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Abdellah Derkaoui : "Dans le monde arabe, l'enfant lit une ligne par an"
30/12/2020 - 16:42
Khaoula BenhaddouSNRTnews : Vous venez de remporter le prix du livre de l'enfant et des jeunes. Parlez nous de cette consécration?
Abdellah Derkaoui : Organisé par le ministère de la culture, cet événement a pour but de développer le secteur littéraire au Maroc et surtout d'encourager les écrivains à produire et à enrichir la culture marocaine. C'est un honneur pour moi de gagner le prix du livre de l'enfant surtout que cette catégorie est carrément inexistante au Maroc.
Justement, avant de parler des jeunes lecteurs, existe-t-il des livres pour enfants au Maroc ?
Malheureusement, non. Ce domaine n'attire par les éditeurs marocains. Ceux-ci se contentent des livres scolaires et de quelques histoires. Il faut aussi dire que les enfants ne lisent plus. Selon les statistiques, un enfant arabe lit une ligne par an alors qu'un enfant européen lit un à deux livres par mois. Le contenu des livres dans les pays arabes et au Maroc en particulier laisse à désirer. Les histoires de princesses et des contes de fée ne sont plus adaptées à la nouvelle génération.
En tant que dessinateur et caricaturiste, comment évaluez vous le contenu des livres pour enfants ?
C'est un autre problème. La majorité des dessinateurs ne sont pas spécialisés dans le domaine de l'enfance, mais ils y immiscent juste pour gagner un peu d'argent. Ainsi, la qualité n'est pas souvent au rendez vous puisque les éditeurs font appel à des personnes non professionnelles car cela coûte moins cher.
Comment peut on adapter ce contenu pour cette génération qui utilise les moyens de technologie?
C'est là où le bas blesse. Comme j'ai dit nos écrivains et nos éditeurs ne s'intéressent que rarement à la littérature d'enfants et se contentent de republier les fables et les histoires de grand-mère. Les enfants quand à eux préfèrent surfer sur internet pour jouer ou découvrir de nouvelles applications. Pour les enfants qui aiment lire, ils finissent par choisir des livres étrangers. Pour cela, il faut fournir plus d'efforts pour encourager les enfants à lire.
C'est le rôle de chacun de nous. D'abord un enfant qui voit ses parents bouquiner, le fera également, c'est ce qu'on appelle l'effet miroir. Les écrivains et les éditeurs doivent également s'impliquer et présenter un contenu ludique et adapté à la réalité et aux besoins de la nouvelle génération. Il faut également organiser des rendez-vous ou des compétitions de lecture et pourquoi pas digitaliser le contenu. C'est comme ça qu'on prépare une génération de lecteurs.