Economie
Prix du gasoil: les pêcheurs broient du noir
13/04/2022 - 18:30
Imane Benichou"Le prix du maquereau est passé de 300 dirhams la caisse à 900 dirhams", a tonné Karim Lamrabat, membre de la chambre des pêches maritimes de la Méditerranée. "Nous avons besoin d'une solution pour sauver la main-d'œuvre du secteur de la pêche et maintenir stable le prix du poisson", a-t-il déclaré à SNRTnews, soulignant que des réunions ont été tenues avec la tutelle pour trouver une solution à cette situation.
"Le prix du gasoil a exécuté le secteur de la pêche", a déploré pour sa part Mourad Raisse, armateur à Tanger. "Nous ne parlons plus de profits, mais plutôt de pertes qui touchent toutes les catégories de pêcheurs", a-t-il regretté, notant que le prix du gasoil, déjà détaxé pour le secteur, a augmenté d’environ 50% pour atteindre 11.000 dirhams la tonne alors qu’il était à 7.000 dirhams. "On s’attendait à une subvention du gouvernement", a-t-il poursuivi.
Mustapha Belbhiria, capitaine (Raiss) à Larache fait alors ses comptes. "À quatre jours de navigation, le navire consomme plus de 4 tonnes de gasoil, soit plus de 45.000 dirhams. Supposons que les poissons coûteront 12.000 dirhams le jour, chose qui arrive rarement, les ventes réalisées atteindront les environs de 50.000 dirhams. Ainsi, s’ajoutent la taxe des ventes de 17,5%, soit 8.500 dirhams et d’autres charges, à savoir : l’huile, la nourriture, et l’eau". "Que reste-t-il alors pour le pêcheur ?", se sont-ils tous interrogés. "20 dirhams ?", s’est lamenté Lamrabet. "C’est un métier très difficile. Nous nous réveillons à 2h du matin et passons toute la journée en mer et avec les filets de pêche pour une mince récompense", a ajouté l’armateur Raisse.
"Les dégâts de cette situation sont plus importants pour les pêcheurs des sardines. Ils sont les plus impactés", a fait savoir Raisse, soulignant qu’ils souffrent déjà des attaques agressives des grands dauphins, appelés « negro ». "Les pêcheurs, qui ont dépensé de grandes sommes sur le carburant, retournent avec des filets déchirés et sans sardines. La plupart de ces pêcheurs ont arrêté de pêcher", a-t-il expliqué.
Pour les professionnels, les taxes imposées sur le secteur, notamment la taxe de l'Office national de la pêche (ONP), n’atténuent pas la gravité de cette situation. "Nous sommes taxés sur tous et non pas uniquement sur nos profits. Nous sommes même taxés sur la cuisine des marins et la nourriture que nous payons de nos poches et que nous consommons en mer", a tonné Belbhiria.
Devant ces charges "assez lourdes", les professionnels de la pêche redoutent une immobilisation du secteur. "Nous ne voulons pas sortir en grève, mais nous sommes confrontés à un arrêt forcé de notre activité. Le secteur est immobilisé", a souligné Raisse.
"6 dirhams le litre du gasoil, soit 6.000 dirhams la tonne, c’est ce que nous demandons pour pouvoir continuer à travailler et payer les marins pêcheurs", a fait savoir le membre de la Chambre des pêches maritimes de la Méditerranée, Karim Lamrabet.
Lors de leur réunion avec la secrétaire générale du ministre de la Pêche maritime, les professionnels du secteur avaient émis des recommandations. "Nous avons appelé à la création d'un fonds de garantie qui fixe un plafond du prix du carburant que nous sommes en mesure de payer. Quand le prix augmente, l'État nous soutient et quand les prix du gasoil connaissent une baisse, nous continuerons à payer le même prix, et la différence est placée dans le fonds de garantie", a expliqué à SNRTnews Larbi Mhidi, président de la Confédération nationale de la pêche côtière (CNPC).
La deuxième proposition concerne les taxes, jugées "injustes" par Mhidi, qui explique: "par exemple, la taxe de 4,5% que nous prélève l'ONP pour ses services, alors que l’ONP ne nous rend aucun service". Et de poursuivre: "Surtout avec cette crise que nous vivons, une taxe de 4,5%, cela chiffre. Il ne s’agit pas d’une somme négligeable".
Articles en relations
Economie
Economie
Economie
Economie