de recherche géopolitique et géoéconomique à l’ESCA considère, dans une déclaration à SNRTnews, qu’avec la sécheresse qui s'abat sur plusieurs pays dans le monde, la question de la sécurité alimentaire se pose. Toutefois, il indique que les denrées alimentaires ne sont pas encore mises sous pression. "On n’est pas vraiment en phase de stress alimentaire, les experts parlent d’une possibilité de stress, mais le plus urgent n’est pas le défi alimentaire, mais le défi hydrique”, a-t-il alerté.
Et d’ajouter: "globalement, on n’a pas senti de problème au niveau des denrées alimentaires. Les marchés sont correctement approvisionnés, l’offre est régulière. En revanche, on commence à sentir, dans beaucoup de régions, un problème hydrique, certaines régions étant déjà passées au rationnement de l'eau".
Néanmoins, Nabil Adil estime que le danger n’est pas imminent en ce qui concerne la sécurité alimentaire, soulignant toutefois que cela pourrait devenir un problème à moyen terme si la situation perdure. "Quand il y a un danger, les prémices se font déjà sentir, ce qui n’est pas le cas actuellement, où tous les marchés sont correctement approvisionnés, et que les habitudes de consommation n’ont pas changé", a-t-il rassuré, soulignant que le principal défi reste celui lié à la politique de l’eau dans ce contexte de sécheresse.
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