Economie
Lutte contre le chômage: le gouvernement relevera-t-il le défi?
06/05/2024 - 11:24
Morad Karakhi | Mohammed FizaziDans son rapport concluant les consultations au titre de l'article 4 pour l'année 2024 avec le Maroc, le Fonds monétaire international (FMI) n'a pas ignoré la question de l'emploi au Maroc, soulignant que le taux de chômage avait dépassé 13% en 2023, un niveau que le royaume n'avait pas connu depuis la fin des années 1990.
Le FMI a souligné dans son rapport publié la semaine dernière que ce chiffre indiquait une baisse du taux d'emploi dans le royaume au cours de l'année écoulée, atteignant son plus bas niveau depuis 2018.
Le rapport a indiqué que les pertes nettes d'emplois au cours des premiers trimestres de 2023 étaient principalement enregistrées dans le secteur agricole, en raison de plusieurs années de sécheresse, soulignant que bien que les secteurs des services aient continué à créer des emplois pendant la même période, cela n'a pas suffi à compenser les pertes.
Il a également noté que l'industrie, la construction et les travaux publics n'avaient pas suffisamment contribué à la création d'emplois, comme cela avait été le cas au cours des quatre années précédentes.
Le rapport du FMI a souligné que les importantes pertes d'emplois dans le secteur agricole témoignent de la détérioration des indicateurs du marché du travail chez les femmes, en raison de leur forte présence dans ce secteur ; ainsi, en 2021, environ 52% des femmes travaillaient dans l'agriculture, contre 29% pour les hommes.
Le Fonds a insisté sur le fait que ses consultations avec le Maroc portaient sur les politiques nécessaires pour garantir la récente baisse de l'inflation et orienter les efforts vers le renforcement des équilibres budgétaires, tout en finançant les réformes structurelles nécessaires pour assurer une croissance économique génératrice d'emplois.
Les conditions climatiques n'ont pas aidé à réduire le taux de chômage cette année. En effet, selon une note du Haut Commissariat au Plan (HCP) sur le marché du travail publiée le week-end dernier, le taux de chômage a augmenté au premier trimestre de cette année pour atteindre 13,7%, ce que le HCP attribue à l'impact de la sécheresse sur le marché du travail.
Selon les données du Haut-Commissariat au Plan, entre le premier trimestre de 2023 et le même trimestre de 2024, 159 000 emplois ont été perdus en milieu rural, la plupart non compensés, tandis que 78 000 emplois ont été créés en milieu urbain, indiquant une diminution totale de 80 000 emplois.
Le HCP indique que le nombre de chômeurs au Maroc au premier trimestre de cette année s'élève à 1,64 million de personnes, impacté par la sécheresse qui a contribué à la perte de 159 000 emplois dans le monde rural.
Il souligne également une augmentation de 96 000 chômeurs, répartis entre 59 000 en milieu urbain et 38 000 en milieu rural, portant le nombre total de chômeurs à 1,64 million de personnes à l'échelle nationale, le taux de chômage passant de 12,9% à 13,7% au niveau national (+0,8 point).
Cependant, le Haut-Commissariat insiste sur le fait que ce taux est passé de 17,1% à 17,6% en zone urbaine (+0,5 point) et de 5,7% à 6,8% en milieu rural (+1,1 point).
Le taux de chômage reste élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, atteignant 35,9%, ainsi que parmi les personnes diplômées, à hauteur de 20,3%, et les femmes, à 20,1%.
Le gouvernement a placé l'emploi comme axe central de son programme pour le mandat en cours, en le considérant dans toutes les politiques publiques dans le domaine économique, dans le cadre d'une politique nationale de transformation économique, où l'emploi est l'un de ses principes fondamentaux, en plus du renforcement de la politique nationale sur les produits et services stratégiques, la promotion du produit marocain à l'échelle nationale et internationale et sa protection contre une concurrence déloyale.
Le gouvernement insiste sur le fait que cette politique repose sur cinq axes, le premier étant la relance immédiate de l'économie nationale et l'établissement d'un programme national et régional pour soutenir les startups dans les secteurs prometteurs, la mise en œuvre de réformes structurelles pour soutenir l'économie, la mise en œuvre de politiques sectorielles ambitieuses à la fois au niveau national et régional, et l'adoption d'une politique efficace pour soutenir l'activité économique des femmes, avec pour objectif de porter le taux d'activité des femmes de 20% à 30%.
Le Chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, lors de la présentation du bilan de mi-mandat du gouvernement devant le Parlement, a souligné que la prochaine étape exigeait la réalisation d'une croissance économique et sociale, insistant sur le fait que des efforts supplémentaires doivent être déployés pour fournir davantage d'emplois décents, considérant que l'emploi doit être une priorité absolue au cours de la seconde moitié de ce mandat.
Aziz Akhannouch, a déclaré, lundi 19 février 2024, à la chambre des conseillers, lors du huitième Forum parlementaire international sur la justice sociale, que le gouvernement avait décidé de consacrer la prochaine étape de son action gouvernementale à la question de l'emploi et d'en faire une priorité nationale.
Akhannouch a souligné que la prochaine étape exige la convergence des efforts et de la volonté totale pour accélérer le rythme de l'investissement productif pour les opportunités d'emploi, et développer la stratégie nationale en matière d'emploi pour permettre de fournir des opportunités d'emploi à tous les Marocains en milieu urbain et rural, et l'intégration des différents programmes pour une convergence maximale et l'amélioration de l'efficacité de l'intervention de tous les acteurs visant à créer des opportunités d'emploi décent.
Il a souligné que "le gouvernement mise sur la révision d'un ensemble de législations et de lois sociales liées essentiellement à la loi du travail et à la loi sur la grève, afin de consolider la stabilité et la paix sociale au sein de l'entreprise, en veillant à la mise en place de mécanismes de protection des travailleurs et des procédures pour une transition fluide vers l'économie structurée et le marché du travail réglementé".
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