Economie
CESE : l’inflation persistante exerce une pression sur le pouvoir d’achat
28/11/2023 - 11:43
Khaoula BenhaddouL’inflation a causé une hausse généralisée des prix des produits alimentaires qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages les plus vulnérables.
Le rapport du CESE précise que le Royaume a connu "une hausse quasi-continue des prix à la consommation, avec des taux d’inflation inédits qui ont atteint un niveau maximal de plus de 10% en février 2023 (plus de 20% pour les prix des produits alimentaires), après une moyenne de 6,6% durant l’année 2022 (près de 11% pour les prix des produits alimentaires)". Et de préciser "Cette tendance haussière des prix, en particulier ceux des produits alimentaires, pèse davantage sur les revenus modestes, étant donné le poids plus élevé de ces produits dans leur panier de consommation".
Cette inflation multifactorielle a pesé lourdement sur la classe moyenne qui dispose, selon le CESE, de "faibles marges de manœuvre pour résister à des chocs inflationnistes importants. Ceci est d'autant plus vrai qu'ils recourent souvent à des services sociaux de base, tels que l'éducation et la santé, proposés par le secteur privé à des tarifs plus élevés, face à une qualité des services publics encore en-deçà de leurs besoins et aspirations".
Quelles sont les causes de cette inflation ?
Si dans un premier temps l’inflation au Maroc était majoritairement importée ou d’origine externe (guerre russo-ukrainienne), le rapport du CESE précise qu’à partir de 2022 "la sécheresse combinée aux vagues de froid excessif se sont imposées comme facteurs internes, influant de manière non négligeable sur le coût des produits alimentaires".
Ce n’est pas tout, le rapport du CESE précise également qu’"il s’agit d’une inflation principalement dominée par des facteurs liés à l’offre et aux coûts de production dans certains secteurs, mais également influencée par des comportements anti-concurrentiels et des distorsions induites par le manque d’efficacité et d’organisation des circuits de distribution. Il n’y a pas lieu d’occulter, en outre, l’éventualité d’un phénomène d’inflation tirée par le comportement de marge de certains producteurs Greedflation".
Ces éléments permettront selon le CESE de sensibiliser "les pouvoirs publics à la nécessité de redoubler d’effort en matière de suivi des prix et marges excessives à un niveau de détail plus fin".
Les recommandations du CESE :
- Renforcer le contrôle des pratiques anticoncurrentielles, en imposant des sanctions suffisamment dissuasives en cas d’infraction, ainsi que des mesures à même d’atténuer l’accumulation de marges excessives.
- Étudier la faisabilité d’instaurer, de manière provisoire, un contrôle de prix pour certains produits de première nécessité qui ont subi une hausse significative ou qui revêtent une importance capitale en tant qu’intrants communs au reste des produits. Les articles 4 et 5 de la loi 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence offrent une ouverture propice à la mise en œuvre d’un tel mécanisme.
- Subventionner, pour lutter contre l’inflation des produits alimentaires, les intrants agricoles en particulier (les semences, les produits phytosanitaires, les aliments de bétail, etc.).
- Accélérer la réforme des marchés de gros en adoptant un dispositif ouvert à la concurrence et conditionné par le respect d’un cahier de charges tout en facilitant l’accès logistique à ces marchés pour les petits agriculteurs et coopératives.
- Accélérer la publication des textes d’application de la loi 37-21 qui ouvre la possibilité de la commercialisation directe des produits agricoles issus des projets d’agrégation, sans passer par les marchés de gros.
- Développer un système d'information dédié afin de garantir, autant que faire se peut, une totale transparence des marchés par rapport aux quantités échangées, mais également en matière de prix et de marges pratiquées.
- Accorder des aides directes aux ménages défavorisés pour atténuer l’impact sur leur pouvoir d’achat.
- Etudier la faisabilité d’une réduction exceptionnelle des taux de TVA, ciblant spécifiquement les produits de première nécessité pesant davantage dans le panier des ménages défavorisés et de la tranche inférieure de la classe moyenne.
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