Economie
Bitcoin, menace ou opportunité ?
18/02/2021 - 17:08
Malak BoukhariLe Maroc a interdit en 2017 les transactions en Bitcoin, cette cybermonnaie qui déchaine les passions. «Les transactions effectuées via les monnaies virtuelles constituent une infraction à la réglementation des changes, passible à des sanctions et amendes prévues par les textes en vigueur», annonçait l’Office des changes, il y a trois ans maintenant. Le message était on ne peut plus clair. Les autorités marocaines se méfient du Bitcoin et ne veulent pas en entendre parler. Une interdiction justifiée, à l'époque, par le fait que ces monnaies ne possèdent «aucune définition juridique, ni aucune signature d’un quelconque État ou institution».
N’étant pas régies par une banque centrale, elles constituent, selon les autorités marocaines «un système occulte permettant de contourner la législation nationale, très rigide quant aux transactions financières avec l’étranger». Aujourd'hui, le Bitcoin est en train de devenir l'or numérique, une valeur refuge pour les investisseurs à travers le monde. Le Maroc s'est-il trop précipité ? Fallait-il attendre ou encore essayer d'encadrer son utilisation ? Pour El Mehdi Fakir, économiste, «le Maroc a fait un choix judicieux en interdisant l’utilisation du Bitcoin». «Nous avons nos propres fondamentaux économiques. Il faut savoir que le Bitcoin est une monnaie structurale et non conventionnelle. En plus d’être un pays émergent, nous avons des réserves en devises qui sont limitées, et nous devrions veiller à préserver l’entretien de celles-ci», explique-t-il.
En peu de temps, le cours de change de cette monnaie virtuelle peut varier fortement à la hausse comme à la baisse, et ce de façon imprévisible. «Nous ne pouvons pas nous permettre de s’engager dans un système soit disant monétaire, qui échappe à tout contrôle. En tout cas pour les sociétés, les structures et les économies évoluées, ils ont toujours des coussins de sécurité par-ci par-là. Nous ne pouvons pas hypothéquer notre système monétaire par rapport à un système qui n’est pas résilient et qui - par-dessus tout - n’assure aucune protection juridique», juge El Mehdi Fakir. Dans beaucoup de pays, «le bitcoin est utilisé comme une bouée de sauvetage pour assurer les marchés, et pour désamorcer de temps en temps des banques qui pourraient éclater d’un moment à l’autre», précise M.Fakir. «Si on prend le cas de l’expérience koweitienne, beaucoup de koweitiens, il y a de cela deux ans ou trois ans ont perdu énormément d’argent à cause du bitcoin», prévient l'expert.
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