Economie
Le Maroc face aux défis économiques et sociaux: perspectives de l'OCDE pour une croissance durable
11/09/2024 - 21:33
Mohammed FizaziLe rapport de l'OCDE sur l'économie du Maroc pour 2024, présenté ce mercredi 11 septembre 2024, met en lumière une trajectoire de croissance résiliente, malgré des défis importants tels que le séisme de 2023, les sécheresses récurrentes et les répercussions de la pandémie de COVID-19.
Dans ce contexte, le Maroc a entrepris plusieurs réformes pour encourager l'investissement, améliorer la protection sociale et renforcer la productivité. Cependant, des efforts supplémentaires seront nécessaires pour réaliser les objectifs de développement à long terme inscrits dans le Nouveau modèle de développement du pays.
Le rapport indique que le Maroc a connu une solide reprise après la pandémie et la crise énergétique mondiale, avec une croissance économique soutenue par la consommation, l'investissement et les exportations. Selon le rapport, "l’activité économique poursuit son redressement, tirée par la consommation, l’investissement et les solides résultats à l’exportation". En effet, les exportations, notamment dans les secteurs de l'automobile, des engrais et de l'aéronautique, ont contribué à la croissance du PIB, qui a progressé de 3,4 % en 2023. L'inflation a également montré des signes de stabilisation, passant de plus de 10 % début 2023 à environ 2 % en juin 2024, grâce à une politique monétaire stricte et des mesures budgétaires de soutien.
Le Maroc a mis en place des réformes budgétaires pour réduire son déficit, qui est passé de 5,4 % du PIB en 2022 à 4 % prévu pour 2024. Le rapport souligne que le gouvernement devra poursuivre ces efforts pour atteindre l'objectif de 3 % de déficit d'ici 2026. Parallèlement, une réorganisation des dépenses et de la fiscalité est en cours, avec une politique axée sur l'élargissement de la base d'imposition et la réduction des activités informelles, qui représentent une part importante de l'économie. L'économie informelle reste un défi majeur, car elle enferme une grande partie de la population dans des emplois de faible qualité et limite les recettes fiscales.
Les réformes sociales constituent un pilier central des efforts du Maroc pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens. Le rapport de l'OCDE met en avant l'extension de la couverture de l'assurance maladie et l'amélioration des aides sociales grâce à la mise en place du Registre social unifié. Cependant, l'OCDE recommande de renforcer davantage les incitations pour attirer plus de travailleurs dans l'économie formelle et de veiller à ce que les réformes sociales soient soutenues par un cadre budgétaire solide.
Malgré des améliorations dans certains secteurs, la productivité du travail au Maroc reste inférieure à celle des pays comparables, et l’investissement privé intérieur est encore faible. L'OCDE note que "bien qu’il se soit réduit, l’écart de productivité du travail entre le Maroc et les pays à la frontière reste important". Les réformes visant à améliorer le climat des affaires et à encourager l'investissement privé, notamment à travers la nouvelle Charte de l'investissement, sont essentielles pour stimuler la croissance. En 2023, le taux d'utilisation des capacités dans plusieurs secteurs industriels a atteint des niveaux record, signe de la dynamique en cours. Toutefois, la faiblesse des investissements dans l'innovation et la transformation numérique reste un obstacle à une croissance plus rapide.
Le rapport de l'OCDE souligne les défis persistants sur le marché du travail, notamment un taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes. En 2023, le taux de chômage des jeunes a atteint 35,8 %, illustrant le déséquilibre entre les compétences disponibles et les besoins des employeurs. Pour pallier cette situation, des programmes tels que Awrach et Forsa ont été lancés, visant à créer des emplois et à soutenir l'entrepreneuriat, avec un accent particulier sur l'inclusion des femmes dans le marché du travail. Malgré ces initiatives, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour accroître l'emploi formel et améliorer la qualité des emplois disponibles.
Le changement climatique et la gestion des ressources hydriques sont également des préoccupations majeures pour le Maroc. Le rapport rappelle que le pays s’est engagé à réduire ses émissions de carbone de 45,5 % d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cependant, la vulnérabilité du Maroc face aux sécheresses et à la rareté de l’eau représente un défi de taille. La gestion durable des ressources en eau, particulièrement en agriculture, devra être renforcée par des mesures telles que l’augmentation progressive des tarifs de l'eau pour mieux refléter sa rareté et ses coûts de production.
Le Maroc est à un tournant de son développement économique et social. Les réformes en cours, si elles sont menées à bien, pourraient permettre au pays d'accélérer sa convergence vers les économies avancées et de réaliser les ambitions de son Nouveau modèle de développement.
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