Economie
Taux directeur, ligne de crédit modulable, flexibilisation du dirham... ce qu'a dit Abdellatif Jouahri
21/12/2022 - 13:00
Mohamed BerradaSuite à la dernière réunion trimestrielle de 2022 du Conseil de Bank Al-Maghrib, le Wali de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, a tenu une conférence de presse où il a notamment abordé la question de la sortie du Maroc de la liste grise du GAFI, le choix de l'augmentation du taux directeur de 50 points de base, la fluctuation et la stabilité du dirham... Verbatim.
Pourquoi une augmentation de 50 points, et quel est l’impact du premier relèvement par rapport au taux créditeur?
"Il est un peu tôt pour parler de l’impact de la décision de septembre dernier (première augmentation du taux directeur de 1,5% à 2%), pour la bonne raison que les enquêtes concernant les taux débiteurs se font trimestriellement. Nous attendrons le quatrième trimestre pour voir comment les banques ont répercuté les 50 points de base sur les clients.
Nous avons choisi une nouvelle augmentation de 50 points de base en se basant sur nos modèles qui montrent quel est le taux directeur en ligne avec les niveaux d’inflation actuels. Egalement, l’inflation reste à des niveaux élevés, mais elle est en baisse. Elle est passée de 6,6% en début d’année à 3,9%.
En cumulant l’augmentation de septembre et celle de décembre, nous arrivons à 100 points de base, ce qui est significatif. Nous estimons que c’est un niveau qui va permettre de mieux ancrer les anticipations d’inflation.
On verra comment les choses vont devoir se comporter à horizon 2024, avec la suppression de la compensation. En 2024, la compensation va se situer à 8 milliards de dirhams, et 200 millions de dirhams en 2025. Nous suivrons de très près ces évolutions. Nous verrons également si le pic de l’inflation est derrière nous ou pas, nous suivrons les biens échangeables… "
Est-ce suffisant pour contrer l’inflation?
"Avec le taux directeur, il y a la réserve obligatoire. Si les besoins du Trésor se font sentir, on ira sur le marché secondaire en tant que Banque centrale acheter des Bons du Trésor. Maintenant, le Trésor a utilisé ce qu’il possède lui-même : 21 milliards de la ligne de précaution et de liquidité, le marché des adjudications… si cela ne suffit pas et le marché ne répond pas, la Banque centrale peut aller faire des achats sur le marché secondaire des obligations de l'Etat. Si cette intervention est opérée, elle sera la première dans l’histoire de Bank Al Maghrib. Les statuts de la Banque centrale permettent d'ailleurs ces interventions. Le mécanisme d’intervention, le traitement comptable et les détails de ces opérations ont été verrouillés.
A quand la sortie du Maroc de la liste grise du GAFI?
"Une délégation du GAFI se rendra au Maroc en début d’année. Elle vient avec le principe que le Maroc a appliqué les recommandations. Le but de sa visite est d’observer les applications réelles et concrètes. Elle sera en contact avec les secteurs concernés par leurs recommandations. Leur rapport sera décisif lors de la réunion du GAFI qui se tiendra en avril 2023 à Paris, à l’issue de laquelle la décision finale sera prise sur la sortie du Maroc de la liste grise.
La sortie de la liste grise permettra au Maroc de bénéficier de la facilité modulable dans les négociations avec le FMI. Ce mécanisme de financement est réputé pour sa souplesse et assure aux pays admissibles l'accès immédiat à un montant élevé de ressources du FMI sans conditionnalité continue. Les agences de notation prennent également en considération cette condition dans leur évaluation".
Qu'en est-il de la prochaine étape de la flexibilisation du dirham?
"La délégation du FMI n’a pas abordé ce point lors de la dernière visite. Mais comme Bank Al-Maghrib le fait chaque trimestre, nous évaluons si la valeur du dirham est compatible avec l’état de l’économie marocaine ou pas. Pour le moment, il n’y a pas de désalignement du dirham, pour parler de dévaluation et de réévaluation".
Et la résilience du dirham?
"La valeur du dirham ne se résume pas dans la donnée commerciale. Les agences de notation, dans le cadre de la définition de la notation souveraine d’un pays, voient en premier lieu la stabilité. La stabilité et la sécurité sont, en effet, les conditions premières de tout développement économique. Les agences citent explicitement «le régime monarchique» comme étant celui qui assure la stabilité. Les équilibres macroéconomiques renforcent la stabilité d’un pays. Il faut cependant accélérer les réformes structurelles: cibler les populations démunies, élargir les marges budgétaires dont nous pouvons disposer, rendre plus productifs les investissements…
Avec la stabilité et la sécurité, le troisième ingrédient est la confiance. C’est ce qui assoie la valeur d’une monnaie".
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