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La gratuité joue-t-elle vraiment en faveur de la culture ?
10/10/2022 - 21:23
Ikram Zaid | Sami NouaimLes événements qu’a connus la soirée réservée au rap du festival L’Boulevard ont fait surgir plusieurs questions. Mais une seule s’est répétée sur plusieurs lèvres: la gratuité de la culture, joue-t-elle vraiment en sa faveur?
Pour Hicham Abkari, directeur du Theatre Mohammed VI de Casablanca et membre de la Fédération des Industries Culturelles et Créatives, le fait de payer un billet et celui de consommer la musique d’un artiste sont très liés, car ce dernier met à disposition du public un produit culturel consommable. “Si le produit culturel/artistique est musical, il se doit de suivre les tendances du moment et les exigences du marché. S’il est théâtral, le texte doit être très bon mais il faut également la participation de grands noms de la scène afin d’assurer une importante affluence”, explique-t-il.
Et un peu comme pour tous les produits qui s’écoulent dans les différents marchés, les mêmes questions se posent avant de sortir un produit artistique/culturel. “Qu’elle est la cible? Que cherche-t-elle comme produit? Quel est son pouvoir d’achat?”, explique Abkari. Toutefois, ce dernier indique que la question d’achat de billet pour des événements culturels non subventionnés “doit être régie par la loi de la concurrence”.
Quant à Massoud Bouhssine, Président du Syndicat marocain des professionnels des arts dramatiques, celui-ci met la lumière sur les bienfaits des subventions du ministère de la Culture aux différentes manifestations et projets culturels tout en notant la nécessité d’évaluer le modèle économique du domaine.
Ensuite, Bouhssine explique qu’il existe en fait deux types de subventions; “La première est consacrée à la production, tandis que la deuxième doit être réservée à la promotion. Le budget de la deuxième doit être plus important que la première, puisque le but de produire toute œuvre d’art est d’atteindre un large public”, indique-t-il.
Pour Bouhssine, il est impossible de parler d’industrie culturelle sans intégrer les citoyens/consommateurs. Les produits culturels ont également des objectifs à remplir. Ils peuvent être économiques, réalisant ainsi des revenus qui serviront à payer des impôts. Ils peuvent également être culturels notamment à travers l’influence de ces produits sur la société. Ces produits peuvent également jouer un rôle de “soft power” à l’étranger en faveur du Maroc.
Quant à la question de gratuité, Bouhssine estime qu’une bonne promotion des pièces théâtrales ne peut être que bénéfique. À vrai dire, explique Bouhssine, “la loi des subventions accordées au théâtre exige de présenter uniquement 10 spectacles seulement sous invitations (hors tickets) dans les théâtres et centres culturelles, le souci reste d’atteindre ce nombre afin de pouvoir présenter un autre dossier d’aide pour le compte de la saison théâtrale suivante”.
Selon Bouhssine, il est impératif de procéder à un changement de la saison théâtrale, soulignant qu’il n’existe pas vraiment d'inconvénients à présenter des pièces à succès plus que le nombre imposé par la loi en échange d’un ticket à un prix symbolique afin que plus de personnes puissent accéder à cet art.
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