Art & Culture
L'importance du partenariat public-privé au coeur des deuxièmes Assises des Industries Culturelles et Créatives
02/10/2024 - 16:53
Mohammed Fizazi | Mohammed ChafiLes travaux des Deuxièmes Assises des Industries Culturelles et Créatives (ICC) ont été entamés ce mercredi 2 octobre 2024 à Rabat. Cet événement rassemble entrepreneurs, artistes, investisseurs et experts de renom pour réfléchir à l'avenir de la culture comme moteur de croissance économique et sociale.
Organisées par la Fédération des ICC de la CGEM en collaboration avec le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, et soutenues par l'Union Européenne, ces Assises visent à faire du Maroc un leader régional des industries culturelles. L’événement mettra l’accent sur la valorisation du patrimoine culturel et l’importance de l’innovation dans le financement des arts, avec des discussions sur le partenariat public-privé, l'impact de l'intelligence artificielle, et bien d'autres enjeux.
Le premier panel des Assises, intitulé "Partenariat public-privé: un atout gagnant pour la culture", a exploré comment ces collaborations peuvent stimuler l'innovation dans les arts.
Parmi les panélistes, le ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'Évaluation des politiques publiques, Mohcine Jazouli, a appelé à promouvoir un partenariat public-privé gagnant-gagnant dans le secteur culturel, notamment en matière des ICC, expliquant que ce type de partenariat est un vecteur de croissance et de développement pour l’ensemble des pays.
"L'Etat est là pour accompagner le développement de ce secteur et le renforcement de la culture, notamment à travers la valorisation du patrimoine culturel marocain, la création de nouvelles installations et infrastructures, la formation de l’ensemble des acteurs culturels, ainsi que le financement innovant", a-t-il expliqué.
La culture est le socle sur lequel s'appuie le développement socio-économique d'un pays, a-t-il relevé, ajoutant que la nouvelle Charte d'investissement place la culture parmi les secteurs stratégiques et prioritaires, compte tenu de son rôle dans la promotion du patrimoine national et de la diversité culturelle.
Faïçal Laraichi, Président Directeur Général de la Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision (SNRT), a insisté sur l'importance de l'audiovisuel dans la préservation de l'identité culturelle marocaine. Selon lui, "le visuel reste aujourd'hui le meilleur moyen de laisser une trace, utilisable par les générations futures pour connaître leurs traditions, leur société, leur histoire". Il a souligné que, même si cette mission de documentation culturelle n’est pas explicitement inscrite dans les textes régissant la SNRT, elle est devenue centrale: "Nous l'avons identifiée, nous l'avons assumée, et nous poussons dans ce sens. Chaque année, des dizaines de documentaires sont produits et diffusés sur diverses plateformes, consacrés à notre patrimoine".
M. Laraichi a également évoqué les défis structurels liés au financement des projets culturels, notamment le recours systématique aux appels d'offres. Il a expliqué que ce modèle, très administratif, limite la créativité: "Il y a peu de place à l'innovation, à la création avant-gardiste. Or, nous avons besoin d'avant-garde pour refléter les courants de pensée et l'identité de notre société". Il a proposé de nouvelles approches, comme l’achat d’œuvres déjà finalisées, ce qui donnerait aux créateurs plus de liberté pour exprimer pleinement leur vision artistique.
Un autre point clé du panel a été la nécessité d'une gouvernance plus flexible pour encourager les initiatives culturelles. M. Laraichi a souligné que le cadre réglementaire actuel "écrête la créativité" et qu'il est essentiel de mettre en place des mécanismes plus adaptés pour soutenir les projets innovants. Il a encouragé les acteurs privés à se pencher sur cette piste, en participant activement à la création d'œuvres culturelles.
Les échanges ont également mis en évidence l’importance croissante du partenariat public-privé pour financer et soutenir les industries culturelles. Les intervenants ont souligné que ces collaborations peuvent fournir des ressources supplémentaires et des infrastructures indispensables pour promouvoir la production culturelle nationale. "Il y a un véritable besoin de synergies", a déclaré M. Laraichi, en insistant sur l’urgence de repenser les modèles actuels pour permettre un développement rapide et efficace du secteur.
Lors du même panel, Fihr Kettani, vice-président de la Fédération des Industries Culturelles et Créatives, a mis en lumière les défis liés au financement pour les investisseurs privés dans ce domaine, appelant à renforcer l'entrepreneuriat culturel. Moky Makura, directrice exécutive d'Africa No Filter, a quant à elle insisté sur l'importance des données et de l'investissement dans la jeunesse africaine pour stimuler le développement des ICC.
Organisée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication et la Fédération des Industries Culturelles et Créatives de la CGEM, avec le soutien de l’Union Européenne au Maroc, cette 2ème édition des Assises des Industries Culturelles et Créatives permet de penser l’avenir de ce secteur dynamique, créateur de richesses, d’emplois, d’émotions et de sens au service du rayonnement du Royaume, tout en explorant les nouvelles tendances en matière de gouvernance, de financement et de transformation digitale.

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