Economie
Transfert des MRE: une commission pour expliquer la hausse record
13/10/2021 - 21:45
Lina IbrizLe Gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a déclaré que la banque centrale "étudie les raisons des transferts records des Marocains résidant à l’étranger (MRE), afin de comprendre ce phénomène".
Lors d’un point de presse organisé à l’issue de la troisième session trimestrielle de l’année 2021 du Conseil de BAM tenue ce mercredi, Abdellatif Jouahri, Gouverneur de Bank Al-Maghrib, a annoncé un accroissement record des transferts des MRE au titre de cette année. "Après un accroissement de 4,9% en 2020, les transferts des MRE afficheraient une progression importante de 27,7% en 2021 pour atteindre un record de 87 MMDH, avant de baisser de 5% à 82,7 MMDH en 2022", lit-on dans un communiqué de BAM.
Cette hausse remarquable des transferts des MRE mérite d'être analysée plus en profondeur, précise Jouahri. Il a annoncé, dans ce sens, la création d'une commission ad hoc pour réaliser une étude sur les facteurs derrière cette hausse. Cette étude sera menée en collaboration entre BAM, le ministère de l'Économie et des finances, la Direction générale des impôts (DGI), l’Office des changes et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM).
Le facteur de solidarité
Le Gouverneur de BAM estime que la hausse des transferts des MRE peut être expliquée par le facteur de solidarité, notamment dans un contexte marqué par la pandémie, s’interrogeant ainsi si l’argent transféré émane des épargnes réalisées par les MRE ou s’il s’agit d’investissements dirigés vers le Maroc dans le cadre de la récession économique que connaissent les pays d’accueil.
Cette hypothèse est affirmée par le professeur de Fintech à l’université de Chicago, membre du Panel Dexperts du European Union Blockchain Observatory et fondateur du centre de recherche remesss.org, Íñigo Moré, qui souligne qu’il "existe une combinaison de facteurs qui font que les transferts des MRE ont connu une importante hausse. Les Marocains qui résident à l’étranger sont en train de transférer des quantités importantes d'argent au Maroc. Cela ne peut pas être considéré comme autre chose qu’un transfert de l’épargne de l’immigré. C’est-à-dire que cet immigré possède de l’argent au pays de résidence, mais il préfère que cet argent-là soit au Maroc. Cela est peut-être motivé par un certain calcul, mais aussi en raison des soins qu’il doit à sa famille et tous les motifs de solidarité qui sont la cause principale des transferts".
En effet, les transferts des MRE ont atteint une valeur de 63,73 milliards de dirhams, enregistrant ainsi une hausse sans précédent. Durant les huit premiers mois de 2021, ces transferts ont augmenté de 45,7% par rapport à la même période de l’année dernière.
A cet égard, le chercheur souligne qu’ "alors que toutes les prévisions monétaires s’attendaient à une baisse des transferts des immigrés, on atteste, au contraire, à une hausse. Pendant toute cette période, plusieurs immigrés ont bénéficié d’aides de la part des gouvernements des pays de résidence en plus de leurs épargnes. Et pour des raisons de solidarité, ils ont préféré transférer cet argent pour aider leurs familles durant la pandémie. Ces facteurs de solidarité n’ont pas été inclus dans les modèles macro-économiques sur la base desquels les banques et les autorités analysent les transferts".
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