Société
Sauvetage de Rayan... Toute l'histoire !
06/02/2022 - 15:12
Imane BenichouChute
Dans l’après-midi du mardi 1er février, Rayan, un garçon âgé de 5 ans, perdu de vue, a été retrouvé par ses parents piégé dans un puits asséché de la maison familiale, à la commune de Tamrout, à Bab Bered, dans la région de Chefchaouen. "Son père est parti faire ses ablutions pour se préparer à la prière et c’est à cet instant précis qu’il est tombé dans le puits. Alors qu’il jouait comme à son habitude avec son ballon, il a dû trébucher et tomber dans le trou", avait raconté à SNRTnews l’oncle de Rayane.
Mobilisation
Les autorités locales ont aussitôt été mobilisées. Les secouristes ont engagé une course contre la montre pour tenter de sauver Rayan du puits d’une profondeur de 32 mètres. Les autorités ont suivi l'état de l’enfant grâce à une caméra suspendue dans le puits.
Les efforts de sauvetage se sont poursuivis lentement à cause de l’étroitesse du puits dont la largeur ne dépasse pas les 45 centimètres. Durant cette opération, les équipes de la protection civile "ont pu fournir de l’eau, de la nourriture et de l’oxygène à Rayan par des tuyaux", avait rassuré à SNRTnews Abdelhadi Temrani, membre du comité de la veille dans la province de Chefchaouen chargée de l’opération de sauvetage.
Des habitants locaux et des citoyens de villes lointaines se sont également mobilisés pour soutenir les efforts des autorités et proposer leurs aides.
Solidarité numérique
Sur les réseaux sociaux, les Marocains ont fait part de leur émoi et de leur solidarité, alors que les efforts de sauvetage avaient commencé, lançant le hashtag #Save_Rayan. L’incident a provoqué un immense élan de solidarité au-delà des frontières marocaines. Des politiciens, des joueurs de football, des artistes, des journalistes ont tweeté, commenté et participé à la campagne de solidarité.
En Algérie, Tunisie, Mauritanie, Egypte, Palestine, Jordanie, Iraq, Syrie, aux camps des réfugiés, au Sénégal, au Soudan, aux pays de Golf, en France, en Espagne, au Canada, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Ukraine, en Russie, etc, les voix de solidarité se sont levées pour sauver Rayan. Des prières ont été lancées. Des poèmes ont été récités. Le monde n’a pas dormi pour trois nuits de suite suivant en continu et en direct les opérations de sauvetage.
Scénarios de sauvetage
L’ensemble des moyens techniques et logistiques ont été mobilisés afin de sortir l’enfant du puits, avait précisé à SNRTnews Temrani. Pour ce, les équipes secouristes, dirigées par le ministre de l’Intérieur et le ministre de la Santé et la protection sociale et sous la supervision du Chef du gouvernement, ont élaboré trois scénarios. "Le premier scénario consistait à élargir le diamètre du puits", avait annoncé le porte-parole du gouvernement Mustapha Baitas lors d’un point de presse. Ce scénario a été ensuite écarté à cause de la nature du sol. "Cette opération est susceptible de faire tomber des pierres et de la terre sur l'enfant bloqué au fond du puits", avait-il expliqué.
Le deuxième scénario consistait à ce qu’un secouriste descende. "Mais cela n'a pas fonctionné car il s’est heurté à un obstacle", avait précisé Baitas. C’est ainsi qu’un jeune membre de l’Association d’escalade et de spéléologie de Chefchaouen, Imad, ayant l’expertise nécessaire, s’était porté volontaire pour entrer dans le puits. En vain ! Alors qu’Imad descendait, le puits était de plus en plus étroit. D’autres jeunes se sont portés volontiers pour descendre mais l’opération avait échoué.
Entre temps, les équipes de sauvetage et les techniciens poursuivaient des travaux de forages pour creuser un chemin détourné menant vers l'enfant piégé. Il s’agit du troisième scénario, le plus sûr : creuser verticalement et en parallèle avec le puits et puis tenter d'atteindre l'enfant via une brèche horizontale.
Moyens et expertises
"Le Maroc ne manque pas de moyens ni d’expertise", avait tonné Mustapha Baitas lors du point de presse tenu à l’issue du Conseil de gouvernement, précisant que le gouvernement n'hésitera pas à demander de l'aide, notamment en ce qui concerne des questions vitales pour le citoyen marocain.
"Le Royaume du Maroc a la capacité, l'expérience, la possibilité et le sens pour intervenir. C'est ce que nous faisons maintenant", avait-t-il poursuivi, faisant savoir que sur le plan médical, "toutes les ressources médicales ont été mobilisées et toutes les équipes sont prêtes pour accompagner médicalement l'enfant après son sauvetage". Un staff médical, une ambulance et un hélicoptère sanitaire bien équipé de la Gendarmerie royale avaient été mobilisés sur place.
