Société
Gouvernance et financement de la recherche scientifique: le diagnostic du CSEFRS
06/04/2022 - 13:02
Lina Ibriz
Une récente étude de l’INE-CSEFRS a mis le point sur les défis de la gouvernance et du financement de la recherche scientifique au Maroc. En voici les principaux.
L’Instance nationale d’évaluation auprès du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (INE-CSEFRS) a présenté, mardi 5 avril 2022, lors d’un webinaire, les résultats du rapport d’évaluation sur «La recherche scientifique et technologique au Maroc».
L’étude réalisée avec les différents acteurs de l’enseignement supérieur a un triple objectif : fournir un panorama du système de recherche scientifique au Maroc et de son potentiel, mettre en avant les enjeux et les défis et in fine mieux éclairer la mise en œuvre de la loi-cadre n°51-17, promulguée en août 2019, concernant le CSEFRS. Basée sur une approche panoramique et systémique, l’étude a permis de mettre en lumière les principaux acquis et défis du système de la recherche.
La "complexité" de l'organisation, une limite pour la gouvernance
Le système de recherche au Maroc est "jeune dans des universités jeunes", souligne le rapport de l’INE-CSEFRS notant ainsi les limites de sa gouvernance. Faute d’un document de politique publique sur l’architecture cible de ce système dans sa globalité, le système de la recherche demeure complexe et manque en cohérence de ses composantes. Cette réalité s'est davantage compliquée par la multiplicité des organes impliqués dans la gouvernance empêchant ainsi de développer un système de recherche efficace et performant.
Ces limites peuvent être surpassées, d’autant plus que le système de la recherche au Maroc est toujours en cours de construction et que les acquis existants permettent de développer un système plus performant.
Ainsi, "l’organisation, les missions, les programmes et les projets des établissements de recherche scientifique et technique doivent tenir compte des principes de complémentarité, de coordination, de productivité et de mutualisation des structures de recherche, de même que de la rationalisation de l’utilisation des ressources financières et humaines et du développement de partenariats productifs public-privé dans le domaine de la recherche appliquée", recommande l’INE-CSEFRS.
La "faiblesse" du financement, un véritable frein
"L’État poursuit également ses efforts en vue d’augmenter le budget général alloué à la promotion de la recherche scientifique (…) et garantir la rationalisation des ressources, le partage des expertises et l’amélioration de la performance et du rendement", note le rapport de l’INE-CSEFRS. Néanmoins, comparé à d’autres pays ayant le même niveau de développement, l’effort financier demeure "assez faible", alors que le pays n’investit que 0,75% de son PIB dans la recherche scientifique. Un ratio qui reste faible aussi bien en comparaison à d’autres pays qu’en comparaison au ratio recommandé dans le cadre de la Vision 2015-2030 de 1% à court terme dans la perspective d’atteindre 1,5% en 2025 et 2% en 2030.
Le financement privé de la recherche scientifique reste à son tour limité, les ressources de R&D représentant 30,2% en 2016. Des ressources qui ont à peine évolué depuis 2010 (29,2%). À cela s’ajoutent la faiblesse et l’irrégularité des appels à projets. Entre 2008 et 2017, 14 appels ont été ouverts. Avec un taux de réussite de 25,6% et un taux d’utilisation des fonds s’élevant seulement à la moitié, ce volet de financement reste limité.
Paradoxalement, l'utilisation des fonds alloués demeure à son tour faible. Dans ce cadre, le rapport note les difficultés de gestion financière au niveau des universités pour les projets, "ce qui réduit le taux d’utilisation des fonds alloués aux appels à projets", alors qu’"un tiers des crédits est annuellement non engagé". Ce "taux ne mesure que l’engagement, c’est-à-dire que le taux d’exécution réel serait nettement inférieur", ajoute la même source.
En outre, un autre frein du financement est la "complexité et la lenteur des procédures (..), dissuadent beaucoup d’enseignants-chercheurs à s’engager dans des activités de recherche ou génératrices de recettes pour leur institution". Le rapport note aussi la faiblesse de la capacité administrative de l’université à accompagner ses chercheurs dans leur activité de recherche.
Dans la recherche de solutions, l’INE-CSEFRS a cité le modèle anglo-saxon, dont les universités disposent d’une fondation par université.

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