Politique
RNI/PI: quand l'influence digitale se reflète sur les résultats des élections
19/09/2021 - 17:00
Lina IbrizTrois partis, à savoir le Rassemblement national des indépendants (RNI), le parti Authenticité et modernité (PAM) et le parti de l'Istiqlal (PI) sont arrivés à la tête des élections. Un point en commun entre les trois serait la digitalisation ; tous trois se sont distingués par une forte présence et d’une importante influence sur les plateformes numériques, grâce à leurs stratégies de communication digitales. Néanmoins, ce furent le RNI et le PI qui réalisèrent les progressions les plus remarquables au niveau des résultats des élections par rapport à 2016.
Dans son rapport, l’Observatoire des Opinions Publiques Numériques se focalise sur ces deux partis, afin d’évaluer l’influence des stratégies digitales sur les opinions et choix des électeurs, et par conséquent les résultats des élections. Le critère étant la progression qu’ont montrée les résultats de ces deux partis lors des échéances du 8 septembre et sa corrélation avec les efforts de communication digitale déployés par eux.
Une audience de 786 millions de personnes
La présence des deux partis sur les plateformes digitales se serait renforcée en deux semaines seulement, soulève le rapport. Le RNI et le PI auraient atteint une audience de 786 millions de personnes durant cette période, "ce qui revient à ce que chaque marocain ayant accès à internet se sera arrêté sur plus de 31 publications concernant un parti politique", explique le rapport. Facebook serait le support qui a permis à ces partis de diffuser leurs messages auprès 42,7% de la population touchée par les publications de ces partis politiques.
Le RNI et le PI auraient vaincu les armées numériques du PJD
Ayant été le leader de la digitalisation pendant des années, le PJD s’est vu dépassé par le RNI et le PI durant la dernière campagne électorale. En effet, les deux partis auraient cumulé une présence 55% sur les plateformes digitales lors de la campagne électorale. Bien que la prise de parole de Abdelillah Benkiran ait attiré 5 millions de vues en 24h, la campagne électorale a été marquée par un affaiblissement de la présence du parti sur les plateformes digitales. Ainsi, le rapport de l’Observatoire interroge ce "manque de dynamisme des prétendues "armées numériques du PJD"".
Médias numériques vs réseaux sociaux
Les réseaux sociaux constituent de nos jours le moyen le plus efficace pour véhiculer informations et messages auprès du plus grand nombre possible de gens. Néanmoins, lors de la campagne électorale s’étant déroulée du 26 août jusqu’au 7 septembre, ce furent les médias numériques qui auraient touché 54,6% de l’audience des deux partis, soit 430 millions de personnes. Les médias numériques auraient publié plus de 300 articles par jour pendant la campagne officielle.
"Il faut cependant remarquer, que sur leur page Facebook officielle, le RNI et le Parti de l'Istiqlal auront publié 630 posts en deux semaines (Parti de l'Istiqlal : 400, RNI : 230), augmentant ainsi fortement l'exposition de leur programme électoral", dénotent les auteurs du rapport.
Deux indicateurs clés de la dominance du PI
Le RNI s’est clairement distingué par sa stratégie digitale à travers le nombre de publications, notamment celles sponsorisées, la multitude des canaux et supports mobilisés, ainsi que par la diversité des contenus publiés. Tout de même, selon l’Observatoire des Opinions Publiques Numériques, ce serait le PI qui a eu la plus grande "capacité de mobilisation".
Dès lors, ce seraient les militants et les sympathisants du parti les auteurs du succès de la campagne digitale de l’Istiqlal suivi par une communauté qui était "la plus dynamique aussi bien sur les engagements qu’en viralité". Le rapport chiffre cette dynamique : "Il aura réussi à plus que doubler sa moyenne d'interactions pour 1000 fans, passant de 323 sur les 6 premiers mois de l'année 2021 à 898 pendant la campagne électorale officielle".
L’écart constaté au niveau des investissements entre les deux partis est donc réduit par la mobilisation des followers du PI. "Cette performance explique certainement aussi, la deuxième place du Parti de l'Istiqlal dans l'empreinte numérique globale, malgré la différence des moyens financiers mis en jeu entre les 2 partis sur cette période", exhibe le rapport élaboré par l’Observatoire.
Quel degré de digitalisation ?
La campagne électorale 2021 a certainement mis en lumière une nouvelle dynamique au sein de la scène politique marocaine ; une dynamique digitale qui ne permet pas uniquement de diffuser des messages auprès du public, mais de le mobiliser afin de renforcer les taux de transmission et d’exposition des messages politiques partisans.
Nonobstant, il serait trop tôt de parler d’une totale digitalisation des processus d’influence politique au Maroc. "Cette campagne aura reproduit sur internet les modes de communication traditionnels en privilégiant la diffusion de l’information partisane" conclu le rapport.
D’après l’analyse de l’Observatoire, alors que la plus grande part des messages des partis continent à être diffusés par les médias digitaux, la digitalisation des procédés politiques constatée lors des dernières élections n’a, en réalité, pas atteint le niveau permettant la création d’un nouvel espace de débat publique où interagissent les élites politiques et les citoyens. Pour ce faire, il faudrait prévoir une meilleure mobilisation des réseaux sociaux et axer les prochaines campagnes électorales autour de l’interactivité entre partis/candidats et électeurs.
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