Opérations de forage
Pendant quatre jours de suite, le creusement du cratère parallèle au puits a progressé prudemment, pour "éviter l’effondrement du sol", avait précisé Abdelhadi Temrani. Six bulldozers ont été mobilisés et des équipes de sauvetages, épaulées par des agents de la protection civile et des topographes sous la supervision des autorités régionales, ont réussi à creuser lentement, mais sûrement, la profondeur parallèle du puits de 32 mètres.
D’après le constat établi par l’équipe de SNRTnews dépêchée sur place, les équipes de sauvetage suspendaient les opérations de forage toutes les demi-heures, laissant place aux topographes pour prendre des mesures et localiser l’emplacement exact de Rayane avant de donner le feu vert pour la poursuite du forage. Vendredi 4 février, à deux mètres du niveau parallèle à l'emplacement de l'enfant, l'opération est devenue de plus en plus sensible appelant les équipes de sauvetage à plus de prudence. Le forage s’était arrêté à maintes reprises à cause des glissements de terrains et de la nature du sol, des couches étaient rocheuses et d’autres sableuses.
Une fois la profondeur de 32 mètres a été atteinte, les équipes ont entamé le forage horizontal afin de créer un espace de trois mètres reliant le trou au puits pour atteindre l’enfant. C’est l’étape "la plus complexe", selon Tamrani. Pour accéder au passage horizontal, la longueur du trou creusé horizontalement a été stabilisée par un cylindre. "Les vies des équipes de sauvetage ne peuvent être mises en danger", avait-il commenté, précisant aussi qu’il ne fallait pas aussi risquer l'effondrement du puits, "créé de manière informelle, il y a des années". Pour ce, il a été fait appel à des ingénieurs, des topographes, des experts et des éléments de la protection civile. A ce stade, le bénévole Ali Sahraoui, un foreur de puits expérimenté, avait effectué les avants derniers forages à la main. Son rôle a été amplement salué par les réseaux sociaux.
Samedi 5 février, les équipes ont continué de creuser manuellement la brèche horizontale, à l’aide d’outils spéciaux et surtout avec une grande prudence, de peur de provoquer un effondrement de la terre. Selon les informations obtenues par SNRTnews auprès des responsables de l'opération, un rocher avait entravé l’avancement de l'équipe de forage lors du creusement du tunnel, ce qui a provoqué un retard dans l'opération, qui a ensuite repris. "Un rocher a bloqué les équipes de secours. Il a fallu plus de quatre heures pour le surmonter", avait indiqué Tamrani, avant d’ajouter que 12 membres de l’équipe de sauvetage se trouvaient à l’intérieur de la fosse parallèle. L’équipe spécialisée de la Protection civile dépoussiérait progressivement et soigneusement la brèche horizontale pour éviter toute chute de la terre et de garantir au maximum possible la sûreté de l'enfant Rayane. Un ensemble de matériaux de secourisme a été mis en place afin de prendre en charge Rayane, immédiatement après sa sortie.
Extraction de Rayan
Une fois le forage manuel terminé, des équipes de secouristes ont accéder à la brèche pour s’enquérir de l’état de santé de Rayane. Son père et sa mère sont ensuite entrés au tunnel pour voir leur fils. Les éléments de la protection sociale ont ensuite fait sortir Rayane, sans pour autant préciser son état de santé.
Peu de temps avant 22h, SM le Roi a adressé un message de condoléances aux parents de l’enfant.
Un communiqué du Cabinet royal a ensuite précisé que "Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le préserve, a eu un appel téléphonique avec M. Khaled Aourram et Mme Ouassima Kharchich, parents du défunt décédé suite à sa chute dans un puits".
"En cette douloureuse circonstance, Sa Majesté le Roi, que Dieu l'assiste, a exprimé ses plus vives condoléances et sa sincère compassion à l'ensemble des membres de la famille du défunt en cette douloureuse épreuve, la volonté divine étant imparable, implorant le Tout-Puissant de l'accueillir en sa sainte miséricorde et dans son vaste paradis, et d'accorder patience et réconfort à sa famille qui a perdu son enfant. SM le Roi, que Dieu Le glorifie, a assuré qu'il a suivi de près les développements de ce douloureux incident et qu’Il avait donné ses Hautes Instructions aux autorités concernées pour prendre les mesures nécessaires et de déployer tous les efforts possibles afin de sauver le défunt, mais la volonté de Dieu étant imparable, l’enfant a répondu à l’appel du Très-Haut", a ajouté le communiqué.
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