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Haja El Hamdaouia, l'éternelle reine du "Marsaoui"
05/04/2021 - 09:53
Malak BoukhariFigure emblématique de la chanson populaire, Haja El Hamdaouia née en 1930 dans le quartier Derb Sultan à Casablanca est la première à avoir réussi à moderniser l'«aïta marsaouia». Toujours souriante, la diva du chaâbi a su conserver un style élégant, dans tous ses spectacles. Elle a le secret de charmer son public, toujours vêtue d’une djellaba aux couleurs pétillantes et ses cheveux relevés en chignon. Sans oublier l’ami fidèle, celui dont elle ne se passe jamais, son «fameux» bendir.
Chapeautée par les "grands"
Fille d’un commerçant, Haja El Hamadaouia doit beaucoup à son père qui fut le premier à l’avoir initié à la aïta. Si Larbi Mohammed El Hamdaoui n’était pas doué dans le commerce, il respirait néanmoins la chanson et possédait une fibre musicale remarquable. Avec le peu de bénéfices qu’il réalisait, le père de la chanteuse marocaine organisait des fêtes dans sa modeste demeure pour savourer le plaisir des soirées hautement rythmées. Haja El Hamdaouia a donc baigné dans cet univers artistique depuis son plus jeune âge, prenant goût au son des bendir et des violons.
Le deuxième homme qui prit Haja El Hamadaouia sous son aile n’est autre que le grand chanteur marocain, Bouchaïb Bidaoui, une icône de l’art de l’aïta. Vers la fin des années quarante, le marsaoui était exclusivement dominé par des femmes comme Rwida Zahhaffa et Laârjouniya jusqu’au jour où Bouchaïb Bidaoui décide de leur emboîter le pas. Ce dernier a transmis à Haja El Hamdaouia toutes ses connaissances en la matière, la préparant ainsi à faire ses premiers pas dans le monde de la chanson marocaine.
Cette star du marsaoui a toujours croisé sur son chemin des personnes qui ont su voir en elle un grand potentiel. Lors d’une soirée, le compositeur Maâti El Bidaoui la remarque et c’est sans surprise qu’il lui propose une place parmi son orchestre «Al Kawakib». Ses débuts au sein du groupe ont été marqués par ses réinterprétations des chansons de Bouchaïb Bidaoui.
Audace et résilience
Profondément attachée à son pays, la chanteuse patriotique a, au milieu des années 1950, chanté des titres pour dénoncer la colonisation française. Sa présence au Maroc n’était alors pas sans danger, d’où son choix de s’exiler en France où elle commence à se produire dans des cabarets à Paris et devenir ainsi la première artiste féminine à chanter du chaâbi en Europe.
Hajja El Hamdaouia a connu un parcours semé d’embûches, mais elle a toujours trouvé la force de se relever et d'aller de l'avant. Pendant les années 80 et 90, elle connaît une traversée de désert. Elle avait du mal à subvenir à ses besoins. Elle habitait une modeste demeure.
Elle va connaître une résurrection durant les années 2000 où elle fera un triomphe à l’internationale : elle se produira notamment au Zénith, à l’Olympia, Bercy ou encore à l’Institut du Monde Arabe. Dans ses chansons, cette étoile du marsaoui chante l’amour et les tabous sans complexe, le Maroc ou la résistance et dénonce, entre autres, les injustices et les violences conjugales.
Le chagrin d’une mère
Un événement dramatique viendra chambouler la vie de Haja El Hamadaouia. Il s’agit du décès en 2017 de son fils à cause du diabète. "Je ne vois plus très bien à force d’avoir pleuré mon unique fils", avait-elle déclaré à un média marocain. Après cette épreuve douloureuse, l’état de santé de la chanteuse marocain s’est gravement détérioré.
Au grand dam de ses fans, l’ambassadrice du marsaoui, décide de mettre un terme à sa carrière à l’âge de 90 ans, laissant derrière elle un héritage musical exceptionnel dont elle a cédé tous les droits à Xena Aouita, fille de l’athlète marocain, Said Aouita, et étoile montante de la chanson.
Haja Hamdaouia a cédé l'âme lundi 5 avril à l'hôpital Cheikh Zayed à Rabat.
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