Technologie
Apple: des concessions majeures sur l'App Store
27/08/2021 - 19:30
AFP | SNRTnewsCritiquée sur son approche de la concurrence, la firme californienne propose un changement radical des règles de l’App Store, son magasin d’applis. Le géant américain a dévoilé dans un communiqué ce jeudi 26 août, le changement des règles qui devront être approuvées par un tribunal afin de mettre fin à des poursuites de petites entreprises développant des applications.
"Cet accord précise que les développeurs peuvent faire part d'offres aux utilisateurs en-dehors de leurs applis iOS (le système d'exploitation d'Apple)", indique le groupe. Concrètement, les applications pourront envoyer un email à leurs usagers pour les informer qu'ils peuvent acheter un abonnement, par exemple, sur leur site web. Dans ce cas, l'éditeur ne paie pas de commission à Apple.
Des services de streaming connus comme Spotify ou Netflix contournaient déjà la commission en n'offrant pas la possibilité de souscrire via l'appli. Mais ils ne pouvaient pas les orienter vers leur site internet. Sur l'appli Spotify, ce message s'affiche ainsi à côté des formules payantes : "Vous ne pouvez pas prendre d'abonnement Premium sur l'appli. On sait, ce n'est pas idéal". C’est à l'utilisateur de comprendre, comme pour Netflix, qu'il doit souscrire sur la plateforme en ligne. Ce qu'il faisait volontiers pour des services aussi populaires, mais pas forcément pour les petites applications.
Une position dominante dans le marché
Le nouvel accord prévoit aussi de donner plus de marge aux développeurs pour fixer les prix de leurs applis, des abonnements ou des achats au sein des applications. Apple entend enfin créer un fonds d'aide aux petits éditeurs américains, gagnant moins d'un million de dollars par an pour toutes leurs applis aux Etats-Unis.
Avec ces concessions, le fabricant de l'iPhone espère sans doute relâcher la pression sur différents fronts. Du côté des tribunaux, Apple attend prochainement le verdict dans le procès que lui a intenté Epic Games. L'éditeur du jeu Fortnite, comme de nombreux autres petits et grands développeurs, reproche à Apple d'abuser de sa position dominante en prélevant des commissions trop élevées sur les dépenses des consommateurs et en leur imposant l'App Store comme intermédiaire obligatoire entre eux et leurs utilisateurs.
Attaqué par Epic Games, Spotify, la Commission européenne ou encore par des parlementaires américains, Apple a toujours mis en avant l'impératif de sécurité et de confidentialité des données. Si iOS mettait en place un système plus ouvert, l'App Store deviendrait "un grand bazar", avait assuré Tim Cook, le patron du groupe, au tribunal.
La boutique numérique est le seul endroit où les utilisateurs d'iPhone ou d'iPad peuvent télécharger des applis tierces. Comme iOS est le deuxième système d'exploitation mobile au monde, après Android (Google), ces consommateurs représentent un marché juteux. Ils ont dépensé 643 milliards de dollars sur des applications en 2020, d'après Apple.
"Aucune chance" que l’accord apaise la fureur
Jusqu'à présent, le groupe avait principalement fait des concessions sur la commission, qui est de 30% sur les ventes dans l'App Store et sur les achats de biens et services numériques au sein des applis - le niveau standard dans l'industrie. Depuis le 1er janvier 2021, Apple applique un taux réduit de 15% pour les nouveaux venus et les développeurs ayant réalisé moins d'un million de dollars de revenus (après commission) l'année précédente. C'était déjà le cas pour les abonnements, à partir de la deuxième année.
Pas sûr néanmoins que ces preuves de bonne volonté suffisent à amadouer les ennemis du groupe de Cupertino. "Il est peu probable que (l'accord présenté jeudi) réussisse à satisfaire les développeurs", a réagi l'analyste Rich Greenfield, de Lightshed, sur Twitter. "Aucune chance", a renchéri Benedict Evans, un analyste indépendant spécialiste de la Silicon Valley.
Quant aux autorités, elles ne semblent pas sur le point de changer de ton. Saisie d'une plainte de Spotify, la Commission européenne a estimé en avril que le groupe à la pomme a bien "faussé la concurrence" pour évincer ses rivaux.
En août, des sénateurs américains ont proposé une loi pour réguler les deux boutiques dominantes et contraindre le duopole Google-Apple à s'ouvrir beaucoup plus à la concurrence.
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