Paiement innovant: le Maroc face à l’utilisation des cryprotactifs/stablecoins

Les innovations technologiques financières et les risques associés constituent un défi de taille pour les autorités financières nationales. C’est le cas notamment pour l’utilisation de plus en plus accrue des crypto-monnaies privées et les méthodes de paiement innovants dans de nombreux pays au détriment de la monnaie fiduciaire. Cette évolution qui s’est accentuée notamment au cours de la crise pandémique posent un défi réel aux Banques centrales amenés à innover et à évoluer dans la manière dont elles gèrent leurs missions. Car, le risque d’utilisation massive par les agents économiques des «Stablecoins» comme le Libra et des «crypto-actifs» tel que le Bitcoin, se traduirait par une moindre utilisation de la monnaie souveraine nationale, ce qui limiterait le contrôle des opérations monétaires par la banque centrale nationale. D’autant plus que l'absence d'autorité centrale ou d'administrateur unique a fait que les crypto-monnaies soient le principal moyen de transactions au niveau des marchés criminels et illicites, comme le terrorisme, le trafic d'armes ou encore la traite des êtres humains.

Le Maroc n'est pas en reste

Le Maroc est également concerné par cette montée en flèche de la crypto-monnaies. A titre d’illustration, "l’analyse des volumes de transactions hebdomadaires affichés sur le site «Coin Dance» a révélé un certain engouement pour le «Bitcoin» qui s’est reflété par une augmentation sensible des volumes des transactions en 2020", lit-on dans le rapport 2020 sur la stabilité financière tel que publié par Bank Al-Maghrib, l’Acaps et l’AMMC. Tenant compte de ces évolutions, Bank Al-Maghrib, à l’instar des autres banques centrales, s’est penchée dans le cadre d’une démarche proactive sur ces questions. "Dans ce sens, un comité a été mise en place afin de définir, entre autres, les mesures à prendre visant l’encadrement de l’utilisation des cryprotactifs/stablecoins au Maroc", rapporte le même document.

Quelle réglementation?

Force est de noter que la réglementation des changes au Maroc interdit l'utilisation de monnaies virtuelles dans les transactions financières avec l'étranger, qui ne doivent être effectuées que via les banques marocaines et avec les devises cotées par BAM.

De même l'investissement à l'étranger dans les crypto-monnaies comme actif, ou toute autre forme d'investissement n'est pas permis par la réglementation des changes en vigueur. Les conditions d'investissement étrangers sont bien définies par l'instruction générale des opérations de changes.

D’ailleurs, il y a quelques mois, Bank Al-Maghrib (BAM) et le ministère de l'Economie, des finances et de la réforme de l'administration ont publié une capsule vidéo dans le cadre des efforts de sensibilisation aux risques liés aux crypto-monnaies. Tout en expliquant le principe et leur fonctionnement, ils précisent qu’une transaction en crypto-monnaies ne nécessite aucunement les informations sur l'identité de détenteur du portefeuille et par conséquent, leur utilisation expose au risque d'échanger avec des personnes inconnues et souvent malveillantes. Pas plus tard que ce 10 août 2021, le plus important vol de cryptomonnaies de l'histoire des devises numériques s'est produit. Il s’agit d’un pirate qui a exploité une faille au sein du protocole Poly Network afin de subtiliser 600 millions de dollars en cryptomonnaies, pour décider ensuite de rendre l'argent détourné quand une firme dédiée à la cybersécurité est parvenu à mettre la main sur son adresse IP. 

Autre facteur de risque, le prix du bitcoin est largement imprévisible. Il peut varier à la hausse comme à la baisse en très peu de temps. Il peut gagner 10% le premier jour, 20% le deuxième et chuter de 30% le troisième jour. Sa valeur est d’ailleurs passée de quelques centimes en 2010 à plus de 46.000 dollars américains l’unité le lundi 9 août dernier.