Politique
Au parlement, le PJD réitère son opposition à la légalisation du cannabis
29/04/2021 - 00:06
Ghita IsmailiAprès la présentation la semaine dernière par le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit du projet de loi N°13.21 aux membres de la Commission de l’Intérieur, des collectivités territoriales, de l'habitat et de la politique de la ville à la Chambre des représentants, ces derniers se réunissent aujourd’hui pour la discussion générale du texte relatif à l’usage légal du cannabis. Le Parti de la justice et du développement (PJD) est le seul, jusqu’ici, à avoir exprimé des réticences sur le sujet.
"Au début, nous affirmons que les régions du Nord ont droit d’accéder à un développement global et durable dans le cadre d’un programme intégré pour remédier aux disparités sociales", a souligné Mustapha Ibrahimi, président du groupe parlementaire PJD, au début de son intervention, appelant au passage à l’adoption d’une "approche holistique pour développer ces provinces".
"La culture, l’usage et le commerce du cannabis est considérée, à l’instar d’autres drogues, comme illégale, conformément aux lois et textes législatives nationaux et internationaux, en raison de ses répercussions graves sur les plans économique, social, sécuritaire et environnemental", a ensuite estimé le député.
"Précipitation"
Pour lui, "tous les pays qui se sont précipités pour le légaliser ont vu la consommation du cannabis augmenter, en particulier chez les jeunes et les catégories vulnérables". Le projet de loi, qui prévoit la légalisation du cannabis à des fins médicales, thérapeutiques, industrielles ou cosmétiques, rappelle en introduction que "plusieurs pays ont changé leurs approches concernant la plante du cannabis en adoptant des lois visant à légaliser sa culture, sa transformation, son industrialisation", ainsi que "les importations et exportations".
Le 22 avril dernier, lors de la présentation du projet de loi en commission, le ministre de l'Intérieur a indiqué que des études ont déjà été réalisées au niveau national pour mesurer les bénéfices économiques et sociaux de la légalisation de "certaines de ses utilisations".
"Ces études ont montré que notre pays dispose d'opportunités réelles et prometteuses pour développer le cannabis médical, pharmaceutique et industriel", compte tenu des avantages dont dispose le royaume, a-t-il fait savoir. Il s’agit selon Abdelouafi Laftit d’un "système environnemental approprié, caractérisé par la qualité du sol et les conditions climatiques", mais aussi de la "situation géostratégique" du pays et de sa "proximité du marché européen florissant, considéré comme le plus attractif pour les produits du chanvre".
Le 3 décembre dernier, la Commission des stupéfiants des Nations unies (CND) a décidé de retirer le cannabis du tableau IV de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, où il figurait aux côtés d'opioïdes mortels et addictifs spécifiques, y compris l'héroïne et reconnus comme ayant peu ou pas d'objectifs thérapeutiques.
Mais pour Mustapha Ibrahimi, la décision du CND a connu une "division" lors du vote, puisque 27 pays étaient en sa faveur, dont le Maroc et 25 autres étaient contre. Le député du parti de la Lampe a appelé "à donner au parlement suffisamment de temps pour élargir le débat public" sur la question.
Le CNDH et le CESE sollicités
"Le PJD a été accusé de faire du sabotage par rapport à cette loi", alors que "la question qu’il faut se poser est pourquoi s’empresser pour faire passer un texte sur une question aussi sensible et stratégique, alors qu’il y a d’autres projets de loi plus importants et plus urgents comme celui sur la réforme du Code pénal qui a été retardé", a relevé Ibrahimi.
Pour mesurer son impact, le PJD a demandé l’avis du Conseil national des droits l’Homme "parce que ce projet de loi ne répond pas à la problématique sécuritaire et des poursuites judiciaires qui sont estimés à 58.000 selon le ministre de la Justice", a-t-il ajouté, précisant que son parti a aussi demandé au Conseil économique social et environnemental (CESE) de rendre un avis là-dessus.
Selon Ibrahimi, les objectifs de ces sollicitations "sont liés au fait que c'est une grande question qui doit être élargie en consultation avec les institutions constitutionnelles compétentes, les agriculteurs et tous les citoyens".
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