Société
SIDA: le Maroc ambitionne d'éradiquer la maladie à l'horizon 2030
02/12/2021 - 12:00
Aïcha DebouzaDans son dernier rapport sur la pandémie, l’Organisation mondiale de santé (OMS) dénombre 37,7 millions de personnes atteintes du sida dans le monde à fin 2020, dont 25,4 millions en Afrique. Une situation alarmante face à laquelle le Maroc ne fait pas l’exception, car le nombre des personnes vivant avec le VIH dans le Royaume s’élève à 22.000, dont 17.465 sous traitement antirétroviral (ARV), selon les derniers chiffres du ministère de la Santé et de la protection sociale.
Célébrée le 1er décembre de chaque année, la Journée mondiale de lutte contre le Sida est commémorée cette année sous le thème "mettre fin aux inégalités, mettre fin au Sida, mettre fin aux épidémies". L'objectif ? Mettre fin à ce virus d’ici 2030 et arrêter surtout les inégalités liées à la stigmatisation et la discrimination auxquelles les personnes vivant avec le VIH font face tous les jours.
Mais d’abord qu’est-ce que le Sida?
Le SIDA est l'abréviation de Syndrome d'immunodéficience acquise. C'est une maladie sexuellement transmissible (MST), causée par un virus appelé VIH ou virus d'immunodéficience humaine. Ce dernier s'attaque au système immunitaire de l'individu, en particulier les lymphocytes T CD4, entraînant une vulnérabilité importante de l'organisme y compris face aux maladies habituellement bénignes et bien contrôlées par les cellules de défense de l'organisme.
Mais avoir été infecté par le VIH ne signifie pas forcément qu’on a le Sida, car c’est le dernier stade de l’infection. On distingue donc l'infection de l'organisme par le VIH. Face à cette infection, le corps produit des anticorps et la personne donc infectée passe du stade séronégatif au stade séropositif. Vient ensuite la phase asymptomatique (2 à 5 ans), durant laquelle le virus continue d’attaquer le système immunitaire, suivi de la phase d’accélération durant laquelle l’immunité continue de s’épuiser peu à peu.
C’est là qu’intervient la phase Sida : les défenses immunitaires sont tellement faibles qu’une ou plusieurs maladies se développent, on parle de "maladies opportunistes". Une personne séropositive est atteinte du Sida quand elle développe une maladie opportuniste. Sans traitement ARV, la personne finit par décéder.
Cap sur la sensibilisation
Le Maroc, comme tous les autres pays du monde, fête ladite journée mondiale. Le ministère de la Santé et de la protection sociale a lancé une campagne nationale de sensibilisation et de dépistage des infections sexuellement transmissibles et sida en milieu universitaire qui s’étend jusqu’au 3 décembre 2021. Cette campagne vise cette année "à accorder davantage d’attention sur la prévention contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et aussi le VIH, notamment en milieu universitaire et dans un contexte marqué par la pandémie de la Covid-19", explique Dr Ibtissam Khoudri, Chef du service des IST sida à la Direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies (DELM) du ministère de la Santé.
Pourquoi vise-t-on particulièrement les jeunes ? Ce choix n’est pas le fruit du hasard, répond la spécialiste. Il s’agit, d’après elle, d’une catégorie d’âge chez qui on peut avoir beaucoup d’infections selon les données enregistrées au niveau national et compte tenu de certains comportements à risque.
"C’est important de faire le point et d’insister sur la sensibilisation par rapport à ces maladies, leur mode de transmission, etc. Mais c’est aussi l’occasion d’apprendre à ceux qui l’ignorent toujours, que les tests de dépistage sont offerts gratuitement par les structures du ministère de la Santé", ajoute Ibtissam Khoudri.
En effet, il existe au Maroc à cette heure, 25 centres publics référents affiliés au ministère de la Santé, notamment les CHU et les centres provinciaux et régionaux de la santé, au sein desquels sont fournis les antirétroviraux pour les malades atteints de Sida. Le nombre annuel des tests VIH réalisés a augmenté de 45.700 en 2010 à plus de 300.000 tests en 2020. Et donc, en plus de 10 ans, les décès imputables au sida ont diminué de 49 %, détaille Dr. Khoudri en se rapportant au dernier rapport du ministère de la Santé, datant de septembre 2021.
Le nombre des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) recevant un traitement ARV a été multiplié par 5, évoluant de 3.205 à 16.527 entre 2011 et 2020, soit une augmentation de la couverture par les ARV de 24% à 75% en 2020 parmi les PVVIH estimés. Il est à noter que le nombre des PVVIH sous ARV a atteint 17.456 en septembre 2021.
Selon le département de Khalid Aït Taleb, les estimations de l’épidémie du VIH en 2020, est de 22.000 personnes qui vivent avec le VIH (adultes et enfants) à fin 2020, dont 17.465 sont sous traitement antirétroviral. Le nombre cumulé des notifiés s’élève à 18.670 en fin juin 2021. Ainsi, la prévalence de ce virus est de 0,08 au Maroc, à fin 2020. Elle est de 0,09% chez les hommes et de 0,07% chez les femmes. Rien que durant l’année écoulée, 730 nouvelles contaminations et 420 décès ont été recensés au Maroc. Ces cas se concentrent principalement dans les régions de Souss-Massa, de Casablanca-Settat et de Marrakech-Safi, avec un pourcentage de 64%.
Un Plan pour éliminer le virus d’ici 2030
Au Maroc, le ministère de la Santé a très tôt averti contre cette maladie mortelle, notamment à travers l’octroi de soutien aux personnes clés et le lancement de campagnes de sensibilisation contre ses dangers. Afin d’accélérer la riposte nationale au Sida, le Maroc a lancé le Plan stratégique national (PSN) 2017-2021, auquel vient s’ajouter l’extension pour la lutte contre le sida jusqu’en 2023. Ce plan constitue le cadre national d’action en matière de lutte contre cette pandémie.
Élaboré dans le cadre du Plan Santé 2025 par le ministère de la Santé, en collaboration avec l’ensemble des partenaires et l’appui de l’Onusida, le PSN d’extension 2023 traduit les engagements du Maroc en matière de réalisation des objectifs de la déclaration politique des Nations Unies sur le VIH/sida de 2016, et des Objectifs du développement durable à l’horizon 2030.
Pareillement, ce dernier a pour objectif de réduire les nouvelles infections à VIH et la mortalité liée au sida de 50% d'ici 2023, de lutter contre la discrimination à l'égard des PVVIH et de renforcer la gouvernance pour assurer l'accélération et la durabilité de la riposte nationale au sida.
"Le Plan vise l’intégration d’un nombre plus important de bénéficiaires afin de réduire les inégalités liées au genre, promouvoir les droits de l’Homme et l’équité dans l’accès aux services VIH, notamment à l’ère du Covid-19 qui a particulièrement attiré l’attention sur les institutions sanitaires", lit-on dans le rapport du ministère de la Santé.
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