Economie
Investissement au Maroc: l'OCDE énumère les défis
12/09/2024 - 12:59
Mohammed FizaziL'OCDE a publié sa première étude économique sur le Maroc dans le cadre du "Programme Pays Maroc 2". Le rapport, finalisé le 1er août 2024, résulte d'une collaboration étroite avec les institutions marocaines et examine la situation économique du pays à la date du 30 juin 2024.
Dans son rapport l'OCDE analyse en profondeur la situation économique du Maroc. Bien que le pays ait enregistré une croissance régulière du PIB au cours des dernières décennies, de nombreux défis structurels persistent, notamment en matière de productivité et d'investissement privé. Le rapport propose un ensemble de réformes pour améliorer ces indicateurs, tout en soulignant la nécessité de rapprocher le Maroc des économies plus avancées.
Une croissance stable mais perfectible
Le Maroc a connu une croissance du PIB régulière ces dernières années, mais cette stabilité cache un retard persistant en matière de productivité. L'OCDE explique que la différence de productivité du travail entre le Maroc et les pays plus avancés constitue l'une des principales raisons de l'écart de revenus. Bien que les Marocains travaillent un plus grand nombre d'heures en moyenne, la productivité reste inférieure, ce qui freine la croissance économique et la création d'emplois de meilleure qualité.
L'OCDE souligne qu'une convergence plus rapide vers les niveaux de productivité des économies avancées stimulerait non seulement la croissance du PIB, mais améliorerait également les conditions de travail. Cependant, pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de relever les compétences de la main-d'œuvre marocaine et de renforcer les investissements privés dans des secteurs à plus forte valeur ajoutée.
Des réformes structurelles indispensables
Le rapport recommande la mise en place d’un programme de réformes structurelles pour améliorer la productivité du pays. L'une des priorités soulignées est l'amélioration des compétences des travailleurs marocains. Selon l'OCDE, un relèvement des compétences, notamment dans les domaines techniques et de gestion, est indispensable pour que le Maroc progresse le long des chaînes de valeur mondiales. À cet égard, la nouvelle Charte de l’investissement, bien qu’elle favorise déjà les initiatives du secteur privé, pourrait être mieux appuyée par des mesures visant à améliorer l'efficacité de l'investissement public.
Le rapport met également en lumière l'importance du **Nouveau Modèle de Développement (NMD)**, lancé en 2021, qui vise à transformer l'économie marocaine sur le long terme. Ce modèle est complété par divers plans sectoriels, comme le Plan d'accélération industrielle (2014-2020) et le Plan de relance industrielle (2021-2023), mis en place en réponse à la pandémie de COVID-19. Ces initiatives ont permis au Maroc de s'intégrer davantage dans les chaînes de valeur mondiales, notamment dans l'industrie automobile, qui est devenue un moteur clé de la croissance économique.
Malgré une amélioration générale de la productivité au Maroc, l'OCDE constate que ces gains sont limités par rapport au potentiel du pays. L'écart de productivité du travail avec les États-Unis, par exemple, est particulièrement marqué dans certains secteurs comme l'industrie manufacturière, où il s'est creusé au fil des ans. Le rapport note que dans des secteurs traditionnels comme le textile, l’écart de productivité est plus réduit, mais toujours significatif.
L'industrie automobile, secteur phare de l'économie marocaine, a joué un rôle majeur dans l'intégration du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales. Cependant, l'OCDE met en garde contre le risque de stagnation si le Maroc ne parvient pas à se diversifier et à attirer des activités à plus forte valeur ajoutée. Le pays doit continuer à monter en gamme dans ses productions et à encourager l'innovation, notamment en soutenant les entreprises locales.
L'importance des investissements privés
Le rapport souligne que, bien que les flux d'investissements directs étrangers (IDE) aient été massifs ces dernières années, l'investissement privé intérieur reste faible. Cette situation limite la capacité des entreprises marocaines à améliorer leurs performances. L'OCDE recommande de lever les obstacles à la concurrence et de réformer les entreprises du secteur public pour garantir des règles du jeu équitables et améliorer la répartition des ressources.
En outre, l'OCDE estime que l'investissement public, bien que vigoureux, pourrait être mieux orienté pour maximiser ses effets sur la productivité. Le rapport propose d'augmenter la part des investissements dans des secteurs à fort rendement social, tels que les infrastructures environnementales et les réseaux routiers ruraux, tout en encourageant une plus grande participation du secteur privé dans des domaines clés comme le transport et l'eau.
L'entrepreneuriat est un autre domaine où l'OCDE identifie des opportunités pour stimuler la croissance. Le Maroc se caractérise par un tissu entrepreneurial dominé par des petites entreprises : 91 % des entreprises comptent dix salariés ou moins. Cette situation limite leur capacité à accéder aux financements et à se développer, freinant ainsi la productivité. L'OCDE recommande d'élargir l'accès aux financements pour ces entreprises et d'alléger leur charge fiscale afin de les encourager à croître.
En parallèle, le rapport met en avant la nécessité de soutenir davantage l'innovation, notamment en créant de meilleures conditions pour tirer parti de la transformation numérique. L'OCDE propose également de renforcer les aides à l'innovation pour permettre aux entreprises marocaines de développer des produits et des services plus complexes, contribuant ainsi à l'augmentation de la valeur ajoutée des exportations.
Des perspectives dans l'industrie automobile et minière
L'industrie automobile, un des piliers de la croissance marocaine, doit se préparer à une transformation profonde dans les dix prochaines années, notamment en raison de la transition mondiale vers les véhicules électriques. Le Maroc, déjà bien intégré dans les chaînes de production de composants automobiles, devra anticiper ces évolutions et adapter son industrie à cette nouvelle réalité. Le rapport note que deux investissements chinois majeurs sont en cours dans la production de composants chimiques pour batteries.
Le secteur minier, et notamment la production de phosphates, offre également des perspectives de croissance, particulièrement dans le contexte de la transition énergétique mondiale. Le Maroc possède des réserves importantes de minerais comme le manganèse et le cobalt, essentiels dans la production de batteries et d'autres technologies propres. L'OCDE recommande d'intégrer ces ressources dans des chaînes de valeur industrielles afin de renforcer la création d'emplois et de valeur ajoutée.
Le rapport de l'OCDE présente un diagnostic détaillé des défis auxquels le Maroc est confronté en matière de productivité, d'investissement et de réformes structurelles. Bien que le pays ait réalisé des progrès notables, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour atteindre les objectifs de croissance à long terme.
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