Economie
Comment financer la couverture pour tous ?
12/02/2021 - 12:20
Khaoula BenhaddouUn webinaire organisé par OXFAM Maroc a eu lieu le mercredi 10 février 2021. Les intervenants ont échangé autour du rôle du Maroc dans sa réponse à la crise sanitaire et de l’impact des choix des politiques économiques dans la réduction des inégalités.
La chercheuse et enseignante Najat El Mekkaoui a traité le financement de la protection sociale. Pour commencer, la chercheuse a insisté sur la faiblesse de la couverture sociale de la population. Selon la spécialiste, «plus de 60% de la population n’a pas de couverture sociale. Les 2/3 de la population ne sont pas couvert par un régime de retraite».
Comment s’organise la protection sociale au Maroc ?
Après avoir présenté les différents dispositifs d’assurance sociale, Najat El Mekkaoui s’est focalisé sur les populations qui ne bénéficient d'aucune couverture sociale, «cette population qui a été la plus touchée par la crise sanitaire puis par la crise économique». «Le secteur informel au Maroc représente près de 8 emplois sur 10. La crise sanitaire a révélé le haut de l’iceberg puisqu’une grande partie de la population s’est retrouvée sans ressources et surtout sans accès au programmes sociaux », explique la spécialiste avant de présenter les efforts fournis par les responsables pour venir en aide à cette tranche de société. «Le gouvernement et les institutions ont réagi très rapidement. Il y a eu une réaction extrêmement rapide avec la mise en place de différentes mesures à la fois sanitaire, sécuritaire et financière. Le comité de veille économique a présenté des mesures très rapides dont l’indemnisation des travailleurs du secteur informel».
La réforme des programmes sociaux, une nécessité
La spécialiste a présenté les mesures d’urgences rapides prises par le gouvernement ainsi que les mesures à moyen et à long terme, «l’une des mesures phares c’est la généralisation de la couverture sociale. Cette dernière devrait permettre l’inclusion du secteur informel dans le tissu économique. La première phase a débuté en janvier et qui est consacré au développement de l’assurance maladie obligatoire et des allocations familiales. Une deuxième phase qui débuterait en 2024 et qui sera consacré à la généralisation de la retraite et à l’indemnité pour perte d’emploi».
Quid du financement ?
Pour Najat El Mekkaoui, les sources de financement sont multiples «le financement de la protection sociale est réalisé au Maroc par différentes cotisations mais également par la solidarité nationale mais ces ressources ne sont pas suffisantes». La spécialiste appelle à trouver des ressources supplémentaires pour pouvoir financer cet élargissement de la couverture. «Au Maroc, il y a des ressources supplémentaires qui pourraient provenir d’un élargissement de l’assiette des prélèvements à d’autres revenues que ceux du travail. On peut penser aux revenus de placement, au revenu du patrimoine mais aussi à des taxes spécifiques à des produits spécifiques ou à des produits polluants».
Pour la chercheuse, l’élargissement de la couverture amène aussi à une réorganisation du système de protection sociale «on peut penser à une évolution de la gouvernance et des dispositifs de protection sociale des financements qui proviendraient des différentes mesures qui seront en place. On peut penser à la réforme de la caisse de compensation là aussi c’est une évolution des modes de financement sur certains produits qui pourrait être mobilisé pour financer la couverture sociale».
Articles en relations
Africa
Société
Société