Société
Barrages: le taux de remplissage inquiète
22/08/2022 - 21:45
Mohammed Fizazi | Youness OubaaliSelon les dernières données officielles fournies par le ministère de l'Equipement et de l'eau, les réserves d'eau des barrages du Royaume, se situent à près de 4,3 milliards de mètres cubes, alors que la capacité totale de remplissage s’élève à 16,12 milliards de mètres cubes.
Le barrage Al-Wahda, le plus grand au niveau national, contient actuellement 1589,5 millions de mètres cubes, avec un taux de remplissage de 45,1%, contre 66,6% l'année dernière (2345,1 millions de mètres cubes).
Le barrage d'Al Massira, qui alimente en eau Marrakech, contient, pour sa part, 127,9 millions de mètres cubes, sa capacité naturelle étant de 2 657 millions de mètres cubes, ce qui porte le taux de remplissage à moins de 4,8%, contre 10,2%. l'année dernière.
Le barrage Sidi Mohamed Benabdallah, qui alimente Rabat et sa région, a vu son taux de remplissage passer de 56,3% l'an dernier à 29,6% cette année, à raison de 288,7 millions de mètres cubes, sa capacité de remplissage étant 974,8 millions de mètres cubes.
Les barrages du nord affichent, eux, le taux de remplissage le plus élevé, à près de 90% dans la plupart d'entre eux. Le taux de remplissage du barrage Oued Al-Makahzen, le barrage le plus important de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, a atteint 95,3% soit 21 millions de mètres cubes. Le taux de remplissage du barrage de Chefchaouen est de 85,3%, soit 103,82 millions de mètres cubes.
Le barrage de Ben El Ouidane, situé dans la région d'Azilal, auquel le ministère de l'Equipement et de l'eau a eu recours pour approvisionner le sud de Casablanca, a atteint un taux de remplissage de 9,5%, contre 22,8% l'an dernier, contenant désormais 114,9 millions de mètres cubes, sa capacité de remplissage étant de 1215 millions de mètres cubes.
Le barrage Moulay Youssef à Tansift, sur lequel s'appuie également le ministère pour approvisionner Marrakech en eau, a atteint un taux de remplissage de 13,8% contre 38,4% l'année dernière. Il contient actuellement 19,7 millions de mètres cubes et sa capacité de stockage est de 142,8 millions de mètres cubes. .
A la lecture de ces chiffres qui mettent en lumière la difficulté de la situation hydrique au Maroc, le chercheur en questions géostratégiques, Moussa El Maliki, estime que la situation environnementale difficile, marquée par les changements climatiques, appelle à revoir la stratégie du secteur agricole qui consomme le plus d'eau.
Il a expliqué, dans une déclaration à SNRTnews, que les grands barrages, qui ont prouvé leur efficacité depuis plusieurs décennies, atteignent désormais leurs limites, et sont confrontés à des défis majeurs, dont les faibles taux de remplissage, une forte évaporation et une haut niveaux de boues et de pollution.
Par conséquent, ajoute-t-il, les méthodes de stockage de l'eau doivent être repensées, renouvelées et innovées, afin de protéger l’eau de l'évaporation et de la pollution, développer des structures de stockage souterrain, et entretenir les canaux de distribution de l'eau d'irrigation, alimenter les nappes phréatiques, et valoriser les ressources en eau qui se jettent dans la mer, notamment au littoral méditerranéen, dont les eaux ne sont pas exploitées, et faire renaître le système des khettarats dans les oasis marocaines.
La carte agricole du Maroc, poursuit El Maliki, a besoin d'une révision complète et urgente afin de mettre fin à l'expansion démesurée des cultures qui consomment beaucoup d'eau (fraises, agrumes, eucalyptus, tomates, avocats, bananes, pastèque etc. ), notamment celles orientées vers l'exportation et répondant aux besoins des marchés internationaux, malgré la détérioration des niveaux des nappes phréatiques.
Notre interlocuteur estime que la réhabilitation de la culture céréalière (blé, orge, maïs,...), l'expansion de la production fourragère ainsi que la protection des semences et des chaînes de production marocaines résistantes à la sécheresse et à la pauvreté des sols, contribuent au renforcement de l'approvisionnement en eau du pays ainsi que de la sécurité alimentaire, et se reflétera positivement sur la protection des ressources naturelles.
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