Société
Nouveau sous-variant BA.2: faut-il s'attendre à une vague plus longue?
22/01/2022 - 18:31
Lina IbrizLa vague de transmission du Coronavirus liée à Omicron se poursuit depuis plusieurs semaines provoquant un rebond épidémique alarmant et mettant à l’épreuve les systèmes de santé et politiques de gestion de la pandémie des gouvernements à travers le monde. Alors qu’une fin de la pandémie était désespéramment attendue en 2022, aujourd’hui, le bout du tunnel semble à nouveau loin.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Omicron, également appelé B.1.1.529, comporte trois sous-souches principales: BA.1, BA.2 et BA.3. Le BA.2 n’est donc pas un nouveau variant né d’une nouvelle mutation du virus. Il s’agirait plutôt d’un sous-lignage dans la même souche d’Omicron. C’est "un sous variant de la même lignée d’Omicron, mais qui comporte une trentaine de mutations de plus que le mutant "original", dont presque une dizaine sur la protéine Spike qui permet l’entrée du virus dans la cellule humaine et qui est aussi la cible des vaccins", explique le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en systèmes et politiques de santé.
Un sous-variant invisible?
Détecté d’abord en Chine, en Inde et à Singapour, le sous-variant BA.2 d’Omicron s’est vite propagé en Israël, au Royaume-Uni, au Danemark, en Belgique et en France. S’il inquiète autant, c’est parce qu’il posséderait des caractéristiques difficiles à identifier par les outils de séquençages des laboratoires de dépistages. En clair, il serait presque invisible.
Appelé "Omicron furtif" pour sa capacité à être plus difficilement repérable lors de tests. En effet, le sous-variant serait indétectable par les tests PCR, explique le Dr Hamdi. Par ailleurs, "certains kits de criblage prennent BA.2 pour Delta, d’autres le prennent pour la version BA.1 d’Omicron", ajoute-t-il.
Pour faire le suivi de la propagation du BA.2, le séquençage, un processus "long" et "coûteux", est donc l’unique moyen efficace.
Plus contagieux, mais pas plus virulent
Hautement contagieux, l'OMS a signalé que plus de 99% des cas séquencés étaient au sous-variant BA.1 de l’Omicron, mais maintenant, la montée de BA.2 dans plusieurs pays suggère que BA.2 pourrait supplanter BA.1.
La "propagation planétaire est un premier indicateur de forte transmissibilité", indique Hamdi. Selon lui, les données scientifiques indiquent que la contagiosité du BA.2 "pourrait être plus élevée" que le sous-variant actuellement dominant dans le monde. C’est ce qui se confirme dans plusieurs pays, comme le Danemark où le taux des cas liés à ce sous-variant est passé de 20% à 45% des cas confirmés en l’espace de quelques semaines, fait valoir l'expert.
S’agissant de la virulence de ce sous-variant, l’évolution de la situation épidémique dans les pays où il est largement présent indiquent que "sa virulence pourrait être la même qu’Omicron", selon Hamdi.
Une résistance plus élevée aux vaccins ne serait pas à craindre non plus. "La résistance au vaccin et à l’immunité acquise par une infection antérieure ne serait pas différente de celle d’Omicron", souligne le chercheur.
Une vague de transmission plus longue que prévu
La nouvelle souche d’Omicron semble modifier les courbes d’incidence, alors que la décrue du taux de contamination dans certains pays n’est en effet pas aussi forte que prévue. "Dans plusieurs pays, une décrue des cas était attendue en ce mois de janvier, après que la vague d’Omicron aurait atteint son pic. Mais il y a eu, au contraire, une reprise des cas d’infection. Cela serait peut-être dû à ce sous-variant", indique Hamdi.
Ainsi, "si la transmissibilité plus élevée se confirme, peut-être cela va influer sur la vague actuelle qui pourrait devenir plus forte et durer plus longtemps".
Le chercheur estime que "la propagation du BA.2 ne changerait pas le cours de la pandémie, mais plus le virus se transmet, plus il y a de chances que de nouveaux variants apparaissent et que la pandémie continue plus longtemps".
Le Maroc est-il aussi menacé?
Le Maroc, même avec des frontières fermées, pourrait être touché par le nouveau sous-variant. "Lorsqu'on parle d'une forte transmissibilité et d'une propagation planétaire, cela signifie que le Maroc aussi pourra être touché", affirme Hamdi.
Selon l'expert, "la propagation de cette sous-couche nous rappelle une vérité importante: aucun pays et personne n'est à l'abri. Elle nous rappelle aussi qu'aucun gouvernement et aucune personne ne doit baisser la garde. Les citoyens et les gouvernements doivent rester vigilants, la vaccination doit se poursuivre et le respect des mesures sanitaires aussi", conclut le chercheur.
Articles en relations
Monde
Société
Société
Société