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Tout savoir sur le syndrome de l'imposteur
19/09/2021 - 10:00
SNRTnewsVous avez réussi haut la main vos partiels, vous êtes l’auteur d’un best-seller, vous venez d’obtenir une promotion au travail … et malgré cela un sentiment d’insatisfaction totale vous hante, nourri de doutes permanents quant à la légitimité de vos exploits. Il est fort possible que le syndrome de l’imposteur ne vous soit peut-être pas si étrange que cela. Éclairage de Ghizlane Ziad, psychologue clinicienne.
SNRTnews : Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ?
Ghizlane Ziad : Le syndrome de l’imposteur n’est pas un trait de personnalité, mais un état émotionnel que l’on peut ressentir dans certaines situations. La personne qui souffre du syndrome de l’imposteur aura l’impression de ne pas être « vrai », de ne pas être authentique et légitime et se croira inadaptée socialement. Elle peut même avoir tendance à dénigrer ses réalisations, à les attribuer à des facteurs externes (« si j’ai eu une bonne note, c’est uniquement parce que le professeur était de bonne humeur et non pas parce que j’ai fourni un travail de qualité. ») et à avoir peur d’être un jour démasquée.
Le syndrome de l’imposteur peut porter sur l’intelligence, les habiletés sociales, le rôle au sein de la famille, les activités sportives, les caractéristiques psychologiques ou encore l’apparence physique. Les gens qui en souffrent ont généralement une faible estime de soi et une image d’eux-mêmes assez négative, et ce malgré des preuves objectives de succès. Ils ont tendance à être dans la dévalorisation, car perçoivent mal leur intelligence et leurs compétences.
Hommes ou femmes… qui des deux en souffre le plus ?
Les sentiments d’imposture se manifestent indépendamment du sexe, du milieu professionnel ou encore du niveau d’études. On remarque, cependant, que les femmes sont plus enclines à en souffrir et cela s’explique par le fait que la société a moins d’attentes vis-à-vis de leurs performances et l’évaluation de leurs capacités est très souvent sous-estimée. Les hommes, à l’inverse, reçoivent plus de solidarité de la part de la société et donc vont moins se sentir « imposteurs ». Se rajoute à cela l’influence des stéréotypes sociaux : le ressenti de « tromper le monde » va être vécu avec fierté par les hommes, alors qu’il sera vécu avec honte et culpabilité par les femmes. A noter toutefois que le syndrome de l’imposteur tend à diminuer avec l’avancée en âge, car l’expérience et la pratique permettent de prendre confiance en soi et en ses capacités et gagner ainsi en légitimité (on attribue la sagesse aux anciens).
Quelles sont les causes du syndrome de l’imposteur ?
Le sentiment d’imposture trouve sa source dans les représentations d’intelligence et de performance inculquées durant l’enfance. Par exemple, si la famille a tendance à ne valoriser que les performances scolaires, sans que les réussites (dans ce domaine ou dans d’autres) ne soient félicitées, cela va fragiliser la confiance en soi de l’enfant. La dynamique familiale a également un rôle à jouer dans le formatage du syndrome de l’imposteur. Un environnement familial où l’on va surprotéger les enfants, où il y a beaucoup de conflits et où les demandes de performances sont exagérées, va être un terreau fertile pour développer un syndrome de l’imposteur. De plus, ces environnements et ces messages amènent souvent l’enfant à développer une identité basée sur un besoin d’approbation et de valorisation de la part de son entourage, voire une dépendance affective. Bien qu’il puisse se manifester à différents âges, on identifie rarement le syndrome de l’imposteur avant l’âge adulte. C’est à l’âge adulte qu’un contexte particulier, concurrence rude entre collègues de travail, par exemple, va favoriser l’apparition du syndrome et son maintien.
Comment savoir si on a le syndrome de l’imposteur ?
Il existe des tests accessibles sur internet et généralement, les gens diagnostiquent eux-mêmes leur syndrome de l’imposteur. Ils ressentent un malaise, une anxiété sociale, un sentiment d’illégitimité et font le lien.
Existe-t-il un traitement à ce syndrome ?
Le syndrome de l’imposteur est quelque chose que l’on peut travailler en psychothérapie. Le travail thérapeutique portera sur le fait de s’accepter dans sa globalité : avec ses qualités et ses défauts, ses compétences et ses lacunes, ce, dans le but de favoriser un potentiel d’amélioration ou d’évolution. Autrement dit : si on accepte l’idée que personne n’est parfait, on accepte l’idée que tout le monde est en capacité de progresser. L’enjeu de la thérapie sera donc la restitution d’une image positive, mais surtout réaliste de soi afin de diminuer la dépendance à l’évaluation négative. A terme, on notera une meilleure stabilité émotionnelle, car la personne sera moins préoccupée par ses erreurs et le jugement des autres, et sera plus centrée sur ses moyens d’action pour s’améliorer.
Quels conseils pour se libérer du syndrome de l’imposteur ?
Il n’est pas évident de déconstruire seul un syndrome de l’imposteur, mais on peut gagner en bien-être en essayant d’être plus tolérant, et moins sévère envers soi-même. Se concentrer sur les choses que l’on peut changer et sur lesquelles on peut avoir un réel moyen d’action. Par exemple, si on s’est senti incompétent lors d’une réunion, culpabiliser et se blâmer n’est pas vraiment productif et risque, au contraire, de bloquer le processus d’évolution. Il serait donc préférable de faire en sorte de gagner en compétences pour que cela ne se reproduise pas lors de la prochaine réunion.
Je conseillerai alors d’essayer de se montrer honnête intellectuellement et le plus authentique possible. Pouvoir se dire : « même si ce n’est pas une tâche confortable pour moi, je vais « juste » faire de mon mieux et…advienne que pourra ». L’idée étant que si l’on donne le meilleur de soi-même dans une tâche donnée, on sera moins dans l’autocritique en cas d’échec puisque l’on aura fait de son mieux.
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