Dépression: existe-t-il un remède efficace?

Au Maroc, selon des statistiques datant de 2005, la prévalence de la dépression est évaluée à 26,5 %, celle des troubles d’anxiété généralisée à 9 %, des troubles psychotiques à 5,6 %, celle de la dépendance à l’alcool à 0,1 % et aux substances psycho-actives à 2%.

Le phénomène de la dépression est donc bien prévalent au Maroc, comme partout dans le monde. Selon le Dr Hachem Tyal, psychiatre à Casablanca, la dépression est sous-diagnostiquée (seulement une dépression sur 2 est traitée), elle est devenue la première cause d’invalidité au monde, en plus de causer près de 800.000 suicides par an au niveau mondial.

Ainsi, comment reconnaître une dépression? Et fait-elle partie des troubles psychologiques et des pathologies psychiatriques? 

Différence entre déprime et dépression

A ce propos, le Dr Hachem Tyal note que la dépression est à la fois un trouble psychologique et une maladie psychiatrique. "Le trouble psychologique, chez le Marocain, renvoie à une maladie psychique mais légère, alors que la pathologie psychiatrique renvoie à une maladie psychique grave. En réalité c’est la même chose, car tout ce qui concerne le psychologique renvoie forcément à la pensée et au mental, c’est la même problématique, mais la distinction se fait dans la manière avec laquelle une terminologie se représente chez une personne”, a-t-il déclaré à SNRTnews.

Et d’ajouter: "la dépression est donc un trouble psychologique, une maladie psychiatrique et un trouble mental à part entière". Le spécialiste souligne, par ailleurs, la difficulté qu’on peut avoir à appréhender la dépression et la distinguer d’une déprime par exemple. "L’humeur renvoie à tout ce qui est d’ordre affectif, soit tout ce qui touche à la joie et la tristesse. Le trouble dépressif est une détérioration et une perturbation de cette humeur", a-t-il également confié.

Et à lui de poursuivre: "on peut normalement déprimer, pour diverses raisons (ex. rupture amoureuse, décès etc.), qui peuvent, le plus normalement du monde, affecter notre humeur. Mais ce n’est pas parce qu’on est déprimés que nous sommes entrés dans une maladie dépressive". Dr Tyal précise que le problème se pose quand la la situation d’une personne qui présente un certain nombre de symptômes (tristesse, mélancolie, fatigue etc.) ne s’arrange pas avec le temps.

"Le facteur temps est important; l’être humain étant naturellement auto réparateur, au niveau psychologique comme au niveau physique, il dépasse habituellement les moments de crises psychologiques et de difficultés sans aide extérieure. Ainsi, à partir d’un certain temps (une moyenne de deux semaines), quand le processus ne se met pas en place suffisamment ou quand les symptômes sont importants et impactent la vie de l’individu (ex.arrêts de travail à répétition, détachement relationnel vis-à-vis de l’entourage…), il faudra demander de l’aide", souligne notre interlocuteur.

Quels sont les traitements de la dépression?

Demander de l’aide, ajoute le psychiatre, signifie de consulter un spécialiste, qui va pouvoir approcher le problème à travers deux abords: psychologique et médicamenteux. 

L'abord psychologique concerne les techniques de soin de l’état dépressif qui sont psychothérapiques. Celles-ci sont codifiées, connues et efficaces sans médicaments. "Le problème de ces approches là c’est qu'elles demandent du temps, et quand on souffre psychologiquement de manière importante, il importe de soulager rapidement l’individu”, précise le spécialiste.

Et de poursuivre: "c’est là où la médication est importante. Il existe en effet des antidépresseurs qui agissent de manière efficace et qui sont beaucoup plus efficaces encore quand ils sont associés à un accompagnement psychothérapique. Il s’agit de l’approche bifocale, qui se fait à travers les deux traitements: psychologique et médicamenteux, qui permettent de régler le problème dans un relatif court terme".

Le Dr Tyal estime que les antidépresseurs permettent, entre autres, de remettre en place le processus précité d’auto réparation. "Beaucoup d’auteurs s’accordent sur le fait que c’est une explication qui peut être donnée au fait que la dépression ne se traite pas rapidement, et qu’il faut une moyenne de deux semaines, parfois un peu plus pour en sortir, car le traitement permet cette auto réparation, initiée ou aidée par la psychothérapie", confie-t-il.

Notre interlocuteur signale qu’il y a des approches thérapeutiques efficaces grâce à des médicaments que l’on prend pendant quelques mois (souvent entre 6 mois et un an), associés à une aide psychologique, permettant de sortir de la dépression définitivement. "Il y a bien sûr des personnes qui refusent la médication. Pour elles, il y a des approches psychothérapeutiques connues et efficaces, il suffit de les chercher auprès des psychologues et des psychiatres psychothérapeutes qui maîtrisent une technique psychothérapique”, a-t-il conclu.