Société
Sauvegarde du patrimoine immatériel: un pas en avant contre l’appropriation culturelle
29/11/2022 - 14:49
Mohammed FizaziLa préservation du patrimoine culturel immatériel devient importante à l’heure où l’appropriation culturelle devient monnaie courante. Dans son message, SM le Roi a souligné que des avancées significatives ont été réalisées dans plusieurs domaines se rattachant au patrimoine culturel immatériel. Pour les pays signataires de la Convention, les questions y afférentes sont désormais abordées dans une seule perspective : assurer prioritairement la conservation, la promotion et la mise en valeur de ce type de patrimoine.
La culture, ajoute SM le Roi, n’est pas seulement l’expression d’un génie créateur. "Elle est aussi le reflet des dynamiques civilisationnelles qui l’ont vue naître. Elle est, plus encore, une nécessité vitale de notre quotidien. Viatique pour l’âme et l’esprit, la culture tend une passerelle entre le passé et le présent et permet d’arrimer les individus à leur environnement social", a-t-Il déclaré.
Préserver le patrimoine culturel est une priorité
Ainsi, SM le Roi Mohammed VI a annoncé la création d’un Centre national pour le patrimoine culturel immatériel, dont l’une des missions sera de poursuivre l’inventaire méthodique du patrimoine national à travers le Royaume et à mettre en place une base nationale de données pertinentes.
Le centre organisera également des formations académiques organisées pour renforcer les capacités des professionnels chargés des mesures de sauvegarde, la nouvelle structure nationale sensibilise les jeunes générations à l’importance du patrimoine culturel. Elle aura également pour objectif d’évaluer l’efficacité des mécanismes de conservation des biens marocains répertoriés sur les listes du patrimoine mondial et de préparer les dossiers de candidature que le Maroc compte présenter à l’avenir.
La création de ce centre revêt une importance particulière notamment pour valoriser le patrimoine immatériel, et le préserver contre l’appropriation. Parmi les incidents notables à ce propos, l’usage, par l’équipementier sportif Adidas, d’une collection qui comporte des tuniques dont le design est visiblement inspiré du patrimoine historique et culturel marocain pour les maillots de l’équipe algérienne. Une appropriation "culturelle" qui n’est pas passée du côté du ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication. Le département de Mehdi Bensaid a donc chargé l’avocat Mourad Elajouti d’adresser une lettre de mise en demeure à Adidas, la firme allemande qui a produit lesdits maillots.
Cette dernière a annoncé, dans un communiqué, avoir trouvé une issue avec le ministère de la Culture, suite à cette polémique. Elle dit avoir tenu "des discussions constructives" avec le ministère de la Culture marocain, et qu'une "issue positive" a été trouvée suite à la polémique des tenues de football.
En guise d'excuse, la marque allemande aux trois bandes a expliqué s'être inspirée des motifs de Zellije, mais affirme que "son intention n'a jamais été de porter offense à quelconque partie". "Nous exprimons notre profond respect aux artisans du Zellije marocains et regrettons cette polémique", poursuit le communiqué, et conclut que Adidas "est opposée à tout préjudice portée contre l'intégrité culturelle et de l'histoire des peuples et des nations de manière générale".
Comment préserver le patrimoine culturel?
SM le Roi Mohammed VI souligne ainsi qu’’il est nécessaire de veiller à la protection, la mise en valeur et la sauvegarde du patrimoine immatériel pour qu’il reste un référentiel accessible aux générations montantes.
"Aujourd’hui, force est de constater que le patrimoine culturel a considérablement évolué sur le plan conceptuel. En effet, il ne sert plus seulement à désigner un ensemble de monuments historiques ou de pièces archéologiques. Il renvoie plus largement aux us et coutumes et aux expressions vivantes, héritées de nos ancêtres et transmissibles aux générations futures comme les traditions orales, les représentations artistiques et même les pratiques sociales", a lancé SM le Roi.
Ajoutant que la façon la plus judicieuse de relever les défis de conservation du patrimoine culturel est celle qui consiste à apporter un soutien collectif à la promotion de la recherche scientifique en encourageant les chercheurs et les personnes intéressés par la protection des acquis patrimoniaux.
A cet égard, SM le Roi appelle au renforcement de la coopération multilatérale internationale en matière de protection du patrimoine culturel immatériel. Pour cela, l’échange d’idées et d’expériences doit être favorisé autour des moyens de sa sauvegarde et des approches judicieuses qui doivent être élaborées pour sensibiliser les jeunes générations à l’importance des héritages culturels.
Par ailleurs, SM le Roi met l’accent sur la nécessité de numériser le patrimoine culturel dans toute sa richesse et le patrimoine immatériel dans toute la diversité de ses composantes. Cette opération doit être menée en totale synergie avec les évolutions du monde et à la lumière des défis numériques et technologiques auxquels il fait face.
Il convient de noter que jusqu'à présent, onze biens immatériels marocains figurent sur les listes du patrimoine immatériel de l'UNESCO, dont la tbourida, la fauconnerie, la calligraphie arabe et Gnaouas.
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