Economie
Textile: un secteur qui s'est plutôt bien porté en 2021
26/12/2021 - 18:30
Aïcha DebouzaLa crise pandémique a été une onde de choc qui a secoué toutes les industries textile à travers le monde. Après une année 2020 très difficile, le textile national renoue avec la croissance. Selon le bilan dressé par le Plan d’accélération industrielle (PAI), le secteur textile permet de générer un chiffre d’affaires de 50,48 MMDH et de 36,5 MMDH à l’export, ainsi qu’une valeur ajoutée de 15,88 MMDH. Le ministère de tutelle a assuré qu’avec plus de 23% d’augmentation, l’industrie industrie enregistre la plus forte progression de ses exportations vers l’Union européenne (UE) depuis le début de 2021.
Forte dépense des exportations
Le secteur avait, inéluctablement, subi, les conséquences de la baisse de consommation et des fermetures et a, pour le cas marocain, révélé deux limites majeures. Il s’agit de la forte dépense des exportations vis-à-vis de certains débouchés notamment européens, d’une part, et, d’autre part, la faiblesse de l’amont textile. En réponse à l’Appel Royal de riposte à la crise sanitaire, la mobilisation de l’industrie du textile a permis au Royaume de pallier les besoins par la voie de la fabrication locale.
Selon Mohamed Lahlou, président du directoire de l’Ecole supérieur des industries du textile et de l’habillement (ESITH) et ancien industriel, la séquelle la plus grave qu’a laissée le virus est le coût de la matière première, que les opérateurs ne trouvent plus ou trouvent rarement à des prix très élevés. "C’est très mauvais pour le Royaume qui importe beaucoup de matières premières. Le coût du fret est donc devenu exorbitant, impactant le coût de revient, de plus en plus cher", explique le professionnel.
Mais Lahlou reste tout de même très optimiste. D’après lui, la nouvelle stratégie adoptée par le Maroc est extrêmement porteuse, du fait de consommer marocain. Une opinion partagée par Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du commerce. "La pandémie a eu un impact sur les marchés intérieurs, internationaux et donc sur la demande adressée au Maroc. Ce qui a créé un besoin d’adaptation et la bonne nouvelle est que le secteur industriel marocain est extrêmement agile et compétitif", a-t-il indiqué. Le ministre a également noté que ledit secteur a été parmi les premiers à être relancés en termes de réponse à la demande et à la nouvelle demande qui arrive.
"Nous avons pu récupérer en cette année, 98% des emplois perdus pendant la pandémie et le carnet de commandes est assez intéressant", ajoute Ryad Mezzour. Il précise que le "Made in Morocco", est en train de se développer mais pas suffisamment, poussant les professionnels à redoubler d’efforts pour lui donner "un peu plus de force et de présence à l’international".
Dans cette veine, et en observant les mutations dans les habitudes des consommateurs engendrés par le virus, l’Association marocaines des industries du textile et de l’habillement (AMITH), a développé une nouvelle vision, en cohérence avec le Nouveau modèle de développement du Maroc. DAYEM Morocco est la nouvelle vision du textile "made in Morocco" qui couvre les marchés local et international.
"L’AMITH a décliné une nouvelle stratégie pour le secteur du textile et de l’habillement marocain, qu’elle a baptisée : Dayem Morocco. Pourquoi Dayem? Dayem veut dire durable, qui est aujourd’hui le nerf de la guerre dans toute industrie. Lorsqu’on parle de la durabilité dans le textile, on parle de la durabilité temporelle, sociale, environnementale et économique des entreprises", explique Fatima-Zohra Alaoui, directrice générale de l’AMITH. Selon la spécialiste, l’objectif est de permettre à l’industrie du Maroc d’être plus compétitive et plus réactive aussi pour qu’elle dépende moins des intrants importés de l’étranger. D’où le volet lié à la conquête d’un nouveau marché, qui permettra au Royaume du Maroc de pouvoir diversifier ses marchés locaux.
Une nécessité plutôt qu'un choix
En effet, les habitudes de consommation ont changé, donnant naissance à de nouvelles tendances mondiales. Pandémie oblige. D’abord, le boom du e-commerce, accéléré par la restriction des déplacements... Le Centre monétique interbancaire avait annoncé au 30 septembre 2021, que l'activité e-commerce marocain ressort en progression de 48,4% en nombre et 30,5% en valeur par rapport à la même période de l'année 2020.
"D’autres mutations ont touché particulièrement le marché du prêt-à-porter : les consommateurs se dirigent vers une mode éthique et une consommation plus responsable, plus durable. C’est en observant les mutations que nous avons décliné cette nouvelle stratégie", ajoute la directrice de l’AMITH.
Par ailleurs, le secteur de l’industrie du cuir s’inscrit, quant à lui, dans une nouvelle dynamique basée sur le renforcement de ses acquis et le développement de sa compétitivité. Selon Ryad Mezzour, le secteur a réalisé un chiffre d’affaires à l’exportation de 4 MMDH et employé 17 020 personnes en 2019 et permis de créer, dans le cadre du Plan d’accélération industrielle, 7200 emplois stables entre 2014 et 2020.
"La force d’un secteur se mesure à sa capacité d’adaptation aux mutations qui s’opèrent à l’échelle mondiale. C’est un principe de base qui impose au secteur de se doter d’un amont fort. L’investissement dans la structuration de ce segment est primordial pour son développement et sa pérennisation", a affirmé le ministre, précisant que le secteur est appelé à garantir une meilleure intégration et plus de compétitivité.
Dans le cadre du Plan de relance industrielle (2021-2023), 26 projets d’investissement dans l’ensemble des filières du cuir ont été accompagnés avec un montant d’investissement prévisionnel de près de 525 millions de DHS et qui devraient permettre la création de plus de 8200 emplois stables. "L’évolution du secteur est en cours mais il faut se retrousser les manches pour mettre à niveau les entreprises du secteur du cuir avec les normes de développement durable et la décarbonation. Ce n’est pas un choix, mais une nécessité, et nous sommes là pour vous y accompagner", conclut Ryad Mezzour.
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