Economie
Décarbonation de l'économie: où en est le Maroc?
03/12/2021 - 07:00
Lina IbrizCette table ronde a permis de mettre le point sur les différentes mesures et initiatives adoptées par le Maroc et qui lui permettront d’atteindre l’objectif de réduire de 45% ses émissions de gaz à effet de serre. A travers leurs interventions, les participants ont exposé l’ensemble des axes envisagés dans le cadre de la transition vers une économie marocaine verte. L'échange autour de thématiques telles que la digitalisation, l'innovation et la synergie entre les secteurs public et privé a permis d'identifier les multiples opportunités que présente la décarbonation pour l'ensemble des acteurs.
Energies renouvelables et infrastructure
La dimension écologique est présente dans les différents plans de développement industriel au Maroc, alors que les politiques publiques deviennent de plus en plus orientées vers la démarche de décarbonation. La décarbonation de l’industrie est "aujourd’hui une composante indissociable de la trajectoire de développement prise par le Maroc", a indiqué le directeur des infrastructures au ministère de l’Industrie et du Commerce, Hicham Guedira.
Le Maroc a, en effet, misé depuis plusieurs années sur les énergies renouvelables pour faire face aux défis des changements climatiques. De ce fait, la transition vers des sources plus propres d’énergie est un choix systématique quant aux grands chantiers lancés dans le Royaume. "Chaque projet de mise en place de zone industrielle ou d’accélération industrielle est aujourd’hui pensé avec à l’esprit son alimentation en énergie renouvelable", a assuré Guedira. Et d’ajouter : "Le ministère réfléchit plus globalement avec la Banque mondiale à un label national des zones industrielles pour aller vers des parcs éco-industriels".
Bien que les énergies renouvelables soient un élément clé pour le processus de décarbonation, Guedira a affirmé que "le rôle des infrastructures va au-delà de la question de l’énergie. C’est une décarbonation directe et on pense aussi intégrer l’ensemble des aspects environnementaux et qui sont autant d’éléments de décarbonation indirects".
Réitérant Guedira a souligné que "quand on parle de décarbonation de l’industrie marocaine, ce n’est pas du greenwashing. C’est dans l’intérêt des opérateurs sur le plan économique et environnemental". Et d’ajouter : "C’est l’intérêt bien compris de l’Etat tant sur le plan économique que sur le plan environnemental".
Vers une mobilité durable et intelligente
Parler de la décarbonation de l’économie c’est nécessairement évoquer le secteur du transport. Premier consommateur d’énergie et responsable d’une grande partie des émissions de gaz à effet de serre, le secteur de transport représente les premières pistes auxquelles devrait s’attaquer la stratégie de décarbonation.
Selon Karim Benamara, Chef de service de la mobilité durable et de l’innovation au ministère du Transport et de la logistique, l’enjeu serait de "concilier le besoin de mobilité et atténuer les émissions de gaz consommation énergétique". Certes, il s’agit là d’une tâche qui n’est guère facile, mais le chef de la mobilité durable assure que sa division se déploie à fond pour relever le défi.
Si Benamara arrive à résumer le processus en trois mots : Avoid (éviter et la réduction de la demande en transport) - Shift (basculer vers des modes de transport plus propres) - Improve (améliorer l’efficacité énergétique des véhicules), la réalité est que la décarbonation du secteur de transport est une question qui est au centre d’une réflexion complexe axée autour de 5 axes :
1-Améliorer la performance énergétique des véhicules et diminuer leur dépendance au pétrole en développant le cadre réglementaire lié aux normes anti-pollution des véhicules et les systèmes de contrôle des émissions lors des visites techniques périodiques et en promouvant la mobilité électrique
2- Augmenter l’attractivité du transport en commun en améliorant la qualité des services et en misant sur la digitalisation
3- Améliorer la fluidité des flux à travers la continuation de l’extension des réseaux et autoroutiers routiers express et la réalisation des voies d’évitement
4- La digitalisation et l’innovation
5- La communication et la sensibilisation à travers la promotion de la mobilité durable
Une volonté politique
Le Maroc a voulu s’engager dans la dynamique internationale de lutte contre le changement climatique, en particulier via la signature de l’Accord de Paris sur le climat. Il s’agit d’une "volonté politique à très haut niveau", a affirmé le directeur du changement climatique, de la biodiversité et de l’économie verte au ministère de la Transition énergétique et du développement durable, Bouzakri Razi.
A travers cet engagement, le Maroc souhaite saisir les opportunités qui résultent des actions de décarbonation et qui sont non seulement d’ordre écologique mais également d’ordre commercial (en permettant aux entreprises marocaines l’accès aux marchés et une meilleure compétitivité) et d’ordre social (création d’emploi), a expliqué Razi.
Au total 61 actions et mesures seront mises en place pour arriver à l’objectif de réduire de 45% les émissions de gaz, a indiqué le responsable.
Selon lui, la volonté politique du Maroc "est confirmée par la stratégie nationale de développement durable qui vise à assurer une transition progressive vers une économie verte à l’horizon 2030. Elle est confirmée aussi par le plan climat national 2020-2030 qui constitue un cadre de convergence des politiques pour le développement d’une politique climatique au moyen et long terme".
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