Art & Culture
Berlinale: Jessica Chastain dans un "Je t'aime moi non plus" entre Mexique et Etats-Unis
16/02/2025 - 08:52
AFP
De l'amour, de la haine, de la violence: avec "Dreams", l'histoire d'une passion contrariée en lice pour l'Ours d'or, le cinéaste Michel Franco et l'actrice Jessica Chastain livrent à Berlin une métaphore sans concession des relations entre le Mexique et les Etats-Unis.
Comme "Mickey 17", la comédie de science-fiction de Bong Joon-Ho qui tourne en ridicule les rêves de conquête spatiale et de transhumanisme d'Elon Musk, ce film, qui s'ouvre par un plan saisissant à l'intérieur d'un camion où s'entassent des migrants pour les Etats-Unis, résonne fortement avec la situation politique depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Connu pour ses oeuvres très sombres et violentes, Michel Franco, ("Despues de Lucia", "Nouvel ordre") fait après Cannes et Venise ses premiers pas en compétition à Berlin avec cette tragédie romantique sur fond de domination et de manipulation.
Jessica Chastain y joue le rôle de Jennifer riche héritière américaine, aux idées progressistes, installée à Los Angeles. Pendant que son père et son frère font des affaires, elle s'occupe d'une fondation philanthropique qui soutient de jeunes danseurs au Mexique.
Lors de ses fréquents séjours au Mexique, elle entretient une relation avec un jeune prodige du ballet, Fernando, interprété par un danseur mexicain star, récemment nommé leader de l'American Ballet Theater, Isaac Hernandez.
Mais lorsque le jeune amant franchit illégalement la frontière pour la rejoindre aux Etats-Unis, surgissant dans son quotidien de Nord-Américaine aisée, leur idylle et leurs vies vont basculer.
Comme son titre l'indique, le film parle de "rêves": celui des migrants mexicains, ceux d'une Américaine qui croit que l'amour peut faire fi des classes sociales et des frontières, et ce "rêve américain", qu'ils croient partager.
"Provocateur"
"Le personnage de Jennifer a deux vies séparées, l'une au Mexique et l'autre aux Etats-Unis. Pour elle, c'est le schéma parfait. Mais quand Fernando arrive, tout s'effondre et ça devient intéressant. Ils s'aiment vraiment, c'est ce qui rend le film tragique", a expliqué Michel Franco en conférence de presse.
Leur relation d'amour-haine est une métaphore de celle qui peut exister entre le Mexique et son voisin du nord: "Nous, Mexicains, depuis que nous sommes enfants nous avons grandi en observant la relation entre les Etats-Unis et le Mexique", a souligné le réalisateur.
"Elle est complexe, on a besoin l'un de l'autre, on se blesse l'un l'autre, on abuse l'un de l'autre, et, pardon de le dire, l'un des deux pays est littéralement au-dessus de l'autre".
Jessica Chastain, qui se livre sans fard dans ce film aux scènes osées pour les standards américains, loue le côté "provocateur" du cinéaste.
"Il ne dit pas où est le bien et où est le mal, il donne à réfléchir et à débattre", a déclaré l'actrice de 47 ans.
"Pendant des années, j'ai plaidé pour des rôles féminins vraiment complexes, parce que pendant des années, spécialement aux Etats-Unis, les personnages féminins venaient juste en renfort (...) C'était mon désir de jouer des personnages qui font des tas d'erreurs. Qu'on les aime ou pas, je m'en fiche, mais je veux que les gens en parlent. Qu'ils soient humains et réels", a-t-elle déclaré.
Avec "Dreams", le cinéaste mexicain de 45 ans et l'actrice américaine de "Zero Dark Thirty" ou "La couleur des sentiments", poursuivent leur collaboration. Le tournage s'est enchaîné avec celui de leur précédent film, "Memory", avec Peter Sarsgaard.
Au-delà de son rôle, Jessica Chastain est aussi co-productrice du film, en lice pour l'Ours d'or.
"Aujourd'hui, je pense avoir de l'influence sur les histoires que je choisis de raconter", a-t-elle expliqué. "Je ne pense plus avoir besoin de plaire à quiconque. Je préfère ne pas plaire, parce que c'est plus excitant et plus intéressant. Clairement, je suis plus rebelle qu'à mes débuts !".

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