Société
Rentrée scolaire 2022-2023: l'inflation n'épargne pas l'école
05/09/2022 - 18:20
Khaoula BenhaddouLe jour J est arrivé. Après avoir acheté les fournitures scolaires, rangé les cartables et payé les frais de scolarité, les parents, dépassés par les préparatifs, ont accompagné leurs enfants à l’école pour une nouvelle année riche en apprentissage mais aussi lourde en dépenses.
Il est 8h devant une école casablancaise. Les parents déposent leurs enfants à l’école et n’hésitent pas à exprimer leur colère aux responsables. "Les fournitures scolaires pour cette année m’ont coûté trop cher. Après avoir payé les frais d’inscription, la mensualité, le transport et la cantine, j’ai dû m’endetter pour pouvoir acheter les livres et tous les affaires pour mes enfants", se lamente un père de famille.
Cette grogne se fait sentir chez de nombreux parents dont certains ont même lancé un appel sur les réseaux sociaux. "Les prix des fournitures scolaires ont triplé cette année. Les responsables doivent faire face à cette hausse des prix qui menacent nos pouvoirs d’achats".
D'ailleurs, ce renchérissement du coût de la rentrée scolaire est confirmé par Noureddine Akkouri, président de la Fédération nationale des associations de parents d’élèves du Maroc. "Cette rentrée connaît encore une fois une hausse des fournitures scolaires. Une augmentation qui vient dans un contexte marquée par une inflation exceptionnelle qui vide les poches des ménages", a t-il lancé avant d'ajouter que "le prix de certains cahiers a triplé, sans parler des livres importés qui coûtent trop cher. Il est vrai que le gouvernement a négocié avec les éditeurs la non augmentation des prix des manuels, mais n’oublions pas que la majorité des écoles privées obligent les parents à acheter des livres importés et leurs imposent également des librairies bien précises", explique Akkouri qui ne rate pas l’occasion pour rappeler l’augmentation annuelle des frais de scolarité, de la cantine et du transport.
Une augmentation qui a poussé des milliers de ménages a opté pour l’enseignement public considéré très souvent comme le parent pauvre du système éducatif national. "Nous craignons que les élèves quittent le banc de l’école à cause de cette cherté. D’autres opteront pour les écoles publiques et devront faire face à l’absentéisme des professeurs et aux grèves interminables", conclut Akkouri qui appelle le gouvernement à faire face à cette hausse des prix.
Le Conseil de concurrence… un constat alarmant
Conscient de la situation, le Conseil de la concurrence a consacré une grande partie dans son rapport annuel aux problèmes de l’enseignement privé au Royaume.
Selon ce document, "le fonctionnement du marché de l’enseignement scolaire privé se heurte à un certain nombre d’insuffisances et de barrières qui affectent la performance concurrentielle de ce marché ou ayant trait à sa régulation".
Le conseil fait référence aux différenciations marquées en matière de services et de tarification. "La libre concurrence n’est pas incompatible avec l’application de prix élevés pouvant résulter de l’interaction des établissements avec le contexte concurrentiel du marché et le positionnement retenu par le promoteur. Toutefois, la validité de cette règle ne peut être toujours absolue, notamment lorsque la qualité et les caractéristiques des services commercialisés sont difficiles à évaluer et les familles confrontées à un manque de transparence facilitant leur choix de l’établissement scolaire", lit-on dans le rapport qui précise aussi que ce manque de transparence illustre "une forme d’incompatibilité avec le principe d’égalité des chances et d’équité qui doit normalement permettre à tous les enfants de jouir de leur droit constitutionnel à l’éducation".
Toujours d'après le même document, il faut "corriger cette dualité entre un enseignement public gratuit coûteux pour le budget de l’Etat et un enseignement privé à but lucratif visant à sécuriser les rendements du capital alloué ainsi qu’à équilibrer les dépenses et les revenus",
Le rapport rappelle que le marché de l’enseignement scolaire privé relevant du système national a compté, au titre de l’année 2019-2020, un total de 6.229 établissements. Plus d’un million d’élèves (1.068.423 élèves) y étaient inscrit durant l’année scolaire précitée. Les établissements de taille petite et moyenne, ainsi que ceux dont les prestations se limitent au programme du cycle primaire sont prédominants. Ils sont concentrés dans les régions de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Fès-Meknès.
